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sa puissance et du plaisir de voir tous ses ennemis abattus ; ma fortune était désagréable, et je portais impatiemment la perte de tant d’espérances ; j’avais voulu m’attacher à la guerre, et la Reine m’y avait refusé les mêmes emplois que, trois ou quatre ans auparavant, elle m’avait empêché de recevoir du cardinal de Richelieu. Tant d’inutilité[1] et tant de dégoûts me donnèrent enfin d’autres pensées, et me firent chercher des voies périlleuses pour témoigner mon ressentiment à la Reine et au cardinal Mazarin[2].

La beauté de Mme de Longueville, son esprit, et tous les charmes de sa personne attachèrent à elle tout ce qui pouvait espérer d’en être souffert. Beaucoup d’hommes et de femmes de qualité essayèrent de lui plaire, et, par-dessus les agréments de cette cour, Mme de Longueville était alors si unie avec toute sa maison et si tendrement aimée du duc d’Enghien son frère, qu’on pouvait se répondre de l’estime et de l’amitié de ce prince quand on était approuvé de Madame sa sœur[3]. Beaucoup de gens

  1. Tant d’inutilités. (1817, 26, 38.)
  2. « Les plaintes du prince de Marcillac, dit Mme de Motteville (tome I, p. 109), furent grandes : il murmura publiquement contre la Reine ; et, à la première occasion qui s’en présenta, il lui fit voir qu’il avoit senti son changement, qu’il étoit résolu d’abandonner ses intérêts, et d’en prendre d’autres pour s’en venger : ce qui fut en partie cause de tous nos maux. »
  3. Comparez ce passage avec celui-ci, du 5e carnet de Mazarin : « Mme de Longueville a tout pouvoir sur son frère. Elle fait vanité de dédaigner la cour, de haïr la faveur et de mépriser tout ce qui n’est pas à ses pieds. Elle voudroit voir son frère dominer, et disposer de toutes les grâces. C’est une personne fort dissimulée : elle reçoit toutes les déférences et toutes les faveurs comme lui étant dues. D’ordinaire elle est très-froide avec tout le monde ; et, si elle aime la galanterie, ce n’est pas du tout qu’elle songe à mal, mais pour faire des serviteurs et des amis à son frère. Elle lui insinue des pensées ambitieuses, auxquelles il n’est déjà que trop porté naturellement. » (Traduction de V. Cousin, Journal des sa-