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Ce sont des marchands de broderies
Ce sont des marchands de broderies
russes, do pierres du Caucase, de lainages,
russes, de pierres du Caucase, de lainages,
de filets, et ce qui plut à Véga, une
de filets, et ce qui plut à Véga, une
mystérieuse offre d’un remarquable
mystérieuse offre d’un remarquable
liseur d’avenir, dont on distribuait les
liseur d’avenir, dont on distribuait les
caries sous enveloppes fermées. Surprise
cartes sous enveloppes fermées. Surprise
d’abord de ce message déposé sur ses
d’abord de ce message déposé sur ses
genoux, par un jeune groom entièrement
genoux, par un jeune groom entièrement
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face l'établissement).
face l'établissement).


Ah ! l’avenir dévoilé !
Ahî l’avenir dévoilé! Ces mots hypnotisaient la jeune fille isolée; elle y pensa un peu, se demanda si cela valait la peine de se déranger, puis telle réfléchit que c’était un petit risque, et que instruite ou déçue, élite


Ces mots hypnotisaient la jeune fille
à Simla situé à plus de quarante h?uix's de chemin de fer. A ce peint d-c vue, Dehli n’offrira que des avan tages. Beaucoup plus salubre que Cal cutta, il test à moins de quinze heures de Simla. Plus encore que sa situation géo graphique, les grands souvenirs de l’histoire de l’Inde désignaient Dehli pour le siège central du gouvernement, surtout si l’on veut poursuivre la po litique actuelle de décentralisation et attribuer dans l’administration des affaires locales une part de plus en plus large aux différentes, provinces. Le geste personnel et inattendu de George V qu’on ne prévoyait même pas à Londres dans les sphères gou vernementales, est hardi et décisif. Il peut en sortir l’affermissement défi nitif ou l’ébranlement de la domina tion anglaise dans l’Inde. L’avenir dira s’il a été heureux ou malheureux. Noël MARTY. o-O-u La démission de M. de SELVES ? Paris. — Le bruit court, dans les couloirs de la Chambre, que M. de Selves serait décidé à se retirer, aus sitôt après le vote de l’accord francoallemand par les deux Chambres. Il serait remplacé par M. Millerand. o-o-o Les étudiants en médecine
isolée ; elle y pensa un peu, se demanda
si cela valait la peine de se déranger,
puis elle réfléchit que c’était un petit
risque, et que instruite ou déçue, elle
aurait toujours un moment de distraction.


Alors, elle se leva et partit à l’adresse
Paris. — Un meeling a été tenu, vendredi, ù 4 heures, à l’hôtel dos Sociétés savantes, par les étudiants en médecine. Un ordre du jour a été voté dans lequel les étudiants protestent contre l’intrusion de la police à la Faculté et chargent une délégation de deman der au ministre de l’instruction pu blique de bien vouloir autoriser lies camarades frappés disciplinairement à faire leurs travaux pratiques. • o-o-o
du diseur de bonne aventure. De nos
jours, les devins ont élevé leur art à
la hauteur d’une grande distinction et
Véga pénétra dans une superbe villa,
où elle fut reçue par un valet en livrée,
qui l’introduisit dans un fort beau salon
orné de fleurs et de glaces. Sur la table
étaient des {{Corr|journeaux|journaux}} de tous pays.


Au bout d'un moment d’attente, une
Les parasites DBS établissements de la Marine
porte s’ouvrit, cachée par une épaisse
tenture. Un homme très correct, habillé
comme un véritable mondain, s’inclina
sur le seuil et dit :


— Si Madame veut bien entrer.
Il y a quelques années, on trouvait qu’il y avait beaucoup trop de « oom!mis » dans les établissements de la marine. Pour se rendre populaire, M. Chéron inventa l’intendance maritime, compliqua les écritures isous prétexte de les simplifier. La besogne devint telle même qu’il fallut distraire des ateliers un certain nombre d’ouvriers que l’on employa comme copistes. Na turellement, on prit ceux qui avaient le moins d’aptitudes dans les pro fessions, ce qui les fit désigner par les bons ouvriers restés à l’étau ou à l’établi sous le nom « d’embusqués ». Lorsque ces derniers eurent le pied dans la place, ils intriguèrent auprès cuvait toujours un moment de distrac tion Alors, elle se leva et partit à l’adresse du diseur de bonne aventure. De nos jours, les devins ont élevé leur i.rt à la hauteur d’une grande distinction et Véga pénétra dans une superbe villa, où elle fut reçue par un valet en livrée, qui l’introduisit dans un fort beau salon orné de fleurs et de glaces. Sur la table étaient des journeaux de tous pays. Au bout d'un moment d’attente, une porte s’ouvrit, cachée par une épaisse tenture Un homme très correct, habillé comme un .véritable mondain, s’inclina shr le seuil et dit: — Si Madame veut bien entrer. La jeune fille se hâta de franchir l’an tre du mystère, mais là encore rien de spécial. De même que le professeur n’avait ni robe ornée d’étoiles ni bonnet d’as trologue, La pièce n’offrait nul hibou cmpaillé, nul chat noir, nu,! corbeau... une jardinière emplie de fleurs fraîches te nait tout lé devint d’une large baie ou verte sur le parc, de bons fauteuils, et une labié recouverte d’un tapis rouge, tehevaivut l'ameublement. -— J’ai dit Madame, tout à 1 heure, fit en souriant le devin, mais je vois (pie j’aurais dû appeler « MademfoisclÜu) » ma grveieaee cliente... En quoi puis-je, Ma. demoiselle, vous être agréable? — En exerçant votre art pour moi, Monsieur, je suis à une époque de crise iiguë, s’il vous est possible de m'éclairer un peu, je vous serai grandement obligée.


La jeune fille se hâta de franchir
de leurs députés, et ils demandèrent à être organisés. Ainsi naquit un nou veau rouage : les ouvriers écri vains. A peiné les « embusqués » étatentils organisés qu’ils sollicitèrent le quart de leur place sur les chemins de fer. On le leur accorda. Les ouvriers écrivains étaient dès lors si près des commis des directions du pci-sonnel administratif qu’ils de mandèrent qu’à chaque promotion de commis lin certain nombre de places leur fussent réservées, — alors que pour être commis il faut passer un concours. > _ Docilement, le ministre s’exécuta, sans s’apercevoir qu’il barrait la route aux soustofficicrs et quarliers-maîtrcs dont on n’obtient le rengagement que sous promesse de leur réserver des emplois après le nombre réglemen taire d’années de service. Et toutes ces organisations nouvelles correspondent toujours à Vinscription de nouveaux crédits au budget, â de nouvelles charges pour les contribua bles sans profit aucun pour la dé fense nationale. Le succès des ouvriers écrivains a fait école, a tenté d'autres catégories d’ouvriers des arsenaux. El la récente discussion du budget de fa marine nous révèle que M. Mahieu, président du groupe des députés des ports, dé puté radical-socialiste de Cherbourg, a présenté un projet de résolution ten dant à créer, à la base dos corps techniques, une classe de sous-agents techniques, analogue à celle des écri vains placés â la base des corps adnfinistratifs. Ci, un crédit de 30.000 francs, — â titre d’indication ! Et 1’ « Officiel » ajoute : « M. Chcron, rapporteur, a promis d’appuyer la réforme auprès du ministre des fi nances. » L’affaire est dans le sac! C’csl l'en gorgement perpétuel des établisse ments de la marine par des parasites sans valeur personnelle. Autrefois, pour être agent technique, il fallait faire de fortes études et ob tenir le certificat d’aptitude do l’Ecole supérieure de maistrance. Les agents techniques ne sont-ils pas les collabo rateurs immédiats des ingénieurs. Aujourd’hui, il suffit d’êtro élec teur radical ou socialiste et « cons cient ». «»-o-«» le Congres jes Poudreries Paris. — Une délégation s’est ren due chez M. Painlevé, député de Pa ris, et président de la sous-commis sion chargée d’examiner le projet do loi de suppression du monopole des poudres. — J'espère le pouvoir, Mademoiselle, le procédé que j’emploie donne de bien rares déceptions. a — Est-ce une science? — Une science? oui et non, car i! y a dans l’onomancie une grande part lais sée à l’intuition. Je tiens de mon arrièregrand-père ce latent précieux. Vous n’en avez pas l’idée, Mademoiselle? — Non, Monsieur, j’ignore l’onomancie. — Je vais vous l'expliquer. Elle révéla jadis en France de bien intéressantes cho ses. Le Bénédictin Pierre Le Clerc prédit à Charlotte Corday, êr Napoléon, à Ro bespierre, oc qui les attendait J’espère pouvoir vous aider à mon tour. — Je vais vous dire, Monsieur, ce que je désire savoir. — Gardez-vous en bien, Mademoiselle; je nv veux pas avoir la moindre prémo nition, Je veux,* avec l’esprit libre, juger les événements sans idée antérieure. — Alors, que dois-je faire? — Voici. Prenez ce paquet de cartes blanches, rangez-les en ordre devant vous, comme si vous vouliez les souder en une feuille unique. Sur chaque carte, écrivez une seule lettre de la question que \ous voulez poser au sort en mettant en tête votre nom. Quand vous aurez écrit ainsi votre question, vous réunirez toutes ces cartes, et en ferez un cahot, vous les brouillerez dans une coupe d’ar gent. l.o reste me concerne. — J’ai compris, Monsieur, je commence. Aussitôt la consultante traça:
l’antre du mystère, mais là encore rien de
spécial. De même que le professeur n’avait
ni robe ornée d’étoiles ni bonnet
d’astrologue, La pièce n’offrait nul hibou
empaillé, nul chat noir, nul corbeau... une
jardinière emplie de fleurs fraîches
tenait tout le devant d’une large baie
ouverte sur le parc, de bons fauteuils, et
une table recouverte d’un tapis rouge,
achevaient l'ameublement.


— J’ai dit Madame, tout à l'heure, fit
Le secrétaire général a fait un long exposé des vues du personnel ouvrier sur les questions du jnonopOle des fabrications d-cs poudres et sur scs craintes de licenciements futurs, si le gouvernement ne prenait des mesures pour la sécurité de son emploi. M. Painlevé a déclaré à cette dé légation que pour son compte person nel, il fera tous sas efforts pour que les intérêts des ouvriers soient sauve gardés, dans le cas d’introduction d une fissure dans le monopole des poudix*. Une autre délégation était reçue à la même heure, au ministère des fi nances. M. Bcsnard, sous-secrétaire d’Etal, lui a réservé l’accueil le plus cordial et le plus sympathique; il a assure tas délégués de son dévouement â leur cause et déclaré que le décret de titularisation en question n’était pas au ministère des finances. A dix heures, tous les délégués étaient reçus par M. le général Gau din, directeur du service des poudres, â qui ils ont soumis leurs revendica tions et doléances. I^es délégués se sont ensuite rendus au cabinet de M. Messimy, ministre de la guerre. A celle audience étaient pré sents: MM. Pellctan, Aainard, Dafi ni ier, Bcdoucc, Ellen-Prévôt, Gérald, députés ; Flaistsières et Brisson, séna teurs. Les congressistes ont exposé lon guement toutes les questions qui ont niolivc le congrès extraordinaire: mo nopole des poudres, inquiétudes du pci-sonncl, titularisation, travail à la tâche, elc., etc. M. Mcssimy a pris l’engagement for mel, prenant â témoins tous les par lementaires présents, que les intérêts du personnel ouvrier seraient entière ment sauvegardés, même en cas do fissure introduite au monopole. Les congressistes ont protesté éner giquement contre les accusations do malfaçon dirigées emtre le personnel ouvrier. Après une heure et demie d’au dience, les délégués se sont retirés sa tisfaits des promesses du ministre. o-O-o AVIATEUR ACQUITTÉ EpCrnay. — Le tribunal d'Epcmay a rendu son jugement dans le procès intenté à l’aviateur Loridan jxmr bles sures par imprudence occasionnées à un cultivateur, au cours d’un atterris sage â Lucy. M. Loridan a été acquitté. « Aucune faute, dit le jugement, ne lui étant imputable, et la science aéro nautique ne permettant pas encore d’une manière absolue aux pilotes _ d’être complètement maîtres de leurs appareils. » Véga, pauvre enfant abandonnée, re- j trouvera-l.ellc un jour sa famille perdue dins la nuit du mystère? » Il y a 81 cartes, Monsieur, je les brouille. — C’est parfait, Mademoiselle, je me doute peut-être de votre question, car à votre âge, on songe à l’amour, mais je r.e 1 ai pas Luc. E(le est contenue dans ces cartes et il m’est impossible de la relrtouver. Seulement, je vais ranger ces cartes au hasard et j’obtienfdrai une réponse, qui, je l'espère, vous sera convaincante et heureuse Il prit le paquet, traça une autre feuille comme l’avait fait Véga avec ces mêmes cartes et il les parcourut lentement du regard, p-uis il dit très sérieux : — Je suis un peu surpris de ce que je lis, Mademoiselle, je vois tout à fait cuire chose que ce qui me semblait devoir être. Avec ces 81 lettres, voici ce qui me six?te aux yeux. Si vous trouvez cela trop en dehors de votre demande, nous rebreiuilierons les lettres et de nouveau nous verrons peut-être d’autres mots. — Dites ce que vous voyez, Monsieur? — Je lis : « Fille née illustre, a vu son père reprendre rang dans te monde, faute début. Myna. » Il n’y a pas une lettre inemployée, elles le sont toutes. Il y a un nom de femme : Mvna.- Cela vo ms dit-il quelque chose? x — Rien. Mais la réponse est stupéfiante i Monsieur, à part le nom qui peut être
en souriant le devin, mais je vois que
j’aurais dû appeler « Mademoiselle » ma
gracieuse cliente... En quoi puis-je,
Mademoiselle, vous être agréable ?


— En exerçant votre art pour moi,
Douaniers et contrebandiers Soissous. —. Les douaniers d’Hirsori poursuivant des contrebandiers à la frontière belge, ont dû faire usage de leurs armes. Le fraudeur .Carrier a été tué. «»-o-«»—— LA
Monsieur, je suis à une époque de crise
aiguë, s’il vous est possible de m'éclairer
un peu, je vous serai grandement obligée.


— J'espère le pouvoir, Mademoiselle, le
(MOISI
procédé que j’emploie donne de bien rares
déceptions.


— Est-ce une science ?
Le projet du Gouvernement chinois Saint-Pétersbourg. — Le e Novoïc N réinia » reçoit de Pékin un télégram me du plus haut intérêt s’il est exact. Voici le projet du gouvernement chi nois : « L’empire chinois est transformé en une monarchie fédérative. L’empe reur reçoit le titre de roi. Les deux Chambres sont nommées par les délé gués des Etats confédérés de Chine. Le président de la Confédération, qui est distinct du roi, est élu par le peu ple tout entier. Le roi et le président ont droit aux mêmes honneurs, mais le pouvoir du roi se borne à nommer les dignitaires de sa cour Le président a l’autorité suprême en matière ad ministrative. » Le président possède le droit de déclarer la guerre et de conclure des traités après un vote du Parlement Tous les Chinois sont égaux devant la loi. Tous les privilèges sont abolis. Les décisions du Parlement chinois sont irrévocables, et ni le président ni le roi ne peuvent rien y changer. » Le président et le roi ne possèdent ni l'un ni l’autre un droit de veto. » Les désirs des révolutionnaires sont encore plus radicaux que ce projet de constitution, qui est un compromis entre la monarchie et la république fédérative.


— Une science ? oui et non, car il y
Étrennes utiles
a dans l’onomancie une grande part
laissée à l’intuition. Je tiens de mon
arrière-grand-père ce talent précieux. Vous n’en
avez pas l’idée, Mademoiselle ?


— Non, Monsieur, j’ignore l’onomancie.
Aux personnes embarrassées sur le choix des étrennes, nous leur conseillons l'acqui sition d’une MACHINE ▲ LAVER de la de des « Express Machines ». Une visite aux magasins de démonstra tion, place des Quatre-Plliers, 3, à Bourges, les convaincra facilement de l’utilité incontestable de ces merveilleux instruments, lesquels sont d’une facilité si grande qu’un enfant de 10 ans peut îes manœuvrer. Grâce à elles, le travail d’une journée s’accomplit en une heure. Le linge de ménage (draps.serviettes, chemises,et?.), est d’une blancheur éblouissante, vn peut également laver, sans aucune crainte de déchirure, les pièces les plus délicates (mousseline, dentelles, etc.). Avec ces instruments, plus de brosse ni de battoir ; aussi l’économie qui résulte de tous ces avantages est de 90 La Direction pour le Centre, plaoe des Quatre-Piliers, n* 3, garantit ses ma chines. Tout se résume en trois mots : économie, rapidité et propreté. Convient aux ménages, pensions, hôtels et exploitations agricoles.


— Je vais vous l'expliquer. Elle révéla
relui de ma mère, ce que je ne Murais contrôler, vous avez exactement traduit inr pensée. — Alors il n’y a rien de disparate... — C’est frappant de vérité, Monsieur, voici ce que j’avais écrit! « Véga, pauvre enfant abandonnée, retrouvera-t-elle sa famille perdue dans la nuit du mys tère. » — Mademoiselle, j’avais 1 idée à un mariage... mais j’ai traduit ce que j ai vu et j’ajoute: « Dans toute qxicstion est contenue la réponse. Dans tout acte est contenu son résultat » Vous en voyez la preuve palpable. A présent, Mademoi selle, je vous demanderai la permission de faire entrer une autre cliente. Véga sortit fort troublée, die empor tait sx>n paquet dj cartes, le valet lui présent; un plateau d’argent, en la priant d’y mettre dix roubles, prix de la con sultation. Elle ,le Ht de bon cœur, quel espoir rite emportait! v Le soir, au retour de Daniel, elfe lui montra l’oracle et le jeune homme fut comme elle bien heureux, quoique plus incrédule: La suite au prochain numéro. ,
jadis en France de bien intéressantes
choses. Le Bénédictin Pierre Le Clerc prédit
à Charlotte Corday, à Napoléon, à Robespierre,
ce qui les attendait. J’espère
pouvoir vous aider à mon tour.

— Je vais vous dire, Monsieur, ce que
je désire savoir.

— Gardez-vous en bien, Mademoiselle ;
je ne veux pas avoir la moindre prémonition.
Je veux, avec l’esprit libre, juger
les événements sans idée antérieure.

— Alors, que dois-je faire ?

— Voici. Prenez ce paquet de cartes
blanches, rangez-les en ordre devant vous,
comme si vous vouliez les souder en
une feuille unique. Sur chaque carte,
écrivez une seule lettre de la question
que vous voulez poser au ''sort'' en mettant
en tête votre nom. Quand vous aurez
écrit ainsi votre question, vous réunirez
toutes ces cartes, et en ferez un cahot,
vous les brouillerez dans une coupe
d’argent.

Le reste me concerne.

— J’ai compris, Monsieur, je commence.

Aussitôt la consultante traça :

« Véga, pauvre enfant abandonnée,
retrouvera-t-elle un jour sa famille perdue
dans la nuit du mystère ? »

— Il y a 81 cartes, Monsieur, je les
brouille.

— C’est parfait, Mademoiselle, je me
doute peut-être de votre question, car
à votre âge, on songe à l’amour, mais
je ne l'ai pas lue. Elle est contenue dans
ces cartes et il m’est impossible de la
retrouver.

Seulement, je vais ranger ces cartes
au hasard et j’obtiendrai une réponse,
qui, je l'espère, vous sera convaincante
et heureuse.

Il prit le paquet, traça une autre feuille
comme l’avait fait Véga avec ces mêmes
cartes et il les parcourut lentement du
regard, puis il dit très sérieux :

— Je suis un peu surpris de ce que
je lis, Mademoiselle, je vois tout à fait
autre chose que ce qui me semblait devoir
être. Avec ces 81 lettres, voici ce qui me
saute aux yeux. Si vous trouvez cela
trop en dehors de votre demande, nous
rebrouillerons les lettres et de nouveau
nous verrons peut-être d’autres mots.

— Dites ce que vous voyez, Monsieur ?

— Je lis : « Fille née illustre, a vu son
père reprendre rang dans le monde, faute
début, Myna. »

Il n’y a pas une lettre inemployée, elles
le sont toutes.

Il y a un nom de femme : Myna. Cela
vous dit-il quelque chose ?

— Rien. Mais la réponse est stupéfiante !
Monsieur, à part le nom qui peut être
celui de ma mère, ce que je ne saurais
contrôler, vous avez exactement traduit
ma pensée.

— Alors il n’y a rien de disparate...

— C’est frappant de vérité, Monsieur,
voici ce que j’avais écrit ! « Véga, pauvre
enfant abandonnée, retrouvera-t-elle sa
famille perdue dans la nuit du
mystère. »

— Mademoiselle, j’avais l'idée à un
mariage... mais j’ai traduit ce que j'ai
vu et j’ajoute : « Dans toute question
est contenue la réponse. Dans tout acte
est contenu son résultat » Vous en voyez
la preuve palpable. A présent,
Mademoiselle, je vous demanderai la permission
de faire entrer une autre cliente.

Véga sortit fort troublée, elle
emportait son paquet de cartes, le valet
lui présenta un plateau d’argent, en la priant
d’y mettre dix roubles, prix de la
consultation. Elle le fit de bon cœur, quel
espoir elle emportait !

Le soir, au retour de Daniel, elle lui
montra l’oracle et le jeune homme fut
comme elle bien heureux, quoique plus
incrédule.