« Souffle des révolutions (Le) » : différence entre les versions

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{{Titre|Le Souffle des révolutions|[[Auteur:Armand Silvestre|Armand Silvestre]]|(Histoires belles et honnestes)<br/><br />1883}}
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<div style="text-align:center;"> I</div>
 
Le nom du faubourg Saint-Cyprien, à Toulouse, est surtout connu par la terrible légende des dernières inondations. Légende ? Non. Mais histoire. On montre encore les murs de l’hospice submergé la marque rouge des étiages atteints par le fleuve révolté. Mais on oublie vite dans les pays où le soleil verse son Léthé éternel de joie et de lumière. Aux masures effondrées ont fait place de belles maisons aux balcons fleuris, et ce cataclysme effroyable semble avoir passé, comme un baptême, sur le fond quartier embelli, ou comme ces inondations fécondes du Nil qui laissent la richesse au fond de leurs ravages apparents. La population ouvrière a grandi, et c’est miracle de voir, aux heures où les ateliers se rouvrent ou se ferment, les belles filles au type latin, brunes avec des yeux profonds et noirs, prendre, pieds nus, une chanson ou une rose aux lèvres, le chemin des manufactures dont les cloches en branle jettent leur appel dans le crépuscule. A côté de cet élément prolétaire, le plus dense et le plus bruyant, Saint-Cyprien possède un monde de petits rentiers qui y font une demi-villégiature dans des cottages minuscules aux jardins soigneusement cultivés. Ces bonnes gens, qui ne se hasardent jamais jusqu’au carrefour pittoresque où la Reine des Bohémiens aux cheveux crépus règne encore sur un peuple déguenillé d’étameurs et de coupeurs de chats, affectionnent la belle promenade ombreuse qui borde la Garonne et au pied de laquelle, presque au niveau des eaux, dans une plaine toujours rase tondue, des pelotons de cavalerie manœuvrent à la plus grande joie des badauds et des petits polissons. C’est à cette société paisible qu’appartenaient, ou mieux qu’appartiennent encore, M. Peyrolade, ancien huissier, sa femme Pauline et son chien Protêt, ainsi nommé par le pieux souvenir que ce vieil officier ministériel avait voué à sa maudite profession. Ai-je besoin d’ajouter que M. Peyrolade n’était plus joli, que sa femme Pauline ne l’était pas devenue, ne l’ayant jamais été, et que son chien Protêt était la plus hideuse bête du monde, éclatant de graisse et chauve des pattes au museau.
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Mais cette explication si simple et si parfaitement conforme aux lois saintes de la physique est absolument repoussée par les époux Peyrolade. Pour eux le doute n’est pas permis. Ce sont les enfants qui ont poursuivi Protêt, qui lui ont mis une pastille de dynamite sous la queue, et « le souffle des révolutions » est encore responsable de sa fin déplorable. Cette version est généralement acceptée par leurs voisins. Il est convenu et avéré maintenant, de ce côté-là de la Garonne, que les gosses des anarchistes s’amusent à faire sauter les chiens des conservateurs. Aussi, pourriez-vous remarquer, si vous étiez ici depuis quelques jours, que les petits propriétaires du faubourg Saint-Cyprien ne sortent plus sur la promenade qu’avec leurs chiens dans leurs bras.
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