« Page:Sand - Histoire de ma vie - tome 2.djvu/469 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Newnewlaw: split
 
Aucun résumé des modifications
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 2 : Ligne 2 :


me rappela, et interpellant Rose en ma présence : — « Ce '
me rappela, et interpellant Rose en ma présence : — « Ce '
n'est pas la preir/ièrc fuis, lui dit-cllc, que je remarque
n'est pas la première fois, lui dit-elle, que je remarque
combien la petite a peur de toi. Je crois que tu la bruta-
combien la petite a peur de toi. Je crois que tu la brutalises. — Mais, dit la rousse indignée de me voir si salie et
lises. — Mais, dit la rousse indignée de me voir si salie et
si tachée, voyez comme elle est faite ! n'y a-t-il pas de
si tachée, voyez comme elle est faite ! n'y a-t-il pas de
quoi perdre patience quand il faut passer sa vie à laver et
quoi perdre patience quand il faut passer sa vie à laver et
Ligne 10 : Ligne 9 :
ton brusque, t'imagines-tu, par hasard, que je t'ai fait
ton brusque, t'imagines-tu, par hasard, que je t'ai fait
entrer ici pour faire autre chose que laver et raccommoder
entrer ici pour faire autre chose que laver et raccommoder
des nippes? crois-tu que c'est pour toucher une rente et
des nippes ? crois-tu que c'est pour toucher une rente et
lire Voltaire comme mademoiselle Julie? Ote-toi cela de
lire Voltaire comme mademoiselle Julie ? Ote-toi cela de
l'esprit, lave, racommode, laisse courir, jouer et grandir
l'esprit, lave, racommode, laisse courir, jouer et grandir
mon enfant, c'est comme cela que je l'entends et pas
mon enfant, c'est comme cela que je l'entends et pas
Ligne 18 : Ligne 17 :
Aussitôt que ma mère fut seule avec moi, elle me pressa
Aussitôt que ma mère fut seule avec moi, elle me pressa
de questions. « Je te vois trembler et pâlir quand elle te
de questions. « Je te vois trembler et pâlir quand elle te
failles gros yeux, me dit-elle; elle te gronde donc bien
failles gros yeux, me dit-elle ; elle te gronde donc bien
fort ? — Oui, répondis-je, elle me gronde trop fort. —
fort ? — Oui, répondis-je, elle me gronde trop fort. —
Mais j'espère, reprit ma mère, qu'elle n'a jamais eu le
Mais j'espère, reprit ma mère, qu'elle n'a jamais eu le
malheur de te donner une chiquenaude, car je la ferais
malheur de te donner une chiquenaude, car je la ferais
chasser dès ce soir I » L'idée de faire renvoyer cette pauvre
chasser dès ce soir I » L'idée de faire renvoyer cette pauvre fille qui m'aimait tant malgré ses emportements, fit rentrer au fond de mon cœur l'aveu que j'allais faire. Je
fille qui m'aimait tant malgré ses emportements, fit ren-
trer au fond de mon cœur l'aveu que j'allais faire. Je
gardai le silence. Ma mère insista vivement. Je vis qu'il
gardai le silence. Ma mère insista vivement. Je vis qu'il
fallait mentir, mentir pour la première fois de ma vie et
fallait mentir, mentir pour la première fois de ma vie et
mentir à ma mère ! mon cœur fit taire ma conscience. Je
mentir à ma mère ! mon cœur fit taire ma conscience. Je
mentis, et ma mèi-e, toujours soupçonneuse, n'attribuant
mentis, et ma mère, toujours soupçonneuse, n'attribuant
ma discrétion qu'à la crainte, mit ma générosité à une
ma discrétion qu'à la crainte, mit ma générosité à une
rude épreuve en me faisant affirmer plusieurs fois que je
rude épreuve en me faisant affirmer plusieurs fois que je
Ligne 36 : Ligne 33 :
A la fin, elle me crut. Rose ne sut pas ce que j'avais
A la fin, elle me crut. Rose ne sut pas ce que j'avais
fait pour elle. Tenue en respect par la présence de ma
fait pour elle. Tenue en respect par la présence de ma
'nère. elle se radoucit : mais par la suite, quand nous
mère. elle se radoucit : mais par la suite, quand nous