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VOYAGE EN ORIENT.

hauteurs à compter du sol ; ce qui fait qu’il faut sans cesse monter ou descendre quelques pas pour passer d’une chambre à une autre. Le but principal de l’architecte est de rendre la maison aussi retirée que possible, surtout dans la partie destinée à l’habitation des femmes, et d^éviter que l’on puisse, des fenêtres, voir dans les appartements, ou être vu des maisons voisines.

Dans les maisons des personnes riches ou d’un certain rang, l’architecte a soin de ménager une porte secrète {bâb sirs), nom que l’on donne aussi quelquefois aux portes des harems, pour faciliter une évasion en cas de danger d’arrestation, ou d’assassinat, ou bien pour donner accès à quelque maîtresse qui peut ainsi être introduite et reconduite en secret ; les maisons des riches contiennent aussi des cachettes pour les trésors ; cet endroit est nommé makhba. On trouve encore, dans les harems des grandes maisons, des salles de bains, qui sont chauffées de la même manière que les établissements de bains publics.

Lorsque le bas d’une maison est occupé par des domestiques, les étages supérieurs sont divisés en logements distincts, et cette partie de la maison est nommée raba ; ces logements sont entièrement séparés les uns des autres, ainsi que des boutiques au-dessous, et on les loue à des familles qui n’ont pas les moyens de payer le loyer d’une maison entière. Chacun des logements d’un raba est composé d’une ou de deux salles, d’une chambre à coucher, et ordinairement d’une cuisine et de ses dépendances. Il est rare de trouver de semblables logements ayant sur la rue une entrée particulière.

Les logements dont il est question ne sont jamais loués meublés, et il est rare qu’une personne n’ayant ni femme ni esclave femelle, soit agréée comme locataire dans de telles maisons et même dans une maison particuiière. Une telle personne, à moins d’avoir de proches parents chez lesquels elle puisse demeurer, est forcée de se loger dans un bâtiment nommé wekaleh, servant d’asile aux marchands et à leurs ballots.