« Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, 1854.djvu/232 » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
En-tête (noinclude) : | En-tête (noinclude) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{nr||SIMON.|19|b=<hr/>}} |
|||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
<nowiki/> |
|||
SIMON. |
|||
— Ma conscience, répondit Fiamma sans hésiter, m’ordonne de rester ici, et de vous offrir ce fauteuil comme une marque de respect qui vous est due. » |
|||
49 I |
|||
Jeanne Féline s’attendait si peu à cette réponse, qu’elle resta stupéfaite. |
|||
Ma conscience, répondit Fiamma sans hésiter, |
|||
m’ordonne de rester ici, et de vous offrir ce fauteuil |
|||
comme une marque de respect qui vous est due. » |
|||
Jeanne Féline s’attendait si peu à cette réponse, qu’elle |
|||
resta stii|>éfaite. |
|||
Mademoiselle de Fougères n’était pas une personne que l’on pût accuser, comme son père, de courtiser la popularité. On lui reprochait le défaut contraire, et Jeanne n’avait pas compris pourquoi elle était restée mêlée à la foule depuis le commencement de la cérémonie. Enfin son visage s’adoucit ; et, résistant à Fiamma qui voulait la conduire au fauleuil, elle lui dit : |
|||
Mademoiselle de Fougères n’était pas une personne |
|||
que l’on pût accuser, comme son père, de courtiser la |
|||
popularité. On lui reprochait le défaut contraire, et |
|||
Jeanne n’avait pas compris pourquoi elle était restée |
|||
mêlée à la foule depuis le commencement de la cérémonie. |
|||
Enfin son visage s’adoucit et, résistant à Fiamma qui |
|||
voulait la conduire au fauleuil, elle lui dit : |
|||
« Non pas moi : il me siérait mal de prendre une place d’honneur devant Dieu qui connaît le fond du cœur et ses misères. Mais voyez ! la doyenne du village, celle qui a vu quatre générations, et qui d’ordinaire a une chaise, est ici par terre. On l’a oubliée à cause de vous aujourd’hui. » |
|||
« Non pas moi il me siérait mal de prendre une place |
|||
d’hon neur devant Dieu qui connaît le fond du cœur et ses |
|||
misères. Mais voyez l la doyenne du village, celle qui a |
|||
vu quatre générations, et qui d’ordinaire a une chaise, |
|||
est ici par terre. On l’a oubliée à cause de vous aujourd’hui. |
|||
» |
|||
Mademoiselle de Fougères suivit la direction du geste de Jeanne, et vit une femme centenaire à laquelle de jeunes filles avaient fait une sorte de coussin avec leurs capes de futaine. Elle s’approcha d’elle, et, avec l’aide de madame Féline, elle l’aida à se relever et à s’installer sur le fauteuil. La doyenne se laissa faire, ne comprenant rien à ce qui se passait, et remerciant d’un signe de sa tête tremblante. Mademoiselle de Fougères se mit à genoux sur le pavé auprès de Jeanne, de manière à être entièrement cachée par le dossier du grand fauteuil sur lequel la doyenne, qui ne remplissait plus ses devoirs de piété que par habitude, s’assoupit doucement au bout de quelques minutes. |
|||
Mademoiselle de Fougères suivit la direction du geste |
|||
de Jeanne, et vit une femme centenaire à laquelle de |
|||
jeunes filles avaient fait une sorte de coussin avec leurs |
|||
capes de futaine. Elle s’approcha d’elle, et, avec l’aide |
|||
de madame Féline, elle l’aida à se relever et à s’installer |
|||
sur le fauteuil. La doyenne se laissa faire, ne comprenant |
|||
rien à ce qui se passait, et remerciant d’un signe |
|||
de sa tête tremblante. Mademoiselle de Fougères |
|||
se mit à genoux sur le pavé auprès de Jeanne de manière |
|||
à être entièrement cachée par le dossier du grand |
|||
fauteuil sur lequel la doyenne, qui ne remplissait plus |
|||
ses devoirs de piété que par habitude, s’assoupit doucement |
|||
au bout de quelques minutes. |
|||
Cependant le curé, qui n’avait pas la vue très-bonne et qui savait d’ailleurs que le regard baissé convient à la ferveur de l’officiant, aperçut confusément une femme coiffée de blanc sur le fauteuil. Il pensa que sa négociation avait réussi et se mit à officier tranquillement ; mais lorsqu’au moment réservé à l’explosion de son vaste projet, après avoir descendu les trois marches de l’autel et s’être mis à genoux pour encenser le saint-sacrement, il se releva, traversa le chœur et s’avança vers le fauteuil pour rendre le même honneur à mademoiselle de Fougères, selon les us et coutumes de l’ancienne féodalité, il s’aperçut de sa méprise, et son bras resta suspendu entre le ciel et la terre, tandis que toute la congrégation des fidèles, l’œil ouvert et la bouche béante, se demandait la cause des honneurs insolites rendus à la mère Mathurin. |
|||
Cependant le ciré, qui n’avait pas la vue très-bonne et |
|||
qui savait d’ailleurs que le regard baissé convient à la |
|||
ferveur de l’officiant, aperçut confusément une femme |
|||
coiffée de blanc sur le fauteuil. Il pensa que sa négociation |
|||
avait réussi et se mit à officier tranquillement mais |
|||
lorsqu’au moment réservé à l’explosion de son vaste |
|||
projet, après avoir descendu les trois marches de l’autel |
|||
et s’être mis à genoux pour encenser le saint-sacrement, |
|||
il se releva. traversa le chœur et s’avança vers le fautuuil |
|||
jiour rendre le même honneur à mademoiselle de |
|||
Fougèn.’S, selon les us et coutumes de l’ancicnne féodalité, |
|||
il s aperçut de sa méprise, et son bras resta suspendu |
|||
entre le ciel et la terre, tandis que toute la congrégation |
|||
des fidèles, l’œil ouvert et la bouche béante, se demandait |
|||
la cause des honneurs insolites rendus à la mèie |
|||
Matlmrin. |
|||
Le jeune curé ne perdit point la tête et, voyant que mademoiselle de Fougères avait mis un peu d’obstination et de malice dans cette aventure, il lui prouva qu’elle n’aurait pas le dernier mot ; car il se retourna vivement de l’autre côté et se mit à encenser la tribune seigneuriale, comme pour rendre à cette place vide les honneurs dus au titre plus qu’à la personne. Tout le village resta ébahi, et il fallut plus de six mois pour faire adopter la véritable version de cet événement aux commentateurs exténués de recherches et de discussions. Les parents de la mère doyenne ne manquèrent pas de dire qu’elle avait été bénie en vertu d’un ancien usage qui décernait cette préférence aux centenaires, et que {{M.|le}} curé avait trouvé dans les archives de la commune. Quant à elle, comme elle était à peu près aveugle et dormait plus qu’à demi pendant qu’on lui rendait cet honneur ; comme son oreille avait le bonheur d’être fermée pour jamais à toutes les paroles humaines et à tous les bruits de la terre, elle mourut sans savoir qu’elle avait été encensée. |
|||
Le jeune curé ne perdit point la tète et, voyant que |
|||
mademoiselle de Fougères avait mis un peu d’obstination |
|||
et de malice dans cette aventure, il lui prouva |
|||
qu’elle n’aurait pas le dernier mot ; car il se retourna |
|||
vivement de l’autre côté et se mit à encenser la tribune |
|||
seigneuriale, comme pour rend, e à cette place vide les |
|||
honneurs dus au titre plus qu’à la personne. Tuut le |
|||
village resta ébahi, et il fallut plus de six mois pour |
|||
faire adopter la véritable version de cet événement aux |
|||
commentateurs exténués de recherches et de discussions. |
|||
Les parents de la mère doyenne ne manquèrent pas de |
|||
dire qu’elle avait été bénie en vertu d’un ancien usage |
|||
qui décernait cette préférence aux centenaires, et que |
|||
M. lo curé avait trouvé dans les archives de la commune. |
|||
Quant à elle, comme elle était à peu pi es aveugle et dormait |
|||
plus qu’à demi pendant qu’on lui rendait cet honneur |
|||
comme son oreille avait le bonheur d’être fermée |
|||
pour jamais à toutes les paroles humaines et à tous les |
|||
bruits de la terre, elle mourut sans savoir qu’elle avait |
|||
été encensée. |
|||
Depuis cette aventure, Jeanne Féline conçut une haute estime pour mademoiselle de Fougères ; et, au lieu d’éviter de parler d’elle comme elle avait fait jusqu’alors, elle questionna mademoiselle Bonne avec intérêt sur le caractère de sa noble amie. Bonne avait tant de respect pour la sagesse et la prudence de sa voisine, qu’elle se crut dispensée avec elle du secret que Fiamma lui avait imposé. Elle lui confia les sentiments généreux et les vertus vraiment libérales de cette jeune fille, et lui dit le désir qu’elle avait témoigné de la connaître. Malgré le plaisir que la bonne Féline ressentit de ces réponses, elle se défendit de faire connaissance avec la châtelaine. « Comment voulez-vous que cela se fasse ? répondit-elle. Son père trouverait mauvais sans doute au fond du cœur qu’elle vînt me voir ; et quant à moi, je ne saurais aller demander à ses domestiques la permission de l’approcher. J’attendrai l’occasion ; et, si je la rencontre, je lui dirai ma satisfaction de sa conduite à l’église. Sans la sagesse de cette enfant, {{M.|le}} curé, qui est vraiment trop léger pour un ministre du Seigneur, eût offensé la majesté de Dieu par un véritable scandale. » |
|||
Depuis cette aventure, Jeanne Féline conçut une |
|||
haute estime pour mademoiselle de Fougères ; et, au lieu |
|||
d’éviter de parler d’elle comme elle avait fait jusqu’alors, |
|||
elle questionna mademoiselle Bonne avec intérêt |
|||
sur le caractère de sa noble amie. Bonne avait tant de |
|||
respect pour la sagesse et la prudence de sa voisine, |
|||
qu’elle se crut dispensée avec elle du secret que Fiamma |
|||
lui avait imposé. Elle lui confia tes sentiments généreux |
|||
et les vertus vraiment libérales de cette jeune fille et lui |
|||
dit le désir qu’elle avait témoigné de la connaître. Malgré |
|||
Madame Féline étant dans ces dispositions, l’occasion ne se fit pas attendre. Un matin que mademoiselle de Fougères passait devant sa cabane pour aller voir mademoiselle Parquet, elle vit Jeanne penchée sur sa petite fenêtre à hauteur d’appui, qu’encadrait le pampre rustique. La bonne dame était occupée à faire manger dans sa main le milan royal. |
|||
le plaisir que la bonne Féline ressentit de cet réponses, |
|||
elle se défendit de faire connaissance avec la châtelaine. |
|||
«Comment voulez-vous que cela se fasse ? répondit-elle. |
|||
Son père trouverait mauvais sans doute au fond du cœur |
|||
qu’elle vînt me voir ; et quant a moi, je ne saurais aller |
|||
demander à ses domestiques la permission de l’approcher. |
|||
J’attendrai l’occasion ; et, si je la rencontre, je lui |
|||
dirai ma satisfaction de sa conduite à l’église. Sans la |
|||
sagesse de cette enfant, M. le curé, qui est vraiment |
|||
trop léger pour un ministre du Seigneur, eût offensé la |
|||
majesté de Dieu par un vérita€Iè"scandale. » |
|||
Madame Féline étant dans ces dispositions, l’occasion |
|||
ne se fit pas attendre. Un matin que mademoiselle de |
|||
Fougères passait devant sa cabane pour aller voir mademoiselle |
|||
Parquet, elle vit Jeanne penchée sur sa petite |
|||
fenêtre à hauteur d’appui, qu’encadrait le pampre rustique. |
|||
La bonne dame était occupée à faire manger dans |
|||
sa main le milan royal. |
|||
« Bonjour, |
« Bonjour, Italia !» dit Fiamma en passant. |
||
Malame Féline releva la |
Malame Féline releva la tête, et, charmée de voir la jeune fille, elle lia conversation avec elle. L’éducation et la santé de l’oiseau étaient un sujet tout trouvé. |
||
jeune fille, elle lia conversation avec elle. L’éducation et |
|||
la santé de l’oiseau étaient un sujet tout trouvé. |
|||
«Comment se fait-il que vous sachiez son nom ? demanda |
|||
Jeanne. Je ne l’ai dit à personne, car ie ne pouvais |
|||
pas m’en souvenir mais, quand vous 1 avez prononcé, |
|||
j’ai bien reconnu celui que mon fils lui donnait ; |
|||
car c’est mon fils qui l’a rapporté de la montagne. |
|||
Et qui l’a pris dans la gorge aux Hérissons, reprit |
|||
Fiamma. |
|||
« Comment se fait-il que vous sachiez son nom ? demanda Jeanne. Je ne l’ai dit à personne, car je ne pouvais pas m’en souvenir ; mais, quand vous l’avez prononcé, j’ai bien reconnu celui que mon fils lui donnait ; car c’est mon fils qui l’a rapporté de la montagne. |
|||
Vraiment1, vous le savez ? s’écria Jeanne. Vous |
|||
l’avez donc rencontré à la chasse ? |
|||
— Et qui l’a pris dans la gorge aux Hérissons, reprit Fiamma. |
|||
-Et j’ai même chassé avec lui ce jour-là, répondit |
|||
mademoiselle de Fougères. J’ai encore sur les mains les |
|||
marques de courage de monsieur, ajouta-t-elle en donnant |
|||
une petite tape à l’oiseau ; et c’est M. Simon qui |
|||
nous a servi de chirurgien a tous deux. |
|||
— Vraiment ! vous le savez ? s’écria Jeanne. Vous l’avez donc rencontré à la chasse ? |
|||
En vérité ! Oh ! à présent, (lit madame Félino |
|||
en secouant la tète avec un sourire, je comprends l’amitié |
|||
— Et j’ai même chassé avec lui ce jour-là, répondit mademoiselle de Fougères. J’ai encore sur les mains les marques de courage de monsieur, ajouta-t-elle en donnant une petite tape à l’oiseau ; et c’est {{M.|Simon}} qui nous a servi de chirurgien à tous deux. |
|||
qu’il portait à ce gourmand, et pourquoi il m’a |
|||
tant recommandé en partant d’en avoir soin. Allons l |
|||
— En vérité !… Oh ! à présent, dit madame Féline en secouant la tête avec un sourire, je comprends l’amitié qu’il portait à ce gourmand, et pourquoi il m’a tant recommandé en partant d’en avoir soin. Allons ! maintenant j’en prendrai plus de souci encore ; car, si vous êtes telle que vous semblez être, je vous aime, vous. |
|||
maintenant j’en prendrai plus de souci encore ; car, si |
|||
vous êtes telle que vous semblez être je vous aime, vous |
|||
— Vous ne pouvez pas me dire une chose plus agréable, » répondit Fiamma en portant vivement à ses lèvres la main ridée que lui tendait Jeanne. Puis, comme si ce mouvement impétueux eût trahi quelque secrète pensée de son cœur, elle rougit et garda le silence. Féline ne pouvait interpréter cette émotion : elle se mit tout de suite à lui parler du curé et de la doyenne, de la république et de la monarchie, de la religion, de tout ce qui l’intéressait, et par-dessus tout de son fils. Mademoiselle de Fougères fut étonnée du sens profond et même de la grâce spirituelle et naïve de cet esprit supérieur, vierge de toute corruption sociale. Elle n’avait pas cru qu’il fût possible de joindre si peu de culture à tant de fonds. Ce fut pour elle un sujet d’admiration et bientôt d’enthousiasme ; car autant Fiamma était indomptable dans ses antipathies, autant elle était passionnée dans ses amitiés. C’est en effet un magnifique spectacle pour une âme tourmentée de l’amour du beau et contristée par la vue du laid, que celui d’une organisation assez riche pour se passer d’embellissement factice et pour recevoir tout de Dieu et d’elle-même. En peu de jours une affection profonde, une sympathie complète s’établit entre Jeanne et Fiamma. Mettant de côté l’une et l’autre les entraves de ces considérations sociales faites pour le vulgaire, elles se lièrent étroitement et Jeanne passa autant d’heures dans la chambre et dans l’oratoire de Fiamma que celle-ci en passa dans la cabane et dans le potager rustique de Jeanne. Mademoiselle Parquet se joignit souvent à leurs entretiens, et sa jeune amie lui apprit à connaître madame Féline. Jusque-là Bonne n’avait respecté en elle qu’une solide vertu, une admirable bonté ; elle ignorait qu’il y eût aussi à admirer une haute intelligence. Elle s’étonna d’abord de voir que Fiamma, avec toutes ses lectures et toutes ses connaissances, ne s’ennuyait pas un instant dans la compagnie d’une femme qui n’avait |
|||
Vous ne pouvez pas me dire une chose plus agréablé, |
|||
» répondit Fiamma en portant, vivcm nt a ses lèvres |
|||
la main ridée que lui tendait Jeanne. Puis, comme si |
|||
ce mouvement impétueux eût trahi quelque secrète |
|||
pensée de son cœur, elle rougit et garda le silence. Féline |
|||
ne pouvait interpréter cette émotion elle se mit |
|||
tout de suite à lui parler du curé-et de la doyenne, de |
|||
la république et de la monarchie, de la religion, de tout |
|||
ce qui l’intéressait, et par-dessus tout de son fils. Mademoiselle |
|||
de Fougères fut étonnée du sens profond et |
|||
même de la grâce spirituelle et naïve de cet esprit supérieur, |
|||
vierge de toute corruption sociale. Elle n’avait pas |
|||
cru qu’il fùt possible de joindre si peu de culture à tant |
|||
de fonds. Ce fut pour elle un sujet d’admiration et bientôt |
|||
d’enthousiasme ; car autant Fiamma était indomptable |
|||
dans ses antipathies, autant elle était passionnée dans ses |
|||
amitiés. C’est en effet un magnifique spectacle pour une |
|||
âme tourmentée de l’amour du beau et contristée par la |
|||
vue du laid, que celui d’une organisation assez riche |
|||
pour se passer d embellissement factice et pour recevoir |
|||
tout de Dieu et a’eile-même. En peu de jours une affection |
|||
profonde, une sympathie comp.ète s établit entre Jeanne |
|||
et Fiamma. Mettant de côté l’une et l’autre les entraves |
|||
de ces considérations sociales faites pour le vulgaire, |
|||
elles se lièrent étroitement et Jeanne passa autant d’heures |
|||
dans la chambre et dans l’oratoiré de Fiamma que |
|||
celle-ci en passa dans la cabane et dans le potager rustique |
|||
de Jeanne. Mademoiselle Parquet se joignit souvent |
|||
à leurs entretiens, et sa jeune amie lui apprit à connaître |
|||
madame Féline. Jusque-là Bonne n’avait respecté en elle |
|||
qu’une solide vertu, une admirable bonté ; elle ignorait |
|||
qu’il y eùt aussi à admirer une haute intelligence, Elle |
|||
s’étonna d’abord de voir que Fiamma, avec toutes ses |
|||
lectures et toutes ses connaissances, ne s’ennuyait pas |
|||
un instant dans la compagnie d’une femme qui n’avait |