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maintenant ils étaient rentrés chez eux.
maintenant ils étaient rentrés chez eux.


San Remo et sa Compagne sortirent
San Remo et sa compagne sortirent
alors sans bruit, ils passèrent devant le
alors sans bruit, ils passèrent devant le
garçon assis à la caisse et qui veillait
garçon assis à la caisse et qui veillait
jusqu'à la fermeture de l'établissement.
jusqu'à la fermeture de l'établissement.


Une fols dehors, ils se mirent à forcer
Une fois dehors, ils se mirent à forcer
le pas ; il fallait en finir le plus vite
le pas ; il fallait en finir le plus vite
possible, ne pas avoir l’air de passer la
possible, ne pas avoir l’air de passer la
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sans lune.
sans lune.


Véga regardait < Véga » brillante dans
Véga regardait « Véga » brillante dans
sa lyre et elle avait une foi absolue,
sa lyre et elle avait une foi absolue,
une parfaite possession d'elle-même, elle
une parfaite possession d'elle-même, elle
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était là.
était là.


Juste au moment elle touchait la
Juste au moment elle touchait la
poignée, un jet de lumière passe sous
poignée, un jet de lumière passe sous
la porte de la chambre à coucher et un
la porte de la chambre à coucher et un
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pendait un sceau fleurdelysé.
pendait un sceau fleurdelysé.


Sans rien déplié, Véga entassa dans
Sans rien {{Corr|déplié|déplier}}, Véga entassa dans
la poche qu’elle avait sur la poitrine les
la poche qu’elle avait sur la poitrine les
précieuses choses, puis elle remit en riant
précieuses choses, puis elle remit en riant
le portefeuille à sa, place, referma la
le portefeuille à sa place, referma la
cachette et l’armoire, alla gaiement rouvrir
cachette et l’armoire, alla gaiement rouvrir
la fenêtre, songeant que le brave
la fenêtre, songeant que le brave
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prendre le premier train.
prendre le premier train.


Ils allaient dans la direction de Paris
Ils allaient dans la direction de Paris en hâte de- revoir Mme Ange la, mais comme tous les événements de leur vie étaient arrêtés en dehors d’eux, comme leur volonté se trouvait le jouet d’un destin qui les poursuivait, il arriva cette chcse rare: / '• | . • La locomotive de leur train éprouva un accident en rase campagne et il fallut i Rendre trois heures le secours d’une autre machine. En conséquence, les voya geurs durent descendre. Le temps était splendide, doux et ehaud. DanlàL offrit à sa compagne de s’asseoir dans un pré et da se mettre à lire les chères lettres. — Oui, lisez vois trésors, approuva Véga, quant à moi, j’aperçois là-bas un vil'.ags dominé par un château, je vais faire une tournée d'inspection. Elle agissait ainsi par délicatesse, ne voulant pas se mettre de moitié dans les confidences de l’époux et l’épouse, elle voulait laisser Daniel seul prendre connaissance de ses secrets de famille.
en hâte de revoir Mme Angela, mais
comme tous les événements de leur vie
étaient arrêtés en dehors d’eux, comme
leur volonté se trouvait le jouet d’un
destin qui les poursuivait, il arriva cette
chose rare:


La locomotive de leur train éprouva
un accident en rase campagne et il fallut
attendre trois heures le secours d’une
autre machine. En conséquence, les
voyageurs durent descendre.


Le temps était splendide, doux et chaud.
Daniel offrit à sa compagne de s’asseoir
dans un pré et de se mettre à lire les
chères lettres.


— Oui, lisez vos trésors, approuva Véga,
B k comprit sans doute et la laissa cller. t La jeune fille marchait lestement à tra vers un beau pays riche, plein de mois sons mûres, j — Je ne sais tout de même pas où je suis, se disait-elle, voilà un petit cime tière paisible, je vais y entrer, moi qui n'ai de tombes nulle part... je vais prier pour la première venue, cela me portera bonheur. . i j j | [ ! i [ 1 ! Le modeste champ de repos était petit, ombragé, des grands rosiers montaient le long des croix de bois, de simples monuments se voyaient autour d'une chapelle blanche en pierre dure, dont la jnorte portait gravée en lettres d’or, sur une plaque de marbre noir, ces mots écrits en allemand: « Famille d’EttinghcnLaufen ». — Ce sont sans doute les châtelains, pensa Véga. Et machinalement, el,-6 se mit à lire des noms, des membres décalés : < Prince Ulric d’Ettinghon. « Duc Rodolf-d Etànghcn-Hamelliein. « Myna d’Ettinghcn... endormie à 19 ans dans la paix du Seigneur. » — Ah! Myna ! Myna endormit à dix-neuf ans dans la paix du Seigneur 1 Ce nom — celui révélé par l'onomanie — fa fascinait, elle restait là, devant ce marbre sans songer à partir. Soudain, elle tressaillit, elle qui ne tres saillait jamais. Une main s’était posés sur son épaule, un visage doux et grave
quant à moi, j’aperçois là-bas un village
dominé par un château, je vais faire une
tournée d'inspection.

Elle agissait ainsi par délicatesse, ne
voulant pas se mettre de moitié dans
les confidences de l’époux et l’épouse,
elle voulait laisser Daniel seul prendre
connaissance de ses secrets de famille.

Il le comprit sans doute et la laissa
aller.

La jeune fille marchait lestement à
travers un beau pays riche, plein de
moissons mûres.

— Je ne sais tout de même pas où
je suis, se disait-elle, voilà un petit
cimetière paisible, je vais y entrer, moi qui
n'ai de tombes nulle part... je vais prier
pour la première venue, cela me portera bonheur.

Le modeste champ de repos était petit,
ombragé, des grands rosiers montaient
le long des croix de bois, de simples
monuments se voyaient autour d'une
chapelle blanche en pierre dure, dont
la porte portait gravée en lettres d’or,
sur une plaque de marbre noir, ces mots
écrits en allemand: « Famille d’Ettinghen-Laufen ».

— Ce sont sans doute les châtelains,
pensa Véga.

Et machinalement, elle se mit à lire
des noms, des membres décédés :
« Prince Ulric d’Ettinghen.

« Duc Rodolf-d'Ettinghen-Hamelhein.

« Myna d’Ettinghen... endormie à 19
ans dans la paix du Seigneur. »

— Ah ! Myna ! Myna endormie à dix-neuf
ans dans la paix du Seigneur !

Ce nom — celui révélé par {{Corr|l'onomanie|l'onomancie}}
— la fascinait, elle restait là, devant ce
marbre sans songer à partir.

Soudain, elle tressaillit, elle qui ne
tressaillait jamais. Une main s’était posée
sur son épaule, un visage doux et grave
dominait le sien et au comble de la
dominait le sien et au comble de la
surprise, elle s'écria :
surprise. elle s'écria: — Le Prince Lô| mais vous êtes un Revenant l — Un revenant, Véga, un triste revenant de la nouvelle Atlantide, oui, mon en fant, j’ai touché mon vieux continent, et ma première pensée a été pour la tombe de celle que j’ai le plus aimée au monde 1 « ». . » -- Myna ! exclama Véga. * — Oui Myna, comment le saveH-vous? — Et vous? — Comment so fait-il que vous Soyez icif — Ohl toute une histoire. Je suis avec Daniel, L» Prince que j’allais chercher, lorsque je me heurtai à vous... Daniel, qui certainement aimera à vous con naître, voulez-vous venir avec moi. — Non, je suis si triste. Vous no pou vez pas comprendre ma peina, enfant, vous n’avez, sans douta, jamais «btiS nt souffert. . . * — J’ai éprouvé les deux... je les éprf>X8 ve... j'aime et je Souffre. , — Alors vous comprendrez Ma dbulcti#, là, sous celle pierre, repose mon adorée Myna. . — Non, elle est dans l’espace libre, elle plane... heureuse. — Je l’espère. Myna, à laquelle je no sais par quel hasard vous ressemblez étrangement d’allures, de gestes, même de voix, fut mon premier et mon dernier amour. ( La lutta an prochain numéro

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— Le Prince Lô ! mais vous êtes un
Revenant !

— Un revenant, Véga, un triste revenant
de la nouvelle Atlantide, oui, mon
enfant, j’ai touché mon vieux continent,
et ma première pensée a été pour la
tombe de celle que j’ai le plus aimée
au monde !

— Myna ! exclama Véga.

— Oui, Myna, comment le savez-vous ?

— Et vous ?

— Comment se fait-il que vous soyez ici ?

— Oh ! toute une histoire. Je suis avec
Daniel, L» Prince que j’allais chercher,
lorsque je me heurtai à vous... Daniel,
qui certainement aimera à vous connaître,
voulez-vous venir avec moi.

— Non, je suis si triste. Vous ne pouvez
pas comprendre ma peine, enfant,
vous n’avez, sans doute, jamais aimé ni
souffert.

— J’ai éprouvé les deux... je les éprouve...
j'aime et je souffre.

— Alors vous comprendrez ma douleur,
là, sous cette pierre, repose mon adorée
Myna.

— Non, elle est dans l’espace libre,
elle plane... heureuse.

— Je l’espère. Myna, à laquelle je ne
sais par quel hasard vous ressemblez
étrangement d’allures, de gestes, même
de voix, fut mon premier et mon dernier amour. <section end="s2"/>