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point un objet de convention, comme le disent de futiles métaphysiciens que cette seule proposition pétrifiera.

Quand je ne ferais que contre-poids à la race des étouffeurs, j’aurais bien mérité, je crois, de ceux qui s’intéressent à la gloire des lettres. Elle dépend d’une sorte de hardiesse généreuse. Les altérations successives que subissent les termes, ne sont rien quand les mots forts et vigoureux reviennent reprendre leur empire. Le mot radical est le père et le souverain qui commande en maître, car c’est lui qui a donné une existence réelle et physique aux êtres intellectuels, abstraits et moraux ; quelle ne sera pas sou autorité quant aux objets physiques !

Ainsi, avec le simple mot, sans syntaxe et sans grammaire, vous aurez sous les yeux un tableau raccourci et fidèle de toutes les images de la nature, vous en ferez vous-même la liaison, vous en ferez la réunion, vous inventerez vous-même le style ; vous serez grammairien, sans le savoir. La Néologie s’attache au sens absolu, à la forme radicale des mots, parce que les mots font la matière première des syntaxes. Rudes et sauvages, ils dominent la grammaire, car