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Je n’avois pas cru un moment que vous imaginiés que j’attendisse avec impatience l’aveu de votre indifférence. Cette idée apparemment étoit trop loin de mon cœur pour qu’elle se présentât à mon esprit. Adieu, monsieur.
Je n’avois pas cru un moment que vous imaginiés que j’attendisse avec impatience l’aveu de votre indifférence. Cette idée apparemment étoit trop loin de mon cœur pour qu’elle se présentât à mon esprit. Adieu, monsieur.




Ainsi, par un juste sentiment de sa dignité, la jeune fille repoussait d’avance l’idée d’un mariage qui aurait lieu malgré la volonté du père de Gibbon ou même sans son entier consentement. Mais en même temps elle ne paraissait pas admettre que cette soumission de Gibbon à la volonté paternelle pût rompre le lien qui unissait leurs deux cœurs, et elle mettait sa confiance dans ''quelque espèce de palliatif'', pensant avec raison qu’un obstacle de cette nature (le père de Gibbon était en effet très âgé) ne pouvait pas être éternel. Quelques mois après cet échange de lettres, c’est-à-dire au printemps de 1758, Gibbon partait pour retourner en Angleterre. Si nous nous en tenions maintenant au récit des Mémoires de Gibbon, ce récit nous donnerait à croire que, dès son retour en Angleterre, il aurait par obéissance filiale rompu le lien qui l’attachait à Suzanne Curchod, et qu’après avoir vécu quelque temps dans la douleur, il se serait consolé en apprenant que la « demoiselle » avait pris son parti assez légèrement de cette infidélité. On va voir combien ce récit est contraire à la réalité des faits et combien Gibbon a sciemment calomnié celle qu’il avait abandonnée. Pendant les quatre premières années qui suivirent son retour en Angleterre,
Ainsi, par un juste sentiment de sa dignité, la jeune fille repoussait d’avance l’idée d’un mariage qui aurait lieu malgré la volonté du père de Gibbon ou même sans son entier consentement. Mais en même temps elle ne paraissait pas admettre que cette soumission de Gibbon à la volonté paternelle pût rompre le lien qui unissait leurs deux cœurs, et elle mettait sa confiance dans ''quelque espèce de palliatif'', pensant avec raison qu’un obstacle de cette nature (le père de Gibbon était en effet très âgé) ne pouvait pas être éternel. Quelques mois après cet échange de lettres, c’est-à-dire au printemps de 1758, Gibbon partait pour retourner en Angleterre. Si nous nous en tenions maintenant au récit des Mémoires de Gibbon, ce récit nous donnerait à croire que, dès son retour en Angleterre, il aurait par obéissance filiale rompu le lien qui l’attachait à Suzanne Curchod, et qu’après avoir vécu quelque temps dans la douleur, il se serait consolé en apprenant que la « demoiselle » avait pris son parti assez légèrement de cette infidélité. On va voir combien ce récit est contraire à la réalité des faits et combien Gibbon a sciemment calomnié celle qu’il avait abandonnée. Pendant les quatre premières années qui suivirent son retour en Angleterre,