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noir et blanc fraîchement arrosé. Mon regard, quand il se détourne du livre que je lis, caresse les rayons de bois brun qui forment ma bibliothèque, la longue table couverte de papiers où, dans un vase de grès, couleur de terre, une branche de pin, avec ses fruits et ses aiguilles, raconte à ma rêverie le poème de la forêt. Le calme de cette cellule a quelque chose de divin, comme si un ange avait passé là, écrivant de son doigt céleste, sur la blancheur immaculée du mur, le mot qu’on lit dans les monastères : « Silence ! » Je goûte la perfection du repos, loin du monde, loin de ma vie ancienne, sans regret et sans désir, mais avec un pressentiment vague, qui ne trouble point ma paix. Je sais que la douceur de ce moment contient la promesse d’une autre douceur : ainsi, dans un chant, la note suspendue annonce la note qui va suivre et qui achèvera la mélodie. Le livre, ouvert devant moi, s’accorde à la suavité du matin. Le hasard a mis sous mes yeux une scène du Purgatoire, la scène délicieuse où Dante rencontre Matelda qui va seule, chan-