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APPENDICE.

le henné. Dans les rues, quand ils ne dansent pas, ils sont souvent voilés, non par honte, mais simplement pour mieux imiter les manières féminines. Souvent aussi on les emploie de préférence aux Ghawazies pour danser dans les cours ou aux portes des maisons à l’occasion des fêtes de famille. Il y a au Caire une autre classe de danseurs, tant d’hommes que de jeunes garçons, dont les exercices, le costume et l’aspect sont presque exactement semblables à ceux des kowals ; mais ils se distinguent de ces derniers par le nom de gink, mot turc qui exprime parfaitement le caractère de ces danseurs, qui sont généralement juifs, Arméniens, ou Grecs.


V — LES JONGLEURS


Il y a en Égypte une classe d*hommes qui possèdent, à ce qu’on suppose, comme les anciens psylles de Cyrénaïque, cet art mystérieux auquel il est fait allusion dans la Bible, et qui rend invulnérable à la morsure des serpents. Beaucoup d’écrivains ont fait des récits surprenants sur ces psylles modernes, que les Égyptiens les plus éclairés regardent comme des imposteurs ; mais personne n’a donné des détails satisfaisants sur leurs tours d’adresse les plus ordinaires ou les plus intéressants.

Beaucoup des derviches des ordres inférieurs gagnent leur vie en faisant des espèces d’exorcismes autour des maisons pour en écarter les serpents. Ils parcourent l’Égypte en tout sens et trouvent souvent à s’employer ; mais leurs gains sont fort minimes. Le conjurateur prétend découvrir sans le secours de la vue s’il y a des serpents ; et, lorsqu’il y en a, il affirme pouvoir les attirer à lui par la seule fascination de la voix. Alors, il prend un air mystérieux, frappe les murs avec une petite baguette de palmier, siffle, imite le gloussement de la poule avec sa langue, crache à terre et dit : « Que tu sois en haut ou en bas, je t’adjure au nom de Dieu d’apparaître à l’instant ! — Je t’adjure par le plus grand nom ! si tu es obéissant, parais ! et, si tu es désobéissant, meurs ! meurs ! meurs ! » —