César Cascabel/Première partie/Chapitre V

Hetzel et Cie (p. 53-64).

V

en route !


Oui ! en route pour l’Europe, mais, cette fois, en suivant un itinéraire peu adopté généralement et qu’il ne faut point recommander aux voyageurs s’ils sont pressés.

« Et, cependant, nous le sommes, se disait M. Cascabel, surtout pressés d’argent ! »

Le départ s’effectua dans la matinée du 2 mars. Dès l’aube, Vermout et Gladiator furent attelés à la Belle-Roulotte. Mme Cascabel y prit place avec Napoléone, laissant son mari et ses deux garçons aller à pied, tandis que Clou tiendrait les guides. Quant à John Bull, il s’était perché sur la galerie, et les deux chiens étaient déjà en avant.

Il faisait beau. Le renouveau gonflait de sève les premiers bourgeons des arbustes. Le printemps préludait à toutes ces magnificences qu’il déploie à profusion au milieu des horizons californiens. Les oiseaux chantaient sous la verdure des arbres à feuilles persistantes, les chênes-verts, les chênes-blancs, les pins, dont la svelte tige se balançait au-dessus des corbeilles de bruyères. Çà et là se groupaient des marronniers de petite taille, et quelques échantillons de ces pommiers, dont la pomme, sous le nom de mazanille, sert à la fabrication du cidre indien.

Tout en contrôlant sur sa carte l’itinéraire convenu, Jean n’oubliait pas qu’il était plus particulièrement chargé d’approvisionner l’office de venaison fraîche. D’ailleurs, Marengo ne lui eût pas laissé oublier. Bon chasseur et bon chien sont faits pour s’entendre. Jamais ils ne se comprennent mieux que là où le gibier abonde, et c’était bien le cas. Il était rare que Mme Cascabel n’eût pas à accommoder un lièvre, une perdrix huppée, un coq de bruyère ou quelque couple de ces cailles de montagnes, aux élégantes aigrettes, dont la chair parfumée constitue un manger excellent. En remontant jusqu’au détroit de Behring, si la chasse continuait à être aussi productive à travers les plaines de l’Alaska, la famille n’aurait pas grande dépense à faire pour assurer sa nourriture de chaque jour. Peut-être au-delà, sur le continent asiatique, serait-elle moins chanceuse ? Mais on aviserait, lorsque la Belle-Roulotte serait engagée dans les interminables steppes du pays des Tchouktchis.

Aussi, tout marchait à souhait, M. Cascabel n’était pas homme à négliger les circonstances favorables de temps et de température dont on jouissait alors. On allait aussi vite que le permettait l’attelage, en profitant des routes que les pluies estivales rendraient impraticables quelques mois plus tard. Cela faisait une moyenne de sept à huit lieues par vingt-quatre heures, avec une halte à midi pour le repas et le repos, et une halte à six heures du soir pour le campement de nuit. La contrée n’était pas déserte, comme on pourrait le croire. Les travaux des champs y rappelaient déjà les cultivateurs, auxquels ce sol, riche et généreux, procure une aisance qui serait enviée en n’importe quelle autre partie du monde. En outre, fréquemment, on rencontrait des fermes, des hameaux, des villages, des bourgades, des villes même, surtout lorsque la Belle-Roulotte suivit la rive gauche du Sacramento, à travers cette région qui fut le pays de l’or par excellence et auquel est resté ce nom significatif de l’Eldorado.

La famille, conformément au programme de son chef, donnait quelques représentations, partout où l’occasion s’offrait d’utiliser ses talents. Elle n’était pas encore connue en cette portion de la Californie, et n’y a-t-il pas partout de braves gens qui ne demandent qu’à s’amuser ? À Placerville, à Aubury, à Marysville, à Tchama et autres cités plus ou moins importantes, un peu blasées sur l’ « éternel » Cirque Américain qui les visite de temps à autre, les Cascabel recueillirent autant de bravos que de cents, dont le total se chiffra par quelques douzaines de dollars. La grâce et la hardiesse de Mlle Napoléone, l’extraordinaire souplesse de M. Sandre, l’adresse merveilleuse de M. Jean dans ses exercices de jongleur, les ahurissements et niaiseries de Clou-de-Girofle, furent appréciés comme ils le méritaient par les connaisseurs. Jusqu’aux deux chiens, qui firent merveille en compagnie de John Bull. Quant à M. et Mme Cascabel, ils se montrèrent dignes de leur renommée, l’un dans le travail de force, l’autre dans les luttes à mains plates, où elle terrassa les amateurs qui voulurent bien se présenter.

À la date du 12 mars, la Belle-Roulotte était arrivée à la petite ville de Shasta, que la montagne de ce nom domine à quatorze mille pieds d’altitude. Vers l’ouest se profilait confusément le massif des Coast-Ranges que, par grand bonheur, il ne serait pas nécessaire de franchir pour atteindre la frontière de l’Orégon. Mais le pays était très accidenté ; il fallait circuler entre les capricieuses ramifications que la montagne projetait vers l’est, et, sur ces routes à peine tracées, que l’on choisissait d’après les indications de la carte, la voiture ne marchait pas très vite. De plus, les villages devenaient rares. Assurément, mieux eût valu cheminer à travers les territoires du littoral, moins semés d’obstacles naturels ; mais cela n’aurait pu être fait qu’à la condition de se porter au-delà des Coast-Ranges, dont les passes sont pour ainsi dire impraticables. Il parut donc plus sage de remonter vers le nord, afin de n’en contourner les derniers versants que sur la limite de l’Orégon.

Tel fut le conseil donné par Jean, le géographe de la troupe, et on jugea bon de s’y conformer.

Le 19 mars, quand on eut dépassé le fort Jones, la Belle-Roulotte s’arrêta devant la bourgade d’Yreka. Là, bon accueil qui permit d’encaisser quelques dollars. C’était le premier début d’une troupe française en ce pays. Que voulez-vous ? Dans ces contrées lointaines de l’Amérique, on les aime, ces enfants de la France ! Ils y sont toujours reçus à bras ouverts, et mieux, à coup sûr, qu’ils ne le seraient chez quelques-uns de leurs voisins d’Europe !

En cette bourgade, on trouva à louer, pour un prix modéré, quelques chevaux qui vinrent en aide à Vermout et à Gladiator. La Belle-Roulotte put ainsi franchir la chaîne au pied de sa pointe septentrionale, et, cette fois, sans avoir été pillée par les conducteurs.

« Parbleu ! fit observer M. Cascabel, ils n’étaient point anglais, que je sache ! »

Si ce voyage ne fut pas exempt de difficultés ni de quelques retards, on s’en tira sans accidents, grâce aux mesures de prudence qui furent prises.

Enfin, le 27 mars, après un déplacement d’environ quatre cents kilomètres depuis la Sierra Nevada, la Belle-Roulotte franchit la frontière du territoire de l’Orégon. La plaine était bordée à l’est par le mont Pitt, qui se dresse comme un style à la surface d’un cadran solaire.

Bêtes et gens avaient rudement travaillé. On dut prendre un peu de repos à Jacksonville. Puis, la rivière de Roques une fois traversée, le cheminement se fit en côtoyant les méandres d’un littoral qui s’allongeait à perte de vue vers le nord.

Pays riche, mais encore montueux, et très propice à l’agriculture. Partout, des prairies et des bois. En somme, la continuation de la région californienne. Çà et là, des bandes de ces Indiens Sastès ou Umpaquas, qui parcourent la campagne. Il n’y avait rien à craindre de leur part.

Ce fut alors que Jean, qui lisait assidûment les livres de voyage de la petite bibliothèque — car il se promettait bien de mettre ses lectures à profit — trouva à propos de faire une recommandation, dont il parut opportun de tenir compte.

On était à quelques lieues dans le nord de Jacksonville, au milieu d’une contrée couverte de vastes forêts, que défend le fort Lane, bâti sur une colline à deux mille pieds de hauteur.

« Il faudra faire attention, dit Jean, car les serpents pullulent dans le pays.

— Des serpents ! s’écria Napoléone, en poussant un cri d’effroi, des serpents !… Allons-nous-en, père !

— Du calme, enfant ! répondit M. Cascabel. Nous en serons quittes pour prendre quelques précautions.

— Est-ce que ces vilaines bêtes-là sont dangereuses ? demanda Cornélia.

— Très dangereuses, mère, répondit Jean. Ce sont des crotales, des serpents à sonnette, les plus venimeux de tous. Si vous les évitez, ils ne vous attaquent pas ; mais si vous les touchez, si vous les heurtez par mégarde, ils se redressent, s’élancent, mordent, et leurs morsures sont presque toujours mortelles.

— Et où se tiennent-ils ? demanda Sandre.

— Sous les feuilles sèches, où il n’est pas aisé de les
La rivière de Roques une fois traversée… (Page 57.)

apercevoir, répondit Jean. Cependant, comme ils font entendre un bruit de crécelles, en agitant les anneaux de leur queue, on a le temps de les éviter.

— Eh bien ! dit M. Cascabel, attention à nos pieds, et ouvrons l’oreille ! »

Jean avait raison de signaler ce fait, les serpents étant très répandus dans les districts de l’Ouest-Amérique. Et non seulement
Jean et Sandre se livraient au plaisir de la pêche. (Page 61.)

les crotales y abondent, mais aussi les tarentules, celles-ci presque aussi dangereuses que ceux-là.

Inutile d’ajouter que l’on fit grande attention et que chacun prit garde à ses pas. En outre, il y avait à veiller sur les chevaux et autres animaux de la troupe, non moins exposés que leurs maîtres aux attaques des insectes et des reptiles.

D’ailleurs, Jean avait cru devoir ajouter que ces maudits serpents et tarentules ont la déplorable habitude de s’introduire dans les maisons, et, sans doute, ils ne respectent pas davantage les voitures. On pouvait donc craindre que la Belle-Roulotte ne reçût leur désagréable visite.

C’est pourquoi, le soir venu, avec quel soin on cherchait sous les lits, sous les meubles, dans les coins et recoins ! Napoléone jetait des cris aigus, lorsqu’elle s’imaginait apercevoir une de ces vilaines bêtes ; elle prenait pour un crotale quelque bout de corde roulée qui, cependant, ne présentait pas une tête triangulaire. Et les terreurs qu’elle éprouvait, quand, à demi endormie, elle croyait entendre un bruit de crécelle au fond du compartiment ! Il faut dire que Cornélia n’était guère plus rassurée que sa fille.

« Au diable ! s’écria un jour son mari impatienté, au diable, et les serpents qui font peur aux femmes, et les femmes qui ont peur des serpents ! Notre mère Ève était plus brave et causait même volontiers avec eux !

— Oh !… c’était dans le Paradis ! répondit la petite fille.

— Et ce n’est pas ce qu’elle a fait de mieux !… » ajouta Mme Cascabel.

Aussi Clou avait-il à s’occuper pendant les haltes de nuit. Tout d’abord, il avait eu l’idée d’allumer de grands feux pour lesquels la forêt fournissait le combustible nécessaire ; mais Jean lui fit observer que si la lueur du foyer pouvait écarter les serpents, elle risquait d’attirer les tarentules.

Bref, la famille ne se sentait vraiment tranquille que dans les quelques villages où la Belle-Roulotte passait la nuit ; là, le danger était infiniment moindre.

Du reste, les bourgades n’étaient point éloignées les unes des autres, telles : Canyonville sur le Cow-creek, Roseburg, Rochester, Yoncalla, où M. Cascabel empocha encore quelques recettes. En fin de compte, comme il gagnait plus qu’il ne dépensait, la prairie lui procurant l’herbe pour ses chevaux, la forêt le gibier pour son office, les rios d’excellents poissons pour sa table, le voyage ne coûtait rien. Et le petit pécule s’accroissait. Mais, hélas ! qu’on était loin des deux mille dollars, volés dans les passes de la Sierra Nevada !

Cependant, si la petite troupe échappa finalement aux morsures des crotales et des tarentules, ce fut pour être tourmentée d’une autre façon. Cela arriva quelques jours plus tard, tant la généreuse nature a imaginé de moyens divers pour faire damner les pauvres mortels en ce bas monde !

Le véhicule, remontant toujours à travers les territoires de l’Orégon, venait de dépasser Eugène-City. Ce nom avait fait grand plaisir, car il indiquait bien son origine française. M. Cascabel aurait voulu connaître ce compatriote, cet Eugène, qui était sans doute un des fondateurs de ladite bourgade. Ce devait être un brave homme, et, si son nom ne figure pas parmi les noms modernes des rois de France, les Charles, les Louis, les François, les Henri, les Philippe… et les Napoléon, il n’en est pas moins français et bien français.

Après avoir fait halte dans les villes d’Harrisburg, d’Albany, de Jefferson, la Belle-Roulotte « jeta l’ancre » devant Salem, cité assez importante, la capitale de l’Orégon, bâtie sur une des rives de la Villamette.

On était au 3 avril.

Là, M. Cascabel donna vingt-quatre heures de repos à son personnel — du moins en tant que voyageurs, car la place publique de la bourgade servit de théâtre aux artistes, et une belle recette les dédommagea de leurs fatigues.

Entre-temps, Jean et Sandre, ayant appris que la rivière passait pour fort poissonneuse, étaient allés se livrer au plaisir de la pêche.

Mais, la nuit suivante, voilà que père, mère, enfants, éprouvèrent de telles démangeaisons sur tout le corps, qu’ils se demandèrent s’ils n’étaient pas victimes de quelque farce, comme il s’en fait encore dans les noces de village.

Et, quelle fut leur surprise, le lendemain, lorsqu’ils s’entre-regardèrent !…

« Je suis rouge comme une Indienne du Far-West ! s’écria Cornélia.

— Et moi, je suis gonflée comme une baudruche ! s’écria Napoléone.

— Et moi, je suis couvert de boutons de la tête aux pieds ! s’écria Clou-de-Girofle.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? ajouta M. Cascabel. Est-ce que la peste est dans le pays ?…

— Je crois savoir ce que c’est, répondit Jean, en examinant ses bras zébrés de taches rougeâtres.

— Et qu’est-ce donc ?…

— Nous avons pris la yèdre, comme disent les Américains.

— Que le diable emporte ta yèdre ! Voyons ! Nous diras-tu ce que signifie ?…

— La yèdre, père, c’est une plante qu’il suffit de sentir, de toucher, même de regarder, paraît-il, pour en subir tous les désagréments. Elle vous empoisonne à distance…

— Comment… nous sommes empoisonnés, répliqua Mme Cascabel, empoisonnés !…

— Oh ! ne crains rien, mère, se hâta de répondre Jean. Nous en serons quittes pour quelques démangeaisons et peut-être un peu de fièvre. »

L’explication était juste. Cette yèdre est une plante malsaine, extrêmement vénéneuse. Lorsque le vent est chargé de la semence presque impalpable de cet arbuste, si la peau en est seulement effleurée, elle rougit, se couvre de boutons, se marbre d’efflorescences. Sans doute, pendant que la voiture traversait les bois aux approches de Salem, M. Cascabel et les siens avaient été saisis au passage par un courant de yèdre. En somme, l’éruption, dont ils eurent tous à souffrir, ne dura que vingt-quatre heures, pendant lesquelles, il est vrai, chacun fut obligé de se gratter et de se regratter, à rendre jaloux John Bull, qui s’adonnait sans relâche à cette opération essentiellement simiesque.

Le 5 avril, la Belle-Roulotte quitta Salem, emportant avec elle un cuisant souvenir des heures passées dans les forêts de la Villamette, — un joli nom de rivière, pourtant, et qui sonnait bien à des oreilles françaises.

À la date du 7 avril, par Fairfield, par Canemah, par Orégon-City, par Portland, déjà des villes importantes, la famille atteignit sans autre accident les rives de la Colombia, sur la limite de cet État d’Orégon, qui avait été franchi sur un espace de cent quinze lieues.

Vers le nord s’étendait le Territoire de Washington. Il est montagneux dans la partie située à l’orient de l’itinéraire que suivait la Belle-Roulotte pour gagner le détroit de Behring. Là se développent les ramifications de la chaîne connue sous la dénomination de Cascade-Ranges, avec des sommets tels que celui de Saint-Hélène, haut de neuf mille sept cents pieds, ceux du mont Baker et du mont Rainier, hauts de onze mille pieds. Il semble que la nature, s’étant dépensée en longues plaines depuis le littoral de l’Atlantique, ait gardé toute sa puissance de soulèvement pour dresser des montagnes qui hérissent l’ouest du nouveau continent. À supposer que ces territoires soient une mer, on pourrait dire que cette mer, tranquille, unie, comme endormie d’un côté, est tourmentée, tumultueuse de l’autre, et que ses crêtes de lames sont des crêtes de montagnes.

Ce fut Jean qui fit cette observation, et la comparaison plut beaucoup à son père.

« C’est cela, c’est bien cela ! répondit-il. Après le beau temps, la tempête ! Bah ! notre Belle-Roulotte est solide ! Elle ne fera pas naufrage ! Embarque, enfants, embarque ! »

Et l’on embarqua, et le navire continua de « naviguer » sur cette contrée houleuse. À la vérité — pour continuer la comparaison — la mer commençait à se calmer, et, grâce aux efforts de l’équipage, l’arche des Cascabel se tira des plus mauvaises passes. Si, parfois, elle fut obligée de modérer sa vitesse, du moins put-elle éviter les écueils.

Puis, toujours bonne et sympathique réception dans les bourgades, à Kalmera, à Monticello, et aussi dans les forts qui ne sont à bien prendre que des stations militaires. Là, point de murailles, à peine des palissades ; toutefois les petites garnisons que renferment ces postes suffisent à contenir les Indiens nomades que leurs pérégrinations jettent à travers le pays.

Aussi la Belle-Roulotte ne fut-elle menacée ni par les Chinoux ni par les Nesquallys, quand elle s’aventura à travers le pays de Walla-Walla. Le soir venu, alors que ces Indiens entouraient le campement, ils ne montraient aucune intention malveillante. Ce qui provoquait chez eux la plus vive surprise, c’était John Bull, dont les grimaces excitaient leur hilarité. Jamais ils n’avaient vu de singes, et, sans doute, ils prenaient celui-ci pour un des membres de la famille.

« Eh oui !… C’est mon petit frère ! » leur disait Sandre, ce qui provoquait les protestations indignées de Mme Cascabel.

Enfin on atteignit Olympia, capitale du Territoire de Washington, et là fut donnée « à la demande générale » la dernière représentation de la troupe française aux États-Unis. Non loin se développait l’extrême frontière de la Confédération dans le nord-ouest de l’Amérique.

À présent, l’itinéraire allait longer la côte du Pacifique, ou plutôt ces nombreux « sounds », ces capricieux et multiples détroits du littoral, qui sont abrités par les grandes îles de Vancouver et de la Reine-Charlotte.

En passant par la bourgade de Steklakoom, il fallut contourner les Puget-sounds, afin de gagner le fort de Bellingham, situé près du détroit qui sépare les îles de la terre ferme.

Puis ce fut la station de Whatcome, avec le mont Baker qui pointait à travers les nuages de l’horizon, et celle de Srimiahmoo, à l’entrée de Georgia-Strait.

Enfin, le 27 avril, après avoir fait environ trois cent cinquante lieues depuis Sacramento, la Belle-Roulotte arriva sur cette frontière, adoptée par le traité de 1847, et qui forme actuellement la limite de la Colombie anglaise.