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que la prospérité de ses armes retiendrait le peuple et le Parlement dans la soumission et dans la crainte. Il choisit le jour[1] que tous les corps étaient assemblés à Notre-Dame pour assister au Te Deum ; et après que le Roi et la Reine en furent sortis, il fit arrêter le président Blancmesnil[2], Broussel[3] et quelques autres[4], qui

  1. Le 26 août.
  2. René Potier de Blancmesnil, président en la première chambre des Enquêtes, mort en 1680. Il habitait une maison donnant rue du Renard et rue Neuve-Saint-Merry. Ce fut du Bois, exempt des gardes de la Reine, qui l’arrêta.
  3. Pierre Broussel (dans notre manuscrit, le plus souvent Brousselle, d’autres fois Brousselles), conseiller à la grand’chambre, avait alors plus de soixante-dix ans. Il devint, l’année suivante, gouverneur nominal de la Bastille pour le peuple insurgé, et fut prévôt des marchands, lors de la seconde Fronde, en 1652. Le bonhomme Broussel, comme Retz l’appelle (tome II, p. 13 et 14), « qui avoit toujours levé l’étendard contre le Roi..., s’étoit érigé en tribun du peuple, dit Mme de Motteville (tome II, p. 151), en montrant l’esprit d’un homme né dans une république, en affectant de paroitre avoir les sentiments d’un véritable Romain. » II fut arrêté chez lui, rue du Port-Saint-Landry, par Comminges, lieutenant des gardes de la Reine. L’Histoire du temps, écrite dans le feu même du combat, insiste (p. 186), avec une emphase qui nous fait aujourd’hui sourire , sur l’effet soudain produit dans Paris par ce coup de force : « C’est ici, cher lecteur, et qui que tu sois, que tu dois suspendre et arrêter ton esprit ; c’est ici que tu dois admirer les ouvrages du souverain des Dieux, et reconnoitre qu’il n’abandonne jamais la vertu, quoique persécutée. C’est enfin sur ce héros que tu dois jeter les yeux, qui est beaucoup plus illustre que ceux de l’antiquité, quand même tu prendrois pour des vérités les fables qu’on a inventées pour les rendre plus célèbres. » Jamais popularité n’égala celle de Broussel : « Il n’y a coin de rue où l’on ne voie son portrait, » dit l’Avis sincère aux bourgeois de Paris sur ce qui s’est passé en leur ville depuis l’an 1648. (Bibliographie des Mazarinades, tome I, p. 167.)
  4. Ce mot quelques autres ne répond à aucun fait précis. En réalité, Blancmesnil et Broussel furent seuls arrêtés ; le président Charton, qui devait avoir le même sort, eut le temps de se sauver par-dessus les murs de son jardin. Trois lettres de cachet furent remises aux conseillers Laîné, Benoit et Loisel, pour les exiler en divers lieux.