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{{tiret2|d’am|bassade}}, et toujours leur nom dans les journaux avec une remarque sur les belles toilettes de madame et le chic épatant de monsieur… Eh bien ! tout ça n’est rien du tout que du fla-fla, du plaqué, de l’apparence, et quand il manque cent sous au marquis, personne ne les lui prêterait sur ses possessions… Le mobilier est loué à la quinzaine chez Fitily, le tapissier des cocottes. Les curiosités, les tableaux appartiennent au vieux Schwalbach, qui adresse là ses clients et leur fait payer doublement cher parce qu’on ne marchande pas quand on croit acheter à un marquis, à un amateur. Pour les toilettes de la marquise, la modiste et la couturière les lui fournissent à l’œil chaque saison, lui font porter les modes nouvelles un peu cocasses parfois mais que la société adopte ensuite parce que madame est très belle femme encore et réputée pour l’élégance ; c’est ce qu’on appelle une lanceuse. Enfin, les domestiques ! Provisoires comme le reste, changés tous les huit jours au gré du bureau de placement qui les envoie là faire un stage pour les places sérieuses. Si l’on n’a ni répondants, ni certificats, qu’on tombe de prison ou d’ailleurs, Glanand, le grand placier de la rue de la Paix, vous expédie boulevard Haussmann. On sert une, deux semaines, le temps d’acheter les bons renseignements du marquis, qui, bien entendu, ne vous paye pas et vous nourrit à peine, car dans cette maison-là les fourneaux de la cuisine restent froids la plupart du temps, Monsieur et Madame s’en allant dîner en ville presque tous les soirs ou dans des bals où l’on soupe. C’est positif qu’il y a des gens à Paris qui prennent le buffet au sérieux et font le premier repas de leur journée passé minuit. Aussi les Bois-Landry sont renseignés sur les maisons à buffet. Ils vous diront
{{tiret2|d’am|bassade}}, et toujours leur nom dans les journaux avec une remarque sur les belles toilettes de madame et le chic épatant de monsieur… Eh bien ! tout ça n’est rien du tout que du fla-fla, du plaqué, de l’apparence, et quand il manque cent sous au marquis, personne ne les lui prêterait sur ses possessions… Le mobilier est loué à la quinzaine chez Fitily, le tapissier des cocottes. Les curiosités, les tableaux appartiennent au vieux Schwalbach, qui adresse là ses clients et leur fait payer doublement cher parce qu’on ne marchande pas quand on croit acheter à un marquis, à un amateur. Pour les toilettes de la marquise, la modiste et la couturière les lui fournissent à l’œil chaque saison, lui font porter les modes nouvelles, un peu cocasses parfois, mais que la société adopte ensuite parce que madame est très-belle femme encore et réputée pour l’élégance ; c’est ce qu’on appelle une ''lanceuse''. Enfin, les domestiques ! Provisoires comme le reste, changés tous les huit jours au gré du bureau de placement qui les envoie là faire un stage pour les places sérieuses. Si l’on n’a ni répondants, ni certificats, qu’on tombe de prison ou d’ailleurs, Glanand, le grand placier de la rue de la Paix, vous expédie boulevard Haussmann. On sert une, deux semaines, le temps d’acheter les bons renseignements du marquis, qui, bien entendu, ne vous paye pas et vous nourrit à peine ; car dans cette maison-là les fourneaux de la cuisine restent froids la plupart du temps, Monsieur et Madame s’en allant dîner en ville presque tous les soirs ou dans des bals où l’on soupe. C’est positif qu’il y a des gens à Paris qui prennent le buffet au sérieux et font le premier repas de leur journée passé minuit. Aussi les Bois-Landry sont renseignés sur les maisons à buffet. Ils vous diront