« Les Frères Karamazov (trad. Henri Mongault)/II/06 » : différence entre les versions

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{{ChapitreNav|[[Auteur:Fédor Dostoïevski|Dostoïevski]], traduit par [[Auteur:Henri Mongault|H. Mongault]]|[[Les Frères Karamazov (trad. Henri Mongault)|Les Frères Karamazov]], 1923|Livre II : Une réunion déplacée|[[../05|Chap. V]]| |[[../07|Chap. VII]]}}
 
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Dmitri Fiodorovitch, jeune homme de vingt-huit ans, de taille moyenne et de figure agréable, paraissait notablement plus âgé. Il était musculeux et l’on devinait en lui une force physique considérable ; pourtant son visage maigre, aux joues affaissées, au teint d’un jaune malsain, avait une expression maladive. Ses yeux noirs, à fleur de tête, avaient un regard vague, bien que paraissant obstiné. Même lorsqu’il était agité et parlait avec irritation, son regard ne correspondait pas à son état d’âme. « Il est difficile de savoir à quoi il pense », disaient parfois ses interlocuteurs. Certains jours, son rire subit, attestant des idées gaies et enjouée, surprenait ceux qui, d’après ses yeux, le croyaient pensif et morose. D’ailleurs, son expression un peu souffrante n’avait rien que de naturel ; tout le monde était au courant de sa vie agitée et des excès auxquels il s’adonnait ces derniers temps, de même qu’on connaissait l’exaspération qui s’emparait de lui dans ses querelles avec son père, pour des questions d’argent. Il circulait en ville des anecdotes à ce sujet. À vrai dire, c’était une nature irascible, « un esprit saccadé et bizarre », comme le caractérisa dans une réunion notre juge de paix Simon Ivanovitch Katchalnikov. Il entra vêtu d’une façon élégante et irréprochable, la redingote boutonnée, en gants noirs, le haut-de-forme à la main. Comme officier depuis peu en retraite, il ne portait pour le moment que les moustaches. Ses cheveux châtains étaient coupés court et ramenés en avant. Il marchait à grands pas, d’un air décidé. Il s’arrêta un instant sur le seuil, parcourut l’assistance du regard et alla droit au starets, devinant en lui le maître de la maison. Il lui fit un profond salut et lui demanda sa bénédiction. Le starets s’étant levé pour la lui donner, Dmitri Fiodorovitch lui baisa la main avec respect et proféra d’un ton presque irrité :
 
Dmitri Fiodorovitch, jeune homme de vingt-huit ans, de taille moyenne et de figure agréable, paraissait notablement plus âgé. Il était musculeux et l’on devinait en lui une force physique considérable ; pourtant son visage maigre, aux joues affaissées, au teint d’un jaune malsain, avait une expression maladive. Ses yeux noirs, à fleur de tête, avaient un regard vague, bien que paraissant obstiné. Même lorsqu’il était agité et parlait avec irritation, son regard ne correspondait pas à son état d’âme. « Il est difficile de savoir à quoi il pense », disaient parfois ses interlocuteurs. Certains jours, son rire subit, attestant des idées gaies et enjouée, surprenait ceux qui, d’après ses yeux, le croyaient pensif et morose. D’ailleurs, son expression un peu souffrante n’avait rien que de naturel ; tout le monde était au courant de sa vie agitée et des excès auxquels il s’adonnait ces derniers temps, de même qu’on connaissait l’exaspération qui s’emparait de lui dans ses querelles avec son père, pour des questions d’argent. Il circulait en ville des anecdotes à ce sujet. À vrai dire, c’était une nature irascible, « un esprit saccadé et bizarre », comme le caractérisa dans une réunion notre juge de paix Simon Ivanovitch Katchalnikov. Il entra vêtu d’une façon élégante et irréprochable, la redingote boutonnée, en gants noirs, le haut-de-forme à la main. Comme officier depuis peu en retraite, il ne portait pour le moment que les moustaches. Ses cheveux châtains étaient coupés court et ramenés en avant. Il marchait à grands pas, d’un air décidé. Il s’arrêta un instant sur le seuil, parcourut l’assistance du regard et alla droit au starets, devinant en lui le maître de la maison. Il lui fit un profond salut et lui demanda sa bénédiction. Le starets s’étant levé pour la lui donner, Dmitri Fiodorovitch lui baisa la main avec respect et proféra d’un ton presque irrité :
 
« Veuillez m’excusez de m’être fait tellement attendre. Mais comme j’insistais pour connaître l’heure de l’entrevue, le domestique Smerdiakov, envoyé par mon père, m’a répondu deux fois catégoriquement qu’elle était fixée à une heure. Et maintenant j’apprends…