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Description du château de Coucy
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Description du château de Coucy
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<font id="Fig1">(Fig. 1)</font> - Plan du Chateau de Coucy - placement provisoire
 
 
 
orientée, tracée en A sur notre plan du rez-de-chaussée ([[#Fig1|fig. 1]]). C'est la chapelle romane dont nous venons de parler <sup>[[#2|(2)]]</sup>. On ne communiquait de la ville dans la baille que par une porte onnant sur la ville et défendue contre elle par deux tours en partie conservées <sup>[[#3|(3)]]</sup>. La baille était protégée par le donjon B, qui domine tout son périmètre, et les remparts flanqués par les deux tours extrêmes du château C, D. Un fossé de vingt mètres de largeur sépare le château de la basse-cour. Un seul pont jeté en E sur ce fossé donnait entrée dans le château et était composé de piles isolées, avec deux tabliers à bascule de bois, défendus par deux postes avancés E', E" ou châtelets, et deux corps de garde F, F' posés sur des piles, de manière à laisser libre le fond du fossé. La porte en G est munie de doubles herses et de vantaux.. Cette porte s'ouvre sur un long passage voûté qu'il était facile de défendre, et qui devait être muni de mâchicoulis ouverts dans la voûte.
 
Des deux côtés du couloir sont disposées des salles de garde H voûtées et pouvant contenir des postes nombreux ; Au-dessus s'élevait un logis à plusieurs étages, dominant la porte et se reliant à la courtine I. Du couloir d'entrée on débouchait dans la cour K du château, entourée de bâtiments appuyés sur les courtines. En L, se trouvaient des bâtiments de service voûtés à rez-de-chaussée et surmontés de deux étages ; en M, les appartements d'habitation à trois étages, du côté où le château est le moins accessible du dehors, et desservis par le grand escalier M' ; en N, de vastes magasins voûtés à rez-de-chaussée (celliers), avec caves au-dessous fermées en berceau ogival. Les magasins N portaient, au premier étage, la grand'salle éclairée sur les dehors. En O, on voit les soubassements de la chapelle, qui, au premier étage, se trouvait de plain-pied avec la grand'salle. Les cuisines étaient très probablement placées en P, avec escalier particulier P' communiquant aux caves ; elles possédaient une cour particulière en R, à laquelle on arrivait sous la chapelle, dont le soubassement, formant rez-de-chaussée, reste à jour. Les tours, G, D, S, T, possèdent deux étages de caves et trois étages de salles au-dessus du sol, sans compter l'étage des combles. Elles sont, comme on le remarquera, très saillantes sur les courtines, de manière à les bien flanquer. Ces tours, qui n'ont pas moins de dix-huit mètres de diamètre hors d’œuvre, sur trente-cinq mètres environ de hauteur au-dessus du sol extérieur, ne sont rien auprès du donjon, qui porte trente et un mètres de diamètre hors d’œuvre sur soixante-trois mètres depuis le fond du fossé dallé jusqu'au couronnement. Outre son fossé, ce donjon possède une enceinte circulaire extérieure, ou chemise, qui le protège contre les dehors du côté de la baille. On montait du sol de la cour au chemin de ronde de la chemise par la rampe V, près de l'entrée du donjon. On communiquait des salles P (cuisines) avec les dehors au moyen d'un escalier descendant au fond du fossé de la chemise et par une poterne percée en X, munie de vantaux, de mâchicoulis et de herses correspondant à une seconde poterne Y avec pont-levis donnant sur l'escarpement et masquée par la tour C. Un chemin de ronde inférieur X', voûté en demi-berceau, percé au niveau du fond du fossé, suit la circonférence de la chemise ; et était évidemment destiné à arrêter les travaux des mineurs, comme nos galeries de contre-mine permanentes, ménagées sous les revêtements des courtines et bastions
Dans ce souterrain, en X", se trouve une source excellente à fleur de terre, à l'usage de la cuisine. En W, sont des latrines, prises aux dépens de l'épaisseur du mur de la chemise, pour les gardes de cette enceinte et les gens de cuisine. En Z était une cage avec escalier de bois <sup>[[#4|(4)]]</sup>, pouvant être détruit facilement, qui mettait le souterrain inférieur en communication avec le chemin de ronde supérieur. Le petit escalier Q, donnant dans la salle P, desservait la herse et le mâchicoulis de la poterne X. Le souterrain inférieur X' se trouvait encore en communication avec l'escalier U, desservant les ouvrages supérieurs de la porte. Si l'assiégeant s'était emparé de la poterne X (ce qui était difficile, puisqu'il fallait franchir la première porte Y et son pont-levis, traverser le chemin YZ sous les projectiles lancés de la partie supérieure de la chemise et du crénelage ouvert sur le mur J, forcer deux vantaux et affronter un mâchicoulis), il se trouvait en face de la herse donnant sur le fond du fossé de la chemise, ayant à sa gauche la porte ferrée qui fermait le bas de l'escalier de la cuisine, et arrêté dans la galerie inférieure X' par la source X", qui est un véritable puits dans un souterrain obscur. S'il forçait la herse, il pénétrait dans le fond du fossé intérieur V', lequel est dallé et sans communication avec le sol de la cour. Battu par les défenses supérieures du donjon, qui lui envoyaient des projectiles d'une hauteur de soixante mètres, et par le chemin de ronde de la courtine, il était perdu, d'autant que les hommes occupant ce chemin de ronde pouvaient descendre par l'escalier Z, passer dans la galerie de contre-mine X', traverser la source sur une planche, et lui couper la retraite en refermant la porte derrière lui. Si, du fond du fossé extérieur, il parvenait à miner le pied de la chemise, il trouvait le souterrain occupé. Ce travail de sape ne pouvait, en aucune façon, affaiblir les murs de la chemise, car on remarquera que ce souterrain est pris aux dépens d'un talus, d'un soubassement incliné, derrière lequel la maçonnerie de la chemise est intacte.
 
De toutes les défenses du château de Coucy, le donjon est de beaucoup la plus forte et la mieux traitée. Cette belle construction mérite une attention toute particulière.. Elle se compose, à l'intérieur, de trois étages voûtés, et d'un large chemin de ronde supérieur, avec comble plat au centre, recouvert autrefois de plomb. Pour entrer dans la salle du rez-de-chaussée, il fallait franchir un pont à bascule (''pont-torneïs'') qui, roulant sur un axe, fermait la porte en se relevant. Les traces de cette disposition primitive sont encore visibles. Le tablier du pont à bascule tombait sur une pile isolée, dont on retrouve les premières assises au milieu du fossé. Le pont abaissé au moyen d'un treuil placé dans un petit entresol au-dessus de la porte, on était arrêté par une herse glissant dans deux rainures, derrière les tableaux de la porte, et par un mâchicoulis. La herse et le mâchicoulis étaient servis de même par les gens postés dans la pièce de l'entresol. A la suite de la herse se trouvait une porte à un vantail, renforcée d'énormes barres rentrant dans l'épaisseur de la muraille. Pour pénétrer dans la salle ou dans l'escalier, il fallait encore forcer des portes munies de barres. Il existait même une grille à l'issue du couloir d'entrée sur la salle, afin de permettre aux gens du dedans de couvrir de projectiles ceux qui se seraient aventurés sous ce passage. La salle du rez-de-chaussée est magnifique ; elle se compose de douze côtés, formant chacun une large niche voûtée en berceau tiers-point.
 
On observera que ces niches sont doubles en hauteur, formant ainsi deux rangs de vastes armoires l'un au-dessus de l'autre, très propres à conserver et ranger avec ordre les projectiles et armes dont on avait besoin en temps de siège.
 
Un de ces renfoncements contient un puits très profond et large ; un autre sert de cheminée. A gauche du couloir d'entrée sont des latrines ; à droite, l'escalier qui monte jusqu'au faîte du donjon. Cette salle était voûtée au moyen de douze demi-arcs en quart de cercle, aboutissant à une clef énorme percée d'un oeil<sup>[[#5|(5)]]</sup>, afin de permettre aux hommes postés dans l'étage supérieur de donner ou de recevoir des ordres. Ces arcs sont portés sur des chapiteaux en culs-de-lampe sculptés, avec figures. Deux fenêtres percées à une grande hauteur éclairaient ce rez-de-chaussée, et quoique la salle dût être assez sombre, elle était intérieurement décorée de peintures.
 
Le premier étage présentait la même disposition en plan, et était voûté de la même manière. La salle contenait, outre la cheminée, un four à cuire le pain ; elle était éclairée par trois fenêtres, et était mise en communication avec la chemise au moyen d'une petite porte et d'un pont volant de bois, dont on voit encore les scellements. A l'époque des reconstructions partielles du château,
c'est-à-dire au commencement du XV<sup>e</sup> siècle, on pratiqua un petit réduit sous une des fenêtres, ayant une entrée détournée dans la salle, et une ouverture au dehors. Des latrines sont disposées à cet étage au-dessus de celles du rez-de-chaussée.
 
Le second étage, couvert en partie par des voûtes en berceau, en partie par une voûte en arcs ogives à douze pans, présente une disposition fort belle et bien conçue : c'est une grande salle entourée d'un portique, dont le sol est élevé de trois mètres au-dessus du pavé. Des balcons de bois, dont la trace est partout évidente, permettaient de s'avancer jusqu'à la circonférence intérieure formée par les têtes des piles. C'était là qu'on réunissait toute la garnison, lorsqu'il fallait donner des ordres généraux. Douze ou quinze cents hommes armés pouvaient facilement, grâce à ce portique et à ces balcons, se tenir dans cette immense rotonde et entendre ce qui se disait au centre. Il n'est guère de monuments, soit de l'époque romaine, soit modernes, qui présentent un aspect à la fois plus grandiose et plus puissant.
Nous essayons d'en donner une faible idée dans la figure [[#Fig2|2]].
Qu'on se représente par la pensée un millier d'hommes d'armes réunis dans cette rotonde et son portique disposé comme les loges d'une salle de spectacle ; des jours rares éclairant cette foule ; au centre, le châtelain donnant ses ordres, pendant qu'on s'empresse de monter, au moyen d'un treuil, des armes et des projectiles à travers les oeils des voûtes. Ou encore, la nuit, quelques lampes accrochées aux parois du portique, la garnison sommeillant ou causant dans ce vaste réservoir d'hommes ; qu'on écoute les bruits du dehors qui arrivent par l'oeil central de la voûte, l'appel aux armes, les pas précipités des défenseurs sur les hourds de bois, certes on se peindra une scène d'une singulière grandeur. Si loin que puisse aller l'imagination des romanciers ou des historiens chercheurs de la couleur locale, elle leur représentera difficilement ce que la vue de ces monuments si grands et si simples dans leurs dispositions rend intelligible au premier coup d’œil. Aussi conseillons-nous à tous ceux qui aiment à vivre quelquefois
 
 
<font id="Fig2">(Fig. 2)</font> - Salle supérieure du Donjon - placement provisoire
 
dans le passé d'aller voir le donjon de Coucy ; car rien ne peint mieux la féodalité dans sa puissance, ses mœurs, sa vie toute guerrière, que cet admirable débris du château d'Enguerrand.
En montant toujours par l'escalier à vis, on arrive au dernier étage, qui est crénelé. Une couverture de plomb protégeait les voûtes et formait une plate-forme en pavillon ; à l'entour, un large chemin de ronde permet de circuler librement et d'arriver aux créneaux. Les écoulements d'eau, bien ménagés dans les reins de chacune des voûtes du portique, ne peuvent laisser douter que cet étage n'ait toujours été laissé à ciel ouvert, ainsi que l'indique la gravure de du Cerceau; cependant, en temps de guerre, de grands hourds à double étage étaient posés sur les corbeaux de pierre qui existent en contre-bas du crénelage. La figure 4 présente une portion de ces hourds posés. On voit apparaître au sommet du donjon de Coucy la transition des hourds de bois aux mâchicoulis de pierre. En effet, pour un ouvrage aussi puissamment conçu et exécuté, les hourds portés sur des solives en bascule ne devaient pas paraître une défense assez durable. Ce système de hourds portés sur des consoles de pierre est appliqué non seulement au donjon de
 
 
Coucy, mais aussi aux tours du château <sup>[[#6|(6)]]</sup>. Les dispositions défensives de Coucy n'attirent pas seules l'attention de l'archéologue ; le donjon présente des fragments de sculptures d'une grande beauté.
Voici par quel procédé le donjon de Coucy dut être élevé. La construction fut conduite en spirale, de la base au sommet, au moyen d'un échafaudage dressé en même temps que les maçonneries s'élevaient ; cet échafaud formait ainsi en dehors du parement extérieur un chemin incliné qui permettait de rouler sans difficulté les plus grosses pierres jusqu'au faîte. Les trous carrés des boulins de ces échafauds et des liens qui empêchaient leur bascule son visibles et régulièrement disposés au pourtour de l'énorme cylindre. Il est impossible d'employer un procédé à la fois plus simple et plus ingénieux pour bâtir rapidement, et sans frais inutiles, une aussi grosse tour. Aujourd'hui les voûtes des trois étages sont crevées, et le glacis supérieur ainsi que les quatre pinacles qui couronnaient la corniche n'existent plus. Ce couronnement nous est indiqué par du Cerceau, dans son livre : Les plus excellens bastimens de France. On a trouvé quelques morceaux de ce glacis et des pinacles dans le fond du fossé. Toute la maçonnerie était chaînée au moyen de longrines de bois de 0m, 20 à Om, 30 d'équarrissage, noyées dans l'épaisseur des murs, suivant la méthode encore en usage au XIIe siècle. Au-dessus des voûtes du premier et du second étage, ce chaînage se reliait à des enrayures également de bois.
Vers 1400, la grande salle et les bâtiments d'habitation M (voyez la figure [[#Fig1|1]]) furent reconstruits, ainsi que les étages supérieurs de la porte, par Louis d'Orléans, qui avait acquis ce domaine de la dernière descendante des Coucy<sup>[[#7|(7)]]</sup> ; des jours plus larges furent percés à l'extérieur, et les courtines reçurent des mâchicoulis avec parapets de pierre, suivant la méthode du temps, au lieu de consoles avec hourds de bois. Les autres parties du château restèrent telles qu'Enguerrand III les avait laissées.
Ce ne fut que pendant les troubles de la Fronde que cette magnifique résidence seigneuriale fut entièrement ravagée.
Son gouverneur, nommé Hébert, fut sommé par le cardinal Mazarin de rendre la place entre les mains du maréchal d'Estrées, gouverneur de Laon.
Hébert ayant résisté à cette sommation en prétextant d'ordres contraires laissés par le roi Louis XIII, le siège fut mis, le 40 mai 1652, devant la ville, qui fut bientôt prise ; puis, quelque temps après, la garnison du château capitula.
 
Le cardinal Mazarin fit immédiatement démanteler la place. Le sieur Metezeau, fils de l'ingénieur qui construisit la digue de la Rochelle, fut celui que le cardinal envoya à Coucy pour consommer cette oeuvre de destruction.
 
 
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<font id="2">(2)</font> Des fouilles récentes ont mis à découvert les premières assises de cette chapelle, construite au XI<sup>e</sup> siècle et restaurée à la fin du XII<sup>e</sup>, ainsi que le prouvent les fragments retrouvés en place.
 
 
<font id="3">(3)</font> C'est dans les bâtiments dépendant de cette porte que le seigneur de Coucy logeait le châtelain. On désignait ce bâtiment sous le nom de ''porte Maitre-Odon''. (Voyez le ''Dictionnaire historique du département de l'Aisne'', par M. Melleville, 1857.)
 
 
<font id="4">(4)</font> Voyez du Cerreau : ''Les plus excellens bastimens de France''.
 
 
<font id="5">(5)</font> Une de ces clefs sert de margelle au puits de la place de la ville.
 
 
 
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