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APPENDICE.

qu’il puisse la reprendre, il la marie d’ordinaire à un pauvre très-laid et quelquefois à un aveugle. Cet homme est appelé mustahall ou mustahull.

On peut aisément concevoir que la facilité avec laquelle se font les divorces a des effets funestes sur la moralité des deux sexes. On trouve en Égypte bien des hommes qui ont épousé vingt ou trente femmes dans l’espace de dix ans ; et il n’est pas rare de voir des femmes, jeunes encore, qui ont été successivement les épouses légitimes d’une douzaine d’hommes. II y a des hommes qui épousent tous les mois une autre femme. Cette pratique peut avoir lieu même parmi les personnes peu fortunées ; on peut choisir, en passant dans les rues du Caire, une belle veuve jeune, ou une femme divorcée de la classe inférieure, qui consent à se marier avec l’homme qui la rencontre, moyennant un douaire d’environ douze francs cinquante centimes, et, lorsqu’il la renvoie, il n’est obligé qu’au payement du double de cette somme pour subvenir à son entretien durant l’eddeh qu’elle doit alors accomplir. Il faut cependant dire qu’une semblable conduite est généralement considérée comme très-immorale, et qu’il y a peu de parents de la classe moyenne ou des classes élevées qui voudraient donner leur fille à un homme connu pour avoir divorcé plusieurs fois.

La polygamie, qui agit aussi d’une manière bien nuisible sur la moralité des époux, et qui n’est approuvée que parce qu’elle sert à prévenir plus d’immoralité qu’elle n’en occasionne, est plus rare chez les grands et dans la classe moyenne que dans la basse classe, quoique ce cas ne soit pas très-fréquent dans cette dernière. Quelquefois, un pauvre se permet deux ou plusieurs femmes, dont chacune puisse, par le travail qu’elle fait, à peu près fournir à sa subsistance ; mais la plupart des personnes des classes moyennes ou élevées renoncent à ce système à cause des dépenses et des désagréments de toute espèce qui en résultent.

Il arrive qu’un homme qui possède une femme stérile, et qui l’aime trop pour divorcer d’avec elle, se voit obligé de