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me rappela, et interpellant Rose en ma présence : — « Ce ' |
me rappela, et interpellant Rose en ma présence : — « Ce ' |
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n'est pas la |
n'est pas la première fois, lui dit-elle, que je remarque |
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combien la petite a peur de toi. Je crois que tu la |
combien la petite a peur de toi. Je crois que tu la brutalises. — Mais, dit la rousse indignée de me voir si salie et |
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lises. — Mais, dit la rousse indignée de me voir si salie et |
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si tachée, voyez comme elle est faite ! n'y a-t-il pas de |
si tachée, voyez comme elle est faite ! n'y a-t-il pas de |
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quoi perdre patience quand il faut passer sa vie à laver et |
quoi perdre patience quand il faut passer sa vie à laver et |
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ton brusque, t'imagines-tu, par hasard, que je t'ai fait |
ton brusque, t'imagines-tu, par hasard, que je t'ai fait |
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entrer ici pour faire autre chose que laver et raccommoder |
entrer ici pour faire autre chose que laver et raccommoder |
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des nippes? crois-tu que c'est pour toucher une rente et |
des nippes ? crois-tu que c'est pour toucher une rente et |
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lire Voltaire comme mademoiselle Julie? Ote-toi cela de |
lire Voltaire comme mademoiselle Julie ? Ote-toi cela de |
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l'esprit, lave, racommode, laisse courir, jouer et grandir |
l'esprit, lave, racommode, laisse courir, jouer et grandir |
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mon enfant, c'est comme cela que je l'entends et pas |
mon enfant, c'est comme cela que je l'entends et pas |
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Aussitôt que ma mère fut seule avec moi, elle me pressa |
Aussitôt que ma mère fut seule avec moi, elle me pressa |
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de questions. « Je te vois trembler et pâlir quand elle te |
de questions. « Je te vois trembler et pâlir quand elle te |
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failles gros yeux, me dit-elle; elle te gronde donc bien |
failles gros yeux, me dit-elle ; elle te gronde donc bien |
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fort ? — Oui, répondis-je, elle me gronde trop fort. — |
fort ? — Oui, répondis-je, elle me gronde trop fort. — |
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Mais j'espère, reprit ma mère, qu'elle n'a jamais eu le |
Mais j'espère, reprit ma mère, qu'elle n'a jamais eu le |
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malheur de te donner une chiquenaude, car je la ferais |
malheur de te donner une chiquenaude, car je la ferais |
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chasser dès ce soir I » L'idée de faire renvoyer cette pauvre |
chasser dès ce soir I » L'idée de faire renvoyer cette pauvre fille qui m'aimait tant malgré ses emportements, fit rentrer au fond de mon cœur l'aveu que j'allais faire. Je |
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fille qui m'aimait tant malgré ses emportements, fit ren- |
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trer au fond de mon cœur l'aveu que j'allais faire. Je |
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gardai le silence. Ma mère insista vivement. Je vis qu'il |
gardai le silence. Ma mère insista vivement. Je vis qu'il |
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fallait mentir, mentir pour la première fois de ma vie et |
fallait mentir, mentir pour la première fois de ma vie et |
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mentir à ma mère ! mon cœur fit taire ma conscience. Je |
mentir à ma mère ! mon cœur fit taire ma conscience. Je |
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mentis, et ma |
mentis, et ma mère, toujours soupçonneuse, n'attribuant |
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ma discrétion qu'à la crainte, mit ma générosité à une |
ma discrétion qu'à la crainte, mit ma générosité à une |
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rude épreuve en me faisant affirmer plusieurs fois que je |
rude épreuve en me faisant affirmer plusieurs fois que je |
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A la fin, elle me crut. Rose ne sut pas ce que j'avais |
A la fin, elle me crut. Rose ne sut pas ce que j'avais |
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fait pour elle. Tenue en respect par la présence de ma |
fait pour elle. Tenue en respect par la présence de ma |
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mère. elle se radoucit : mais par la suite, quand nous |