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VOYAGE EN ORIENT.

dans presque toutes les villes considérables de l’Égypte. En général, leurs habitations sont des cahutes basses ou des tentes provisoires, car elles voyagent souvent d’une ville à l’autre. Cependant quelques-unes s*établissent dans de grandes maisons et achètent de jeunes esclaves noires, puis des chameaux, des ânes et des vaches sur lesquels elles trafiquent. Elles suivent les camps et se trouvent à toutes les fêtes religieuses ou autres ; ce qui, pour beaucoup de gens, en forme le principal attrait. Dans ces occasions, on voit de nombreuses tentes de Ghawazies ; quelques-unes ajoutent le chant à la danse et vont de pair avec les Awalim, qui sont de la plus basse classe. D’autres encore portent le toba de gaze par-dessus un autre vêtement avec le shintyan et un tarhah de crêpe ou de mousseline, et se parent en général d’une profusion d’ornements, tels que dentelles, bracelets et cercles aux jambes. Elles portent aussi un rang de pièces d’or sur le front, et quelquefois un anneau dans l’une des narines, et toutes emploient la couleur du henné pour teindre leurs mains et leurs pieds.

Au Caire, beaucoup de gens qui affectent de croire qu’il n’y a d’autre inconvenance, dans ces danses, que celle d’être exécutées par des femmes, lesquelles ne devraient pas s’exposer ainsi en public, emploient des hommes pour ces sortes de divertissements ; mais le nombre de ces danseurs, qui sont pour la plupart de jeunes hommes, et qu’on appelle khowals, est fort restreint. Ils sont natifs d’Égypte. Devant représenter des femmes, leurs danses ont le même caractère que celles des Ghawazies, et ils agitent leurs castagnettes de la même manière. Mais, comme s’ils voulaient éviter qu’on ne prit leur rôle au sérieux, leur costume, qui s’accorde en cela avec leur singulière profession, est mi-partie masculin et mi-partie féminin : il consiste principalement en une veste fermée, une ceinture et une espèce de jupe ; toutefois, leur ensemble est plutôt féminin que masculin, sans doute parce qu’ils laissent croître leurs cheveux et les tressent à la manière des femmes. Ils imitent les femmes en se nuançant les paupières et en colorant leurs mains avec