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de me retirer. Tout le monde l’a blâmé. Ma tante me
de me retirer. Tout le monde l’a blâmé. Ma tante me
suivant jusqu’à la porte, et prenant ma main, m’a
suivant jusqu’à la porte, et prenant ma main, m’a
dit d’une voix basse : soyez sûre, Henriette, que
Sir Charles même ne vous nommera point sa femme,
s’il est capable de vous traiter avec la moindre
indifférence. Je n’y comprends rien, a-t-elle
ajouté. Il est impossible qu’il se soit choqué.
J’espère que tout sera éclairci avant l’arrivée de
votre grand’mère. Elle sera fort jalouse de
l’honneur de sa fille.
Je n’ai fait aucune réponse, je n’aurois pu
répondre. Mais j’ai doublé le pas jusqu’à ma
chambre, et j’ai pris ma plume, après avoir essuyé,
à la vérité, quelques larmes, que les mauvaises
plaisanteries de mon oncle m’avoient arrachées. Vous
aimez que je vous rende compte de mes idées à
mesure que l’occasion les fait naître. Vous
voulez qu’il ne m’en échappe rien… mais je vois
entrer ma tante.
Ma tante est venue, un billet à la main. Descendez,
Henriette, venez déjeûner avec nous ; Sir
Charles n’arrivera point avant l’heure du dîner.
Lisez ce billet, nous venons de le recevoir d’un de
ses gens qui est remonté à cheval aussi-tôt. Je
regrette qu’on ne l’ait pas retenu, nous lui
aurions fait cent questions.
'' à Madame Selby. ''

" j’ai eu le chagrin, madame, d’être arrêté par une
impertinente visite. Celle du meilleur de mes amis
mériteroit le même nom dans ces circonstances.
Permettez que je remette l’honneur de vous voir à
l’heure du dîner : depuis deux heures, j’avois à
chaque moment l’espérance de me dégager, sans quoi
j’aurois envoyé plus tôt. "
quelle visite, ai-je dit en finissant de lire, peut
être capable d’arrêter un homme contre son
inclination ? Qui se défera d’une '' impertinente visite ''
, si le chevalier Grandisson n’y parvient,
quoique lié par un engagement ? Mais je marche sur
vos pas, madame.
Je suis descendue : mon oncle étoit dans une
extrême impatience : je m’en suis consolée, en
souhaitant néanmoins, ne fût-ce que pour le pacifier,
d’avoir assez de pétulance pour le railler à mon
tour. Oui, oui, de tout mon cœur, a-t-il répondu
à quelques discours que j’ai hasardés. Nous verrons
ce que Sir Charles nous dira pour sa défense. Mais
à l’ âge où je suis, s’il falloit recommencer mon
cours de galanterie avec Madame Selby, il n’y a
point d’affaire au monde qui me fît manquer de
parole à ma maîtresse. Je n’en admire pas moins la
bonté d’ame qui vous porte à l’excuser, l’amour
couvre une multitude de fautes.
Ma tante n’a pas dit un mot en faveur de Sir
Charles ; elle est inquiète, et loin de ses
espérances. Nous avons fait un déjeûner des plus
courts, en nous regardant l’un l’autre, comme des
gens qui voudroient s’entr’aider,