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VOYAGE EN ORIENT.

est terminé par un buffle destiné à être sacrifié devant le tombeau ; sa viande est ensuite distribuée aux pauvres.

On voit encore plus de personnes aux convois des cheiks dévots ou de l’un des grands ulémas. On ne couvre point d’un cbâle le cercueil de ces personnages. Le wili (saint) est, en outre, à l’occasion de ces funérailles, honoré d’une manière toute particulière. Des femmes suivent son cercueil ; mais, au lieu de pleurer et de se lamenter comme elles le feraient pour un mortel ordinaire, elles font retentir l’air de cris aigus et de chants de joie nommés Zugharite ; si elles suspendent ces accents joyeux, ne fût-ce que pour l’espace d’une minute, les porteurs déclarent ne pouvoir avancer, et qu’un pouvoir surnaturel les tient rivés à l’endroit où ils se trouvent.

Les cercueils en usage pour les jeunes garçons et les femmes sont différents de ceux des hommes. Il est vrai que, comme ceux des hommes, ils ont un couvercle de bois sur lequel est étendu un châle ; mais ces cercueils ont à la tête un morceau de bois droit, nommé shahid. Ce sbabid est couvert d’un châle, et la partie supérieure (lorsque le cercueil renferme une femme de la classe moyenne ou une femme d’un haut rang) est parée de divers ornements appartenant à la coiffure féminine. Le haut, en étant plat qu circulaire, sert souvent à y placer un kurs (ornement rond en or ou en argent, enrichi de diamants ou d’or ciselé en relief, qui est porté par les femmes sur le sommet de la tête) ; par derrière, on suspend le safa (un certain nombre de tresses en soie noire avec des ornements en or, que les dames ajoutent à leurs cheveux nattés, retombant le long de leur dos). On distingue le cercueil d’un garçon par un turban, ordinairement en cachemire rouge, et placé en haut du shahid, et, lorsque le garçon est très-jeune, on y ajoute le kurs et le safa. S’il s’agit d’un enfant en bas âge, un homme le transporte dans ses bras au cimetière ; son corps n’est recouvert que d’un châle ; quelquefois aussi, on le met dans un petit cercueil, qu’un homme porte sur sa tête.

Les enterrements des femmes et des jeunes garçons, quoique