« L’Espion libertin ou le Calendrier du plaisir/07 » : différence entre les versions

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Avis aux Jeunes Gens

L’Espion libertin, Bandeau de début de chapitre
L’Espion libertin, Bandeau de début de chapitre

AVIS AUX JEUNES GENS

CONTRE LA SÉDUCTION

des filles de joie.


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Du messager des dieux, je veux chanter la gloire ;
Onze fois, sur mon sang, il gagna la victoire ;
Onze fois, dans ma veine, il passa triomphant.
Il a pu l’épurer ; mais c’est en frémissant
Que j’ose attendre encor sa douzième visite :
Malgré moi, cher Mercure, je redoute sa suite.


Air : Tout comme a fait ma mère[ws 1].

Encore au printemps de mon âge,
Je foutais ainsi qu’un dragon ;
Le con qui prit mon pucelage,
Me repassa chancre et bubon,
Poulain et phimosis ;
De là mon pauvre vit
Pleura de ses enfantillages,
Et mes couillons,
Dans les chaudrons,
Promirent d’être sages.


Vous qui voulez courir la pénible carrière
D’exploiter, chaque jour, fille, femme ou douairière,
Avant d’entrer en lice, apprenez ces leçons,
Sans quoi, gare à vos vits, ainsi qu’à vos couillons.


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Air : De la Carmagnole[ws 2].

Quand on fout à tort à travers, (bis)
La pine est sujette aux revers, (bis)
Mais si vous m’en croyez,

Vos vits, sont préservés
Des réchauds, casseroles,
Et puis du son (bis) du chaudron.


Fuyez, premièrement, la perfide coquette
Qui, pendant six grands mois, vous tient à sa toilette
Sans vouloir, soit défaut, accorder un baiser ;
Mais qui, dix fois par jour, se laisse caresser
Par tel ou tel nigaud, de qui la bourse ouverte
Fournit à ses plaisirs, sans douter de sa perte.
Telle femme a toujours un magasin certain
De vérole complète à prendre à baise-main.


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Air : Vous qui fûtes de tous les temps
Les pères de notre patrie.

Si vous voulez vous amuser
À foutimasser la coquette
Qui voulut vous faire filer
Parfait amour à sa toilette ;
Retenez bien cette leçon :
N’ayez jamais la bourse ouverte,

Privez votre vit de son con,
Ou vous courez à votre perte.


Surtout, n’écoutez pas la bizarre dévote
Qui, pour l’amour de Dieu, laisse lever sa cotte.
Des bénins d’autrefois, moines et capucins,
Se vautraient saintement sur de telles putains :
On ne les approchait qu’en récitant la Bible ;
Tout, pour un séculier, devenait impossible.
Si, de telles catins, déployant votre ardeur,
Vous eussiez osé traiter en suborneur,
L’amant, le saint abbé, pour Dieu, sans nul égard,
Vous aurait, s’il eût pu traité comme Abailard ;
Chaque instant repassant son infernal grimoire,
Sur vous, sur votre race eut lancé monitoire ;
Et pour mieux assouvir sa haine et son courroux,
Il vous aurait damné ; tout au moins rendu fou.
Soyez donc sage, enfin, et renvoyez aux diables,
Ces cons que tant de mains ont rendus effroyables.


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Air : De Figaro.

Pour le con d’une dévote,
Ne faites jamais un pas ;

Sa fouterie est si sotte
Que vous ne déchargez pas.
Les plaisirs de la bigote,
Sont quand l’envoyé des cieux
La fout pour l’amour de Dieu, (bis)


Ne vous arrêtez pas à l’adroite hypocrite
Qui, masquée en tout temps, vous trompe et vous évite,
Par de trop beaux discours, vous amène au chemin
Du malheur et des maux qu’elle cache à dessein.
Jamais son œil trompeur ne vous regarde en face ;
Lui parlez-vous d’amour, elle fait la grimace :
Mais, tout en refusant vos propositions,
Son cœur accordera sans faire de façons.
Sous ce masque trompeur, toute femme est à craindre
Heureux qui l’a foutue et n’a pas à s’en plaindre.
Plus on apportera d’obstacles au désir,
Plus vous serez gâtés en quittant le plaisir.
Je crains femmes surtout qui servent la coulisse ;
C’est la grange, toujours, où gît la chaude-pisse.
Le fait m’est arrivé, j’en parle savamment
Et ne veux, à jamais, toucher tel instrument.


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Air : De Pauline.

Méfiez-vous de l’hypocrite,
Ou faites bronzer votre vit ;
D’un air doux, elle vous invite,
Sans trop s’écarter de son lit.
Feignant de faire la grimace
À quelques propositions,
Son con est celui d’une garce
Qui gâtera vos deux couillons.


Aimeriez-vous aussi les nombreuses séquelles
De ces nombreux minois qui se disent pucelles ;
Qui, pour un seul ruban, une bague, un bonnet,
Vous happent comme un rat à leur beau trébuchet ?
L’amant le plus donnant est le plus estimable ;
S’il oublie au matin, le soir on vous l’accable
De propos insultants, de gestes et de pleurs :
C’est toujours le moyen d’arracher des douceurs.
Près de votre héroïne expirante, éplorée,
Vous jurez à genoux qu’elle est seule adorée :
Tout bas, l’on vous écoute, et sans promettre rien,
On répond tristement : « Vous êtes inhumain ;
Vous portez votre encens devant quelque autre belle ;
Les hommes ont toujours le cœur faux, infidèle :

Ah ! si je le savais… je n’y survivrais pas ! »
À ces mots, je vous vois voler entre ses bras,
À quatre pas de là, l’innocence s’envole ;
Vous profitez du temps, et gagnez la vérole.
C’est que si l’on s’expose à cueillir une fleur ;
De l’épine cachée on ressent la douleur :
Car qui se dit pucelle, au bon siècle ou nous sommes,
Ne le dit, croyez-moi, que pour tromper les hommes.
Pour votre sûreté, j’esquisse ce tableau ;
Ne vous y trompez pas, ne voyez rien en beau.
Si vous voulez tâter de semblables commères,
Parcourez, jusqu’au fond, autels et sanctuaires ;
Jusqu’au linge entourant, osez portez les yeux ;
Si vous dissimulez : perte au membre nerveux.


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Air : Allons donc dame française.

Quand vous la croyez pucelle,
Elle a foutu plus d’un coup ;
Semblable à la tourterelle,
Le premier pigeon la fout.
Ainsi, du con de la belle,

Ne devenez jamais fou,
Quand vous la croyez pucelle,
Elle a foutu plus d’un coup.


Enfin, il faut pourtant que la nature agisse ;
On peut fêter un con, sans gagner chaude-pisse,
On peut… Mais rarement on en trouve de sain,
Sans suppuration, sans chancre ou sans poulain.
C’est là qu’il faut fixer sagement sa retraite :
Plus les morceaux sont purs, et plus l’œuvre est
Vous le découvririez, ce serait par hasard ; parfaite.
Parfois, par surprise, par instinct, par regard.
Femme qui veut aimer n’apprête pas sa mine ;
Son cœur neuf est brûlant, et sa flamme est badine ;
Elle dit simplement : « Oui, je veux bien aimer,
Mais un ami fidèle ; et qui peut me blâmer
Si mon cœur a besoin de partager sa flamme ?
Je veux que mon amant en nourrisse son âme ;
Qu’il soit tendre ; constant ; surtout sincère et doux ;
Qu’il aime son amie et ne soit point jaloux.
À ce prix, je me rends et subirai, sans peine,
Ce joug qui de l’amour est l’ouvrage et la chaîne. »
Voilà, ribauds, fouteurs, le plus sûr du chemin,
Pour exister longtemps, sans nitre ou médecin.

Air : De Raoul, ou de Tom Jones[ws 3].

Mon plaisir, mon souverain bien,
Je le trouve dans la nature,
Et sans ce pain quotidien,
Mon vit ferait triste figure.
Je ne veux plus de ces catins
De qui la conasse suppure
Parce que, sans les médecins
Las ! elle serait pourriture, (bis)


Toi, Mercure, en ce jour, héros de mon ouvrage.
Je t’entends me blâmer ; je veux devenir sage :
Trop souvent tes secours m’ont rendu malheureux :
Plus de ligue avec toi, je m’en porterai mieux.
Que le poète encor chante ton éloquence ;
Que toujours il t’emploie avec crainte et prudence.
L’un vante tes talents et l’autre tes bienfaits :
Je désire, pour moi, ne te voir désormais,
Qu’une minute ou deux, avant ma dernière heure ;
Tu viendras m’annoncer le lieu de ma demeure ;
Je ne crains pas la mort : je verrai le trépas,
Sans pitié, me frapper, et ne frémirai pas ;
Seulement je dirai quoiqu’on dise et qu’on voie :
« Rien n’est plus triste, au fond, qu’une fille de joie. »


L’espion libertin séparateur de paragraphe
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L’espion libertin séparateur de chapitre.
L’espion libertin séparateur de chapitre.

MALGRÉ LA HAINE QUE NOUS DEVONS AVOIR POUR
UN SEXE AUSSI DÉRÉGLÉ, L’ON PEUT ENCORE
VOUS CHANTER.

L’espion libertin séparateur de paragraphe
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Air : Femmes voulez-vous éprouver[ws 4].

Amants voulez-vous être heureux ?
À vos belles, voulez-vous plaire ?
Jetez un bandeau sur vos yeux,
Et, bien ou mal, laissez-les faire.
Surtout ne vous emportez pas,
Si quelquefois, par aventure,
Un ami passait dans leurs bras :
N’en accusez que la nature. (bis)


FIN.