« Les Caprices de Marianne (Charpentier, 1888) » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 37 :
MARIANNE'', sortant de chez elle un livre de messe à la main et ''CIUTA'', l’abordant.''
 
'''CIUTA'''.—  Ma belle dame, puis-je vous dire un mot ?
 
'''MARIANNE'''.—  Que me voulez-vous ?
 
'''CIUTA'''.—  Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier, il cherche vainement l’occasion de vous l’apprendre ; son nom est Coelio ; il est d’une noble famille et d’une figure distinguée.
 
'''MARIANNE'''.—  En voilà assez. Dites à celui qui vous envoie qu’il perd son temps et sa peine et que s’il a l’audace de me faire entendre une seconde fois un pareil langage j’en instruirai mon mari.
 
''Elle sort.''
 
'''COELIO''','' entrant''.—  Eh bien ! Ciuta, qu’a-t-elle dit ?
 
'''CIUTA'''.—  Plus dévote et plus orgueilleuse que jamais elle instruira son mari, dit-elle, si on la poursuit plus longtemps.
 
'''COELIO'''.—  Ah ! Malheureux que je suis, je n’ai plus qu’à mourir ! Ah ! La plus cruelle de toutes les femmes ! Et que me conseilles-tu, Ciuta? Quelle ressource puis-je encore trouver ?
 
'''CIUTA'''.—  Je vous conseille d’abord de sortir d’ici, car voici son mari qui la suit.
 
''Ils sortent. - Entrent Claudio et Tibia.''
 
'''CLAUDIO'''.—  Es-tu mon fidèle serviteur, mon valet de chambre dévoué ? Apprends que j’ai à me venger d’un outrage.
 
'''TIBIA'''.—  Vous, Monsieur ?
 
'''CLAUDIO'''.—  Moi-même, puisque ces impudentes guitares ne cessent de murmurer sous les fenêtres de ma femme. Mais, patience ! Tout n’est pas fini. - Écoute un peu de ce côté-ci : voilà du monde qui pourrait nous entendre. Tu m’iras chercher ce soir le spadassin que je t’ai dit.
 
'''TIBIA'''.—  Pour quoi faire ?
 
'''CLAUDIO'''.—  Je crois que Marianne a des amants.
 
'''TIBIA'''.—  Vous croyez, Monsieur ?
 
'''CLAUDIO'''.—  Oui ; il y a autour de ma maison une odeur d’amants; personne ne passe naturellement devant ma porte ; il y pleut des guitares et des entremetteuses.
 
'''TIBIA'''.—  Est-ce que vous pouvez empêcher qu’on donne des sérénades à votre femme ?
 
'''CLAUDIO'''.—  Non, mais je puis poster un homme derrière la poterne et me débarrasser du premier qui entrera.
 
'''TIBIA'''.—  Fi ! Votre femme n’a pas d’amants. - C’est comme si vous disiez que j’ai des maîtresses.
 
'''CLAUDIO'''.—  Pourquoi n’en aurais-tu pas, Tibia ? Tu es fort laid, mais tu as beaucoup d’esprit.
 
'''TIBIA'''.—  J’en conviens, j’en conviens.
 
'''CLAUDIO'''.—  Regarde, Tibia, tu en conviens toi-même ; il n’en faut plus douter, et mon déshonneur est public.
 
'''TIBIA'''.—  Pourquoi public ?
 
'''CLAUDIO'''.—  Je te dis qu’il est public.
 
'''TIBIA'''.—  Mais, Monsieur, votre femme passe pour un dragon de vertu dans toute la ville ; elle ne voit personne, elle ne sort de chez elle que pour aller à la messe.
 
'''CLAUDIO'''.—  Laisse-moi faire. - Je ne me sens pas de colère après tous les cadeaux qu’elle a reçus de moi. - Oui, Tibia, je machine en ce moment une épouvantable trame et me sens prêt à mourir de douleur.
 
'''TIBIA'''.—  Oh ! Que non.
 
'''CLAUDIO'''.—  Quand je te dis quelque chose, tu me ferais plaisir de le croire.
 
''Ils sortent.''
 
'''COELIO''','' rentrant''.—  Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s’abandonne à un amour sans espoir ! Malheur à celui qui se livre à une douce rêverie avant de savoir où sa chimère le mène et s’il peut être payé de retour ! Mollement couché dans une barque, il s’éloigne peu à peu de la rive, il aperçoit au loin des plaines enchantées, de vertes prairies et le mirage léger de son Eldorado. Les vents l’entraînent en silence et, quand la réalité le réveille, il est aussi loin du but où il aspire que du rivage qu’il a quitté ; il ne peut ni poursuivre sa route ni revenir sur ses pas. ''(On entend un bruit d’instruments)''. Quelle est cette mascarade? N’est-ce pas Octave que j’aperçois ?
 
''Entre Octave.''
 
'''OCTAVE'''.—  Comment se porte, mon bon Monsieur, cette gracieuse mélancolie ?
 
'''COELIO'''.—  Octave ! Ô fou que tu es ! Tu as un pied de rouge sur les joues ! - D’où te vient cet accoutrement ? N’as-tu pas de honte en plein jour ?
 
'''OCTAVE'''.—  Ô Coelio ! Fou que tu es ! Tu as un pied de blanc sur les joues ! - D’où te vient ce large habit noir ? N’as-tu pas de honte en plein carnaval ?
 
'''COELIO'''.—  Quelle vie que la tienne ! Ou tu es gris, ou je le suis moi-même.
 
'''OCTAVE'''.—  Ou tu es amoureux, ou je le suis moi-même.
 
'''COELIO'''.—  Plus que jamais de la belle Marianne.
 
'''OCTAVE'''.—  Plus que jamais de vin de Chypre.
 
'''COELIO'''.—  J’allais chez toi quand je t’ai rencontré.
 
'''OCTAVE'''.—  Et moi aussi j’allais chez moi. Comment se porte ma maison ? Il y a huit jours que je ne l’ai vue.
 
'''COELIO'''.—  J’ai un service à te demander.
 
'''OCTAVE'''.—  Parle, Coelio, mon cher enfant. Veux-tu de l’argent ? Je n’en ai plus. Veux-tu des conseils ? Je suis ivre. Veux-tu mon épée ? Voilà une batte d’arlequin. Parle, parle, dispose de moi.
 
'''COELIO'''.—  Combien de temps cela durera-t-il ? Huit jours hors de chez toi ! Tu te tueras, Octave.
 
'''OCTAVE'''.—  Jamais de ma propre main, mon ami, jamais; j’aimerais mieux mourir que d’attenter à mes jours.
 
'''COELIO'''.—  Et n’est-ce pas un suicide comme un autre que la vie que tu mènes ?
 
'''OCTAVE'''.—  Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d’argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans ; toute une légion de monstres se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l’équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l’aveugle de ses ailes noires. Il continue sa course légère de l’orient à l’occident. S’il regarde en bas, la tête lui tourne ; s’il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu’il porte à la sienne, voilà ma vie, mon cher ami ; c’est ma fidèle image que tu vois.
 
'''COELIO'''.—  Que tu es heureux d’être fou !
 
'''OCTAVE'''.—  Que tu es fou de ne pas être heureux ! Dis moi un peu, toi, qu’est-ce qui te manque ?
 
'''COELIO'''.—  Il me manque le repos, la douce insouciance qui fait de la vie un miroir où tous les objets se peignent un instant et sur lequel tout glisse. Une dette pour moi est un remords. L’amour, dont vous autres vous faites un passe-temps, trouble ma vie entière. Ô mon ami, tu ignoreras toujours ce que c’est qu’aimer comme moi ! Mon cabinet d’étude est désert ; depuis un mois j’erre autour de cette maison la nuit et le jour. Quel charme j’éprouve, au lever de la lune, à conduire sous ces petits arbres, au fond de cette place, mon chœur modeste de musiciens, à marquer moi-même la mesure, à les entendre chanter la beauté de Marianne ! Jamais elle n’a paru à sa fenêtre ; jamais elle n’est venue appuyer son front charmant sur sa jalousie.
 
'''OCTAVE'''.—  Qui est cette Marianne ? Est-ce que c’est ma cousine ?
 
'''COELIO'''.—  C’est elle-même, la femme du vieux Claudio.
 
'''OCTAVE'''.—  Je ne l’ai jamais vue, mais à coup sûr elle est ma cousine. Claudio est fait exprès. Confie-moi tes intérêts, Coelio.
 
'''COELIO'''.—  Tous les moyens que j’ai tentés pour lui faire connaître mon amour ont été inutiles. Elle sort du couvent ; elle aime son mari et respecte ses devoirs. Sa porte est fermée à tous les jeunes gens de la ville, et personne ne peut l’approcher.
 
'''OCTAVE'''.—  Ouais ! Est-elle jolie ? - Sot que je suis ! Tu l’aimes, cela n’importe guère. Que pourrions-nous imaginer ?
 
'''COELIO'''.—  Faut-il te parler franchement ? Ne te riras-tu pas de moi ?
 
'''OCTAVE'''.—  Laisse-moi rire de toi, et parle franchement.
 
'''COELIO'''.—  En ta qualité de parent, tu dois être reçu dans la maison.
 
'''OCTAVE'''.—  Suis-je reçu? Je n’en sais rien. Admettons que je suis reçu. À te dire vrai, il y a une grande différence entre mon auguste famille et une botte d’asperges. Nous ne formons pas un faisceau bien serré, et nous ne tenons guère les uns aux autres que par écrit. Cependant Marianne connaît mon nom. Faut-il lui parler en ta faveur ?
 
'''COELIO'''.—  Vingt fois j’ai tenté de l’aborder ; vingt fois j’ai senti mes genoux fléchir en approchant d’elle. J’ai été forcé de lui envoyer la vieille Ciuta. Quand je la vois, ma gorge se serre et j’étouffe, comme si mon cœur se soulevait jusqu’à mes lèvres.
 
'''OCTAVE'''.—  J’ai éprouvé cela. C’est ainsi qu’au fond des forêts, lorsqu’une biche avance à petits pas sur les feuilles sèches et que le chasseur entend les bruyères glisser sur ses flancs inquiets comme le frôlement d’une robe légère, les battements de cœur le prennent malgré lui ; il soulève son arme en silence, sans faire un pas et sans respirer.
 
'''COELIO'''.—  Pourquoi donc suis-je ainsi ? N’est-ce pas une vieille maxime, parmi les libertins, que toutes les femmes se ressemblent ? Pourquoi donc y a-t-il si peu d’amours qui se ressemblent ? En vérité, je ne saurais aimer cette femme comme toi, Octave, tu l’aimerais, ou comme j’en aimerais une autre. Qu’est-ce donc pourtant que tout cela ? Deux yeux bleus, deux lèvres vermeilles, une robe blanche et deux blanches mains. Pourquoi ce qui te rendrait joyeux et empressé, ce qui t’attirerait, toi, comme l’aiguille aimantée attire le fer, me rend-il triste et immobile ? Qui pourrait dire : ceci est gai ou triste ? La réalité n’est qu’une ombre. Appelle imagination ou folie ce qui la divinise. Alors la folie est la beauté elle-même. Chaque homme marche enveloppé d’un réseau transparent qui le couvre de la tête aux pieds : il croit voir des bois et des fleuves, des visages divins, et l’universelle nature se teint sous ses regards des nuances infinies du tissu magique. Octave ! Octave ! Viens à mon secours.
 
'''OCTAVE'''.—  J’aime ton amour, Coelio ! Il divague dans ta cervelle comme un flacon syracusain. Donne-moi la main ; je viens à ton secours ; attends un peu, l’air me frappe au visage, et les idées me reviennent. Je connais cette Marianne, elle me déteste fort sans m’avoir jamais vu. C’est une mince poupée qui marmonne des Ave sans fin.
 
'''COELIO'''.—  Fais ce que tu voudras, mais ne me trompe pas, je t’en conjure; il est aisé de me tromper, je ne sais pas me défier d’une action que je ne voudrais pas faire moi-même.
 
'''OCTAVE'''.—  Si tu escaladais ses murs ?
 
'''COELIO'''.—  Entre elle et moi est une muraille imaginaire que je n’ai pu escalader.
 
'''OCTAVE'''.—  Si tu lui écrivais ?
 
'''COELIO'''.—  Elle déchire mes lettres ou me les renvoie.
 
'''OCTAVE'''.—  Si tu en aimais une autre ? Viens avec moi chez Rosalinde.
 
'''COELIO'''.—  Le souffle de ma vie est à Marianne ; elle peut d’un mot de ses lèvres l’anéantir ou l’embraser. Vivre pour une autre me serait plus difficile que de mourir pour elle : ou je réussirai ou je me tuerai. Silence! La voici qui détourne la rue.
 
'''OCTAVE'''.—  Retire-toi, je vais l’aborder.
 
'''COELIO'''.—  Y penses-tu ? Dans l’équipage où te voilà! Essuie-toi le visage : tu as l’air d’un fou.
 
'''OCTAVE'''.—  Voilà qui est fait. L’ivresse et moi; mon cher Coelio, nous sommes trop chers l’un à l’autre pour nous jamais disputer, elle fait mes volontés comme je fais les siennes. N’aie aucune crainte là-dessus, c’est le fait d’un étudiant en vacance qui se grise un jour de grand dîner, de perdre la tête et de lutter avec le vin ; moi, mon caractère est d’être ivre ; ma façon de penser est de me laisser faire, et je parlerais au roi en ce moment, comme je vais parler à ta belle.
 
'''COELIO'''.—  Je ne sais ce que j’éprouve. - Non, ne lui parle pas.
 
'''OCTAVE'''.—  Pourquoi ?
 
'''COELIO'''.—  Je ne puis dire pourquoi ; il me semble que tu vas me tromper.
 
'''OCTAVE'''.—  Touche là. Je te jure sur mon honneur que Marianne sera à toi, ou à personne au monde, tant que j’y pourrai quelque chose.
 
''Coelio sort. - Entre Marianne. Octave l’aborde.''
 
'''OCTAVE'''.—  Ne vous détournez pas, princesse de beauté ; laissez tomber vos regards sur le plus indigne de vos serviteurs.
 
'''MARIANNE'''.—  Qui êtes-vous ?
 
'''OCTAVE'''.—  Mon nom est Octave ; je suis cousin de votre mari.
 
'''MARIANNE'''.—  Venez-vous pour le voir ? Entrez au logis, il va revenir.
 
'''OCTAVE'''.—  Je ne viens pas pour le voir et n’entrerai point au logis, de peur que vous ne m’en chassiez tout à l’heure, quand je vous aurai dit ce qui m’amène.
 
'''MARIANNE'''.—  Dispensez-vous donc de le dire et de m’arrêter plus longtemps.
 
'''OCTAVE'''.—  Je ne saurais m’en dispenser et vous Supplie de vous arrêter pour l’entendre. Cruelle Marianne ! Vos yeux ont causé bien du mal, et vos paroles ne sont pas faites pour le guérir. Que vous avait fait Coelio ?
 
'''MARIANNE'''.—  De qui parlez-vous, et quel mal ai-je causé ?
 
'''OCTAVE'''.—  Un mal le plus cruel de tous, car c’est un mal sans espérance ; le plus terrible, car c’est un mal qui se chérit lui-même et repousse la coupe salutaire jusque dans la main de l’amitié, un mal qui fait pâlir les lèvres sous des poisons plus doux que l’ambroisie, et qui fond en une pluie de larmes le cœur le plus dur, comme la perle de Cléopâtre; un mal que tous les aromates, toute la science humaine ne sauraient soulager, et qui se nourrit du vent qui passe, du parfum d’une rose fanée, du refrain d’une chanson, et qui suce l’éternel aliment de ses souffrances dans tout ce qui l’entoure, comme une abeille son miel dans tous les buissons d’un jardin.
 
'''MARIANNE'''.—  Me direz-vous le nom de ce mal ?
 
'''OCTAVE'''.—  Que celui qui est digne de le prononcer vous le dise, que les rêves de vos nuits, que ces orangers verts, cette fraîche cascade vous l’apprennent ; que vous puissiez le chercher un beau soir, vous le trouverez sur vos lèvres ; son nom n’existe pas sans lui.
 
'''MARIANNE'''.—  Est-il si dangereux à dire, si terrible dans sa contagion, qu’il effraye une langue qui plaide en sa faveur ?
 
'''OCTAVE'''.—  Est-il si doux à entendre, cousine, que vous le demandiez ? Vous l’avez appris à Coelio.
 
'''MARIANNE'''.—  C’est donc sans le vouloir, je ne connais ni l’un ni l’autre.
 
'''OCTAVE'''.—  Que vous les connaissiez ensemble, et que vous ne les sépariez jamais, voilà le souhait de mon cœur.
 
'''MARIANNE'''.—  En vérité ?
 
'''OCTAVE'''.—  Coelio est le meilleur de mes amis. Si je voulais vous faire envie, je vous dirais qu’il est beau comme le jour, jeune, noble, et je ne mentirais pas ; mais je ne veux que vous faire pitié, et je vous dirai qu’il est triste comme la mort, depuis le jour où il vous a vue.
 
'''MARIANNE'''.—  Est-ce ma faute s’il est triste ?
 
'''OCTAVE'''.—  Est-ce sa faute si vous êtes belle ? Il ne pense qu’à vous ; à toute heure il rôde autour de cette maison. N’avez-vous jamais entendu chanter sous vos fenêtres ? N’avez-vous jamais soulevé à minuit cette jalousie et ce rideau?
 
'''MARIANNE'''.—  Tout le monde peut chanter le soir, et cette place appartient à tout le monde.
 
'''OCTAVE'''.—  Tout le monde aussi peut vous aimer ; mais personne ne peut vous le dire. Quel âge avez-vous, Marianne ?
 
'''MARIANNE'''.—  Voilà une jolie question ! Et si je n’avais que dix-neuf ans, que voudriez-vous que j’en pense ?
 
'''OCTAVE'''.—  Vous avez donc encore cinq ou six ans pour être aimée, huit ou dix ans pour aimer vous-même, et le reste pour prier Dieu.
 
'''MARIANNE'''.—  Vraiment ? Eh bien ! Pour mettre le temps à profit, j’aime Claudio, votre cousin et mon mari.
 
'''OCTAVE'''.—  Mon cousin et Votre mari ne feront jamais à eux deux qu’un pédant de village ; vous n’aimez point Claudio.
 
'''MARIANNE'''.—  Ni Coelio ; vous pouvez le lui dire.
 
'''OCTAVE'''.—  Pourquoi ?
 
'''MARIANNE'''.—  Pourquoi n’aimerais-je pas Claudio ? C’est mon mari.
 
'''OCTAVE'''.—  Pourquoi n’aimeriez-Vous pas Coelio ? C’est votre amant.
 
'''MARIANNE'''.—  Me direz-Vous aussi pourquoi je vous écoute ? Adieu, seigneur Octave ; voilà une plaisanterie qui a duré assez longtemps.
 
''Elle. sort.''
 
'''OCTAVE'''.—  Ma foi, ma foi ! Elle a de beaux yeux.
 
''Il sort.''