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Il ne s’était pas trompé. Une bougie brûlait dans un chandelier placé sur une petite table, à côté d’un lit qui lui parut fort engageant.

Bertheux saisit une poignée, qu’il tourna, et la porte s’ouvrit sans résistance.

Il fit trois pas en avant et aperçut une jeune fille qui dormait paisiblement, et sans aucun souci de ce qui se passait autour d’elle.

Bertheux se pencha pour la mieux voir.

— Elle est divinement belle, murmura-t-il.

Et l’ivresse roulait des vagues rouges dans son cerveau. Il s’assit sur le bord du lit.

— Voyons, la belle, ouvrons ces jolis yeux !…

Et, lui soulevant les paupières, il s’extasia devant deux beaux yeux noirs qui le regardaient sans colère.

— Et moi qui cherchais un lit ! dit-il en riant d’un rire épais et satisfait. Tu vas me donner la moitié du tien, n’est-ce pas, mon ange ?

En deux enjambées, il traversa la chambre, referma la porte, poussa le verrou, puis jeta sa tunique sur une chaise, ses bottes à droite et à gauche. Une fois déshabillé, il souffla la bougie, se glissa dans le lit et, saisissant entre ses bras le corps jeune et souple de la belle Italienne, il appuya ses lèvres brûlantes sur les lèvres de la jeune fille.

La nuit fut courte. Aux premiers rayons du soleil, un roulement de tambour réveilla brusquement les hôtes de la ferme abandonnée. Le clairon sonna et, en une seconde, tout le monde fut debout.

Le chirurgien, encore alourdi par les fumées des vins d’Asti et de Sicile, se mit sur son séant, cherchant à rassembler ses idées.

Il entendit des voix qui appelaient : Bertheux ! Bertheux ! puis, de nouveau, le clairon et le tambour.

Tout à coup il se souvint et se frappa le front. Il s’habilla à la hâte et descendit l’escalier quatre à quatre, le cœur serré et sans regarder derrière lui.

En bas, la colonne était prête pour le départ. Quelques paysans arrivaient, les uns à pied, les autres sur des charrettes recouvertes d’une toile grossière, pour reprendre possession de leurs habitations.

Dans la salle basse, où les débris du festin de la veille s’éparpillaient sur la table maculée, Bertheux aperçut un homme d’une cinquantaine d’années et une femme un peu