« Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/156 » : différence entre les versions

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Le Cardinal se vit alors maître des affaires, et sa faveur ne fut plus douteuse. J’avais trop peu de liaison avec le duc de Beaufort pour avoir part à sa disgrâce ; mais j’étais toujours également des amis de Mme de Chevreuse : j’étais persuadé qu’elle ignorait les desseins du duc de Beaufort, et qu’elle était injustement persécutée. La Reine conservait encore de l’amitié pour moi, et le souvenir de mon attachement pour elle n’était pas entièrement effacé de sa mémoire ; mais elle était trop puissamment entraînée par le cardinal Mazarin pour conserver longtemps des sentiments qui ne lui fussent pas agréables<ref>Mme de Motteville parle dans les mêmes termes (tome I, p. 152) de cette sujétion croissante de la Reine à son ministre, et de sa disposition, de plus en plus visible, à céder «c aux volontés de cet heureux homme. » </ref>.
Le Cardinal se vit alors maître des affaires, et sa faveur ne fut plus douteuse. J’avais trop peu de liaison avec le duc de Beaufort pour avoir part à sa disgrâce ; mais j’étais toujours également des amis de Mme de Chevreuse : j’étais persuadé qu’elle ignorait les desseins du duc de Beaufort, et qu’elle était injustement persécutée. La Reine conservait encore de l’amitié pour moi, et le souvenir de mon attachement pour elle n’était pas entièrement effacé de sa mémoire ; mais elle était trop puissamment entraînée par le cardinal Mazarin pour conserver longtemps des sentiments qui ne lui fussent pas agréables<ref>Mme de Motteville parle dans les mêmes termes (tome I, p. 152) de cette sujétion croissante de la Reine à son ministre, et de sa disposition, de plus en plus visible, à céder «c aux volontés de cet heureux homme. » </ref>.


La cour était soumise, le duc de Beaufort arrêté, Mme de Chevreuse éloignée<ref>Tout éloignée qu’elle fût, Mme de Chevreuse conspirait encore, si bien que le Cardinal lui envoya un exempt, chargé de l’éloigner davantage de Paris et de la conduire à Angoulême. La duchesse prit la fuite ; et, vers la lin de l’hiver de 1646, elle s’embarquait à Saint-Malo. Elle gagna les Pays-Bas à travers mille aventures, et s’établit à Liège, où elle renoua mieux que jamais le fil de ses intrigues, jusqu’à ce qu’en 1649 elle revint à Mazarin, dont elle fut dès lors un des plus fermes conseillers. Voyez les Mémoires de Montrésor, p. 355 et 358.</ref>, le duc de Vendôme, le duc de Mercœur<ref>Louis duc de Mercœur, puis duc de Vendôme, frère aîné du duc de Beaufort, né en ifiia, mort en 1612. Il épousa Laure-Victoire Mancini, une des nièces de Mazarin ; après la mort de celle-ci (1657), il entra dans l’Eglise, et devint cardinal et légat du Pape en France.</ref> et l’évêque de Beauvais exilés, le président Barillon<ref><ref name=p156>Jean-Jacques de Barillon, seigneur de Châtillon-sur-Seine, qu’il ne faut pas confondre avec Antoine de Barillon, maître des</ref></ref> prisonnier à Pignerol, la cabale des<ref follow=p155>{{tiret2|en|nemis}} les plus actifs de l’Etat, et comme un de ceux dont les menées ambitieuses sont le plus à craindre.</ref>
La cour était soumise, le duc de Beaufort arrêté, Mme de Chevreuse éloignée<ref>Tout éloignée qu’elle fût, Mme de Chevreuse conspirait encore, si bien que le Cardinal lui envoya un exempt, chargé de l’éloigner davantage de Paris et de la conduire à Angoulême. La duchesse prit la fuite ; et, vers la lin de l’hiver de 1646, elle s’embarquait à Saint-Malo. Elle gagna les Pays-Bas à travers mille aventures, et s’établit à Liège, où elle renoua mieux que jamais le fil de ses intrigues, jusqu’à ce qu’en 1649 elle revint à Mazarin, dont elle fut dès lors un des plus fermes conseillers. Voyez les Mémoires de Montrésor, p. 355 et 358.</ref>, le duc de Vendôme, le duc de Mercœur<ref>Louis duc de Mercœur, puis duc de Vendôme, frère aîné du duc de Beaufort, né en ifiia, mort en 1612. Il épousa Laure-Victoire Mancini, une des nièces de Mazarin ; après la mort de celle-ci (1657), il entra dans l’Eglise, et devint cardinal et légat du Pape en France.</ref> et l’évêque de Beauvais exilés, le président Barillon<ref name=p156>Jean-Jacques de Barillon, seigneur de Châtillon-sur-Seine, qu’il ne faut pas confondre avec Antoine de Barillon, maître des</ref> prisonnier à Pignerol, la cabale des<ref follow=p155>{{tiret2|en|nemis}} les plus actifs de l’Etat, et comme un de ceux dont les menées ambitieuses sont le plus à craindre.</ref>