« Page:Duvernois - L'Amitié d'un grand homme, paru dans Je sais tout, 1919.djvu/8 » : différence entre les versions

RcgisCessier (discussion | contributions)
Aucun résumé des modifications
RcgisCessier (discussion | contributions)
mAucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
## s1 ##
l’unanimité : Fernand Bigalle. Tu nous a dit un jour que tu le connaissais fort
l’unanimité : Fernand Bigalle. Tu nous a dit un jour que tu le connaissais fort
bien. Il faut, tu m’entends, que tu nous l’amènes. Ce n’est pas facile ? Rien
bien. Il faut, tu m’entends, que tu nous l’amènes. Ce n’est pas facile ? Rien
n’est impossible à quelqu’un qui veut s’en donner la peine... J’en arrive à la
n’est impossible à quelqu’un qui veut s’en donner la peine… J’en arrive à la
partie la plus pénible... Mon vieux Cyprien... ma femme s’est fourré dans la
partie la plus pénible… Mon vieux Cyprien… ma femme s’est fourré dans la
tête que si tu ne réussissais pas, ce serait de ta faute... par mollesse... par insouciance...
tête que si tu ne réussissais pas, ce serait de ta faute… par mollesse… par insouciance…
par ta façon un peu nonchalante de comprendre les devoirs de
par ta façon un peu nonchalante de comprendre les devoirs de
l’amitié... Alors, elle m’a chargé de te signifier que... si tu refusais de nous
l’amitié… Alors, elle m’a chargé de te signifier que… si tu refusais de nous
rendre ce service... elle ne serait pas contente... non... elle ne te reverrait pas
rendre ce service… elle ne serait pas contente… non… elle ne te reverrait pas
volontiers… »
volontiers... »


Bien que la carapace de Gélif soit dure, je m’aperçus que ces derniers mots
Bien que la carapace de Gélif soit dure, je m’aperçus que ces derniers mots
lui coûtaient et il les prononça d’une voix blanche, en passant son mouchoir sur
lui coûtaient et il les prononça d’une voix blanche, en passant son mouchoir sur
son front. Je me hâtai de le rassurer : « Sois tranquille, je tenterai l’impossible...
son front. Je me hâtai de le rassurer : « Sois tranquille, je tenterai l’impossible…
j’essaierai de vous prouver que je puis être débrouillard à l’occasion... C’est le
j’essaierai de vous prouver que je puis être débrouillard à l’occasion… C’est le
mot : débrouillard !... Je t’aime bien... tu as, malgré tout, conservé un peu la
mot : débrouillard ! Je t’aime bien… tu as, malgré tout, conservé un peu la
forme du gentil camarade qui a été mon compagnon de collège. J’affronterai
forme du gentil camarade qui a été mon compagnon de collège. J’affronterai
Bigalle. » Maintenant, mon cher maître, je remets mon sort entre vos mains.
Bigalle. » Maintenant, mon cher maître, je remets mon sort entre vos mains.
Ligne 23 : Ligne 24 :
— Vous avez ma parole, cher et vieil ami. En habit ?
— Vous avez ma parole, cher et vieil ami. En habit ?


— Si ce n’est pas trop vous demander. Et n’oubliez pas la rosette...
— Si ce n’est pas trop vous demander. Et n’oubliez pas la rosette…


— Vous viendrez me chercher.
— Vous viendrez me chercher.


— Que de reconnaissance ! J’espère que vous ne regretterez pas trop...
— Que de reconnaissance ! J’espère que vous ne regretterez pas trop…


— Je suis sûr du contraire ! Sylvie ! Sylvie ! Ah ! vous voilà, Sylvie. Nous
— Je suis sûr du contraire ! Sylvie ! Sylvie ! Ah ! vous voilà, Sylvie. Nous
Ligne 34 : Ligne 35 :


— La vie est belle et vous êtes le meilleur des grands écrivains ! conclut
— La vie est belle et vous êtes le meilleur des grands écrivains ! conclut
M. Jeansonnet avec extase, en brossant son chapeau à rebrousse-poils...
M. Jeansonnet avec extase, en brossant son chapeau à rebrousse-poils…


## s2 ##
<nowiki />
{{t2|II. — L’IDYLLE}}
{{t2|II. — L’IDYLLE}}


Ligne 41 : Ligne 44 :
Bigalle. Pour la première fois de sa vie, il s'était montréé débrouillard et il en
Bigalle. Pour la première fois de sa vie, il s'était montréé débrouillard et il en
concevait une fierté intense. Tout en galopant, il exprimait ses pensées, à la
concevait une fierté intense. Tout en galopant, il exprimait ses pensées, à la
stupéfaction des passants : « J’ai manqué ma vocation... j’aurais peut-être fait
stupéfaction des passants : « J’ai manqué ma vocation… j’aurais peut-être fait
un grand acteur... ou un homme d’action... C’est facile; au fond... quelques
un grand acteur… ou un homme d’action… C’est facile; au fond… quelques
mensonges anodins... « Je suis médecin... » « Je viens de la part du propriétaire
mensonges anodins… « Je suis médecin… » « Je viens de la part du propriétaire
»... Axiome : il n’y a pas de portes fermées ; il n’y a que des portes qu’on
» Axiome : il n’y a pas de portes fermées ; il n’y a que des portes qu’on
ne sait pas ouvrir... Pardon, monsieur... Je ne voudrais pourtant pas me faire
ne sait pas ouvrir… Pardon, monsieur… Je ne voudrais pourtant pas me faire
écraser maintenant... Victoire ! Victoire !... « Madame Gélif, j’ai le plaisir de
écraser maintenant… Victoire ! Victoire ! « Madame Gélif, j’ai le plaisir de
vous annoncer que, le 12 juin, votre table sera présidée par mon ami Fernand
vous annoncer que, le 12 juin, votre table sera présidée par mon ami Fernand
Bigalle... » Une idée : je vais apprivoiser Madame Gélif avec des roses ! j’ai du
Bigalle… » Une idée : je vais apprivoiser Madame Gélif avec des roses ! j’ai du
génie, moi aussi, ce matin... Non, non mon petit garçon, ce n’est pas à vous que
génie, moi aussi, ce matin… Non, non mon petit garçon, ce n’est pas à vous que
je parle... »
je parle… »


Il entra chez un fleuriste et emporta une botte de roses. Ainsi galamment
Il entra chez un fleuriste et emporta une botte de roses. Ainsi galamment