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APPENDICE.

coutume d’orner ainsi les monuments dont nous parlons, et qui, pour la plupart, portent les noms d’anciens rois, montre combien ces danses ont été communes à toute l’Égypte dans les temps les plus reculés, même avant la fuite des Israélites. Il est donc probable que les Ghawazies modernes descendent de cette classe de danseuses qui divertissaient les premiers pharaons. On pourrait inférer, de la ressemblance du fandango avec les danses des Ghawazies, qu’il fut introduit en Espagne parles conquérants arabes ; mais on sait que les femmes de Gadés (actuellement Cadix) étaient renommées pour ces sortes d’exercices dès les premiers temps des empereurs romains.

Les Ghawazys, hommes et femmes, se distinguent ordinairement des autres classes en ce qu’ils ne se marient qu’entre eux ; mais on voit quelquefois une Ghaziyeh faire vœu de pauvreté et épouser quelque Arabe honorable, qui généralement n’est pas déconsidéré par cette alliance. Les Ghawazies sont toutes destinées à de misérables professions, mais toutes ne se consacrent pas à la danse. Le plus grand nombre se marient, mais jamais avant d’avoir embrassé l’état qu’elles ont choisi.

Le mari est soumis à la femme, il lui sert de domestique et de pourvoyeur, et généralement, si elle est danseuse, il est aussi son musicien. Cependant quelques hommes gagnent leur vie comme forgerons, taillandiers ou chaudronniers.

Quoique quelques-unes des Ghawazies possèdent des biens considérables et de riches ornements, beaucoup de leurs costumes sont semblables à celui de ces bohémiens qu’on voit en Europe et que nous supposons être originaires d’Égypte. Le langage ordinaire des Ghawassys des deux sexes est le même que celui du reste des Égyptiens ; mais, quelquefois, ils font usage d-un certain nombre de mots particuliers à eux seuls, afin de se rendre inintelligibles aux étrangers. Quant à la religion, ils professent ouvertement le mahométisme, et il arrive souvent que quelques-uns suivent les caravanes égyptiennes jusqu’à la Mecque. On voit un grand nombre de Ghawazies