« Annales (Tacite)/Livre III » : différence entre les versions
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Agrippine, dont l'hiver n'avait nullement interrompu la navigation, arrive à l'île de Corcyre, située vis-à-vis de la Calabre
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Tibère et Augusta s'abstinrent de paraître en public soit qu'ils crussent au-dessous de la majesté suprême de donner leurs larmes en spectacle ; soit qu'ils craignissent que tant de regards, observant leurs visages, n'y lussent la fausseté de leurs cœurs. Pour Antonia, mère de Germanicus, je ne trouve ni dans les histoires ni dans les Actes journaliers(1) de cette époque, qu'elle ait pris part à aucune cérémonie remarquable ; et cependant, avec Agrippine, Drusus et Claude, sont expressément nommés tous les autres parents. Peut-être fut-elle empêchée par la maladie ; peut-être, vaincue par la douleur, n'eut-elle pas la force d'envisager de ses yeux la grandeur de son infortune. Toutefois je croirais plutôt que Tibère et Augusta, qui ne sortaient pas du palais, l'y retinrent malgré elle, afin que l'affliction parût également partagée, et que l'absence de la mère justifiât celle de l'oncle et de l'aïeule.
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Quelques-uns auraient désiré plus de pompe à des funérailles publiques : ils rappelaient ce que la magnificence d'Auguste avait fait pour honorer les obsèques de Drusus, père de Germanicus, "son voyage à Ticinum(1), au plus fort de l'hiver, et son entrée dans Rome avec le corps, dont il ne s'était pas un instant séparé ; ces images des Claudes et des Jules environnant le lit funéraire ; les pleurs du Forum ; l'éloge prononcé du haut de la tribune ; tous les honneurs institués par nos ancêtres ou imaginés dans les âges modernes, accumulés pour Drusus : tandis que Germanicus n'avait pas reçu les plus ordinaires, ceux auxquels tout noble avait droit de prétendre. Qu'il eût fallu, à cause de l'éloignement des lieux, lui dresser dans une terre étrangère un vulgaire bûcher, n'était-ce pas une raison pour lui rendre avec usure ce que le sort lui avait dénié en ce premier moment ? Son frère n'était allé au-devant de lui qu'à une journée de Rome ; son oncle ne s'était pas même avancé jusqu'aux portes. Qu'étaient devenues les coutumes antiques, ce lit de parade où l'on plaçait l'effigie du mort, ces vers que l'on chantait à sa louange, ces panégyriques, ces larmes, symboles d'une douleur au moins apparente ?"
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Tibère fut instruit de ces murmures : afin de les étouffer, il rappela par un édit "que beaucoup de Romains étaient morts pour la patrie, et que pas un n'avait excité une telle ardeur de regrets : regrets honorables sans doute et au prince et aux citoyens, pourvu qu'ils eussent des bornes, car la dignité interdisait aux chefs d'un grand empire et au peuple-roi ce qui était permis à des fortunes privées et à de petits États. Une douleur récente n’avait pas dû se refuser la consolation du deuil et des pleurs ; mais il était temps que les âmes retrouvassent leur fermeté : ainsi le divin Jules, privé de sa fille unique, ainsi le divin Auguste, après la mort de ses petits-fils, avaient dévoré leurs larmes. S'il fallait des exemples plus anciens, combien de fois le peuple romain n'avait-il pas supporté courageusement la défaite de ses armées, la perte de ses généraux, l'extinction de ses plus nobles familles ? Les princes mouraient ; la République était immortelle. On pouvait donc retourner aux devoirs accoutumés, et même aux plaisirs, qu'allaient ramener les jeux de la grande Déesse(1). "
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Je me souviens d'avoir entendu raconter à des vieillards qu'on vit plusieurs fois, dans les mains de Pison, des papiers dont il ne divulgua point le secret, mais qui, au dire de ses amis, contenaient des lettres et des instructions de Tibère contre Germanicus. "Il avait résolu, dit-on, de les lire en plein sénat et d'accuser le prince, si Séjan ne l'eut amusé par de vaines promesses. Enfin il ne se tua pas lui-même : un meurtrier lui fut dépêché." Je ne garantis ni l’un ni l'autre de ces faits ; cependant je n'ai pas dû supprimer une tradition dont les auteurs vivaient encore dans ma jeunesse. Tibère, avec une tristesse affectée, se plaignit devant le sénat d'une mort qui avait pour but de lui attirer des haines ; ensuite il questionna beaucoup l'affranchi sur le dernier jour, sur la dernière nuit de Pison. À des réponses généralement prudentes cet homme mêlant quelques paroles indiscrètes, Tibère lut la lettre de Pison, qui était conçue à peu près en ces termes : "Accablé sous la conspiration de mes ennemis et sous le poids d'une odieuse et fausse imputation, puisque la vérité, puisque mon innocence ne trouvent accès nulle part, je prends les dieux à témoin, César, que ma fidélité envers toi fut toujours égale à mon pieux respect pour ta mère. Je vous implore tous deux en faveur de mes enfants. Cnéius, de quelque façon qu'on me juge, n'est pas lié à ma fortune, n'ayant point quitté Rome pendant ces derniers temps. Marcus m'avait dissuadé de rentrer en Syrie ; et plût aux dieux que j'eusse cédé à la jeunesse de mon fils, plutôt que lui à l'âge et à l'autorité de son père ! Je t'en conjure avec plus d'instances de ne pas le punir de mon erreur, dont il est innocent. C'est au nom de quarante-cinq ans de dévouement, au nom du consulat où nous fûmes collègues
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Le prince adoucit beaucoup la sévérité de cet avis. Il ne voulut pas que le nom de Pison fût rayé des fastes, puisqu'on y maintenait celui de Marc-Antoine, qui avait fait la guerre à la patrie, celui d'Iulus Antonius, qui avait porté le déshonneur dans la maison d'Auguste(1). Il sauva Marcus de l'ignominie, et lui laissa les biens paternels. J'ai déjà dit plusieurs fois que Tibère n'était point dominé par l'avarice ; et la honte d'avoir absous Plancine le disposait à la clémence. Valérius Messalinus proposait de consacrer une statue d'or dans le temple de Mars Vengeur, Cécina Sévérus d'élever un autel à la Vengeance ; César s'y opposa : "Ces monuments, disait-il, étaient faits pour des victoires étrangères ; les malheurs domestiques devaient être couverts d'un voile de tristesse." Messalinus avait opiné aussi pour que Tibère, Augusta, Antonio, Drusus et Agrippine reçussent des actions de grâces comme vengeurs de Germanicus. Il n'avait fait aucune mention de Claude, et L. Asprénas lui demanda publiquement si cette omission était volontaire : alors le nom de Claude fut ajouté au décret. Pour moi, plus je repasse dans mon esprit de faits anciens et modernes, plus un pouvoir inconnu me semble se jouer des mortels et de leurs destinées. Certes, le dernier homme que la renommée, son espérance, les respects publics, appelassent à l'empire, était celui que la fortune tenait caché pour en faire un prince.
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Peu de jours après, Tibère fit donner par le sénat des sacerdoces à Vitellius, à Véranius, à Servéus. En promettant à Fulcinius de l'appuyer dans la recherche des honneurs, il l'avertit de prendre garde aux écarts d'une éloquence trop fougueuse. Là se bornèrent les expiations offertes aux mânes de Germanicus, dont la mort a été, non seulement chez les contemporains, mais dans les générations suivantes, un sujet inépuisable de controverse : tant sont enveloppés de nuages les plus grands événements, grâce à la crédulité qui accueille les bruits les moins fondés, au mensonge qui altère les faits les plus réels ; double cause d'une incertitude qui s'accroît avec le temps. Drusus, qui était sorti de Rome pour reprendre les auspices
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===Guerre en Afrique contre Tacfarinas===
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La même année Tacfarinas, battu l'été précédent par Camillus, ainsi que je l'ai dit, recommença la guerre en Afrique. Ce furent d'abord de simples courses, dont la vitesse le dérobait à toutes les poursuites. Bientôt il saccage les bourgades, entraîne après lui d'immenses butins, et finit par assiéger, près du fleuve Pagida
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À la nouvelle de cet échec, L. Apronius, successeur de Camillus, plus indigné de la honte des Romains qu'alarmé du succès de l'ennemi, fit un exemple rare dans ces temps-là, et d'une sévérité antique : il décima la cohorte infâme, et tous ceux que désigna le sort expirèrent sous la verge. Cet acte de rigueur fut si efficace, qu'un corps de cinq cents vétérans défit seul les mêmes troupes de Tacfarinas, devant le fort de Thala(1), qu'elles venaient attaquer. Dans cette action, Helvius Rufus, simple soldat, eut la gloire de sauver un citoyen. Apronins lui donna la pique et le collier. Comme proconsul, il pouvait ajouter la couronne civique : il laissa ce mérite au prince, qui s'en plaignit plus qu'il n'en fut offensé. Tacfarinas, voyant ses Numides découragés et rebutés des sièges, court de nouveau la campagne, fuyant dès qu'on le presse, et bientôt revenant à la charge. Tant qu'il suivit ce plan, il se joua des efforts de l'armée romaine, qui se fatiguait vainement à le poursuivre. Lorsqu'il eut tourné sa course vers les pays maritimes, embarrassé de son butin, il lui fallut s'assujettir à des campements fixes. Alors Apronius Césianus, envoyé par son père avec de la cavalerie et des cohortes auxiliaires renforcées des légionnaires les plus agiles, battit les Numides et les rechassa dans leurs déserts.
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===Procès de Lépida===
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Cependant à Rome, Lépida, en qui l'honneur d'avoir Sylla et Pompée pour bisaïeuls rehaussait l'éclat du nom Émilien, fut accusée d'avoir supposé un fruit de son mariage avec P. Quirinus, homme riche et sans enfants. On lui reprochait encore l'adultère, le poison, et des questions criminelles adressées aux astrologues sur la maison de César. Elle fut défendue par Manius Lépidus, son frère. Quoique décriée et coupable, l'acharnement de Quirinus à la poursuivre après l'avoir répudiée lui conciliait la pitié publique. Il serait difficile de discerner quels furent, dans ce procès, les vrais sentiments du prince, tant il sut varier et entremêler les signes de colère et de clémence. Il pria d'abord le sénat de ne point avoir égard à l'accusation de lèse-majesté ; ensuite il fit adroitement dénoncer par le consulaire M. Servilius, et par d'autres témoins, ce qu'il semblait avoir voulu taire. D'un autre côté, il transféra les esclaves de Lépida de la garde des soldats à celle des consuls
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Lépida, pendant les jeux
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=== Décimus Silanus===
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On parla ensuite d'adoucir la loi Papia Poppea
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===Digression de Tacite sur les lois===
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Après l'expulsion de Tarquin, le peuple, en vue d'assurer sa liberté et d'affermir la concorde, se donna, contre les entreprises des patriciens, de nombreuses garanties. Des décemvirs furent créés, qui, empruntant aux législations étrangères ce qu'elles avaient de meilleur, en formèrent les Douze Tables, dernières lois dont l'équité soit le fondement, car si celles qui suivirent eurent quelquefois pour but de réprimer les crimes, plus souvent aussi, nées de la division entre les ordres, d'une ambition illicite, de l'envie de bannir d'illustres citoyens ou de quelque motif également condamnable, elles furent l'ouvrage de la violence. De là les Gracques et Saturninus semant le trouble dans la multitude ; et Drusus non moins prodigue de concessions au nom du sénat ; et les alliés gâtés par les promesses, frustrés par les désaveux. Ni la guerre italique, ni la guerre civile, qui la suivit de près n'empêchèrent d'éclore une foule de lois, souvent contradictoires; jusqu'à ce que L. Sylla, dictateur, après en avoir aboli, changé, ajouté un grand nombre, fît trêve aux nouveautés, mais non pour longtemps, car les séditieuses propositions de Lépidus
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Pompée, chargé dans son troisième consulat de réformer les mœurs, employa des remèdes plus dangereux que les maux ; et, premier infracteur des lois qu'il avait faites, il perdit par les armes un pouvoir qu'il soutenait par les armes. Puis succédèrent vingt années de discordes
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===Néron, le fils de Germanicus nommé questeur, pontife et se marie avec Julie, fille de Drusus===
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Vers le même temps, le prince recommanda aux sénateurs Néron, l'un des fils de Germanicus, déjà sorti de l'enfance, et sollicita pour lui la dispense d'exercer le vigintivirat
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=== Morts de L. Volusius et de Sallustius Crispus===
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Viennent ensuite le quatrième consulat de Tibère et le second de Drusus, remarquables en ce que le père eut son fils pour collègue. Il est vrai que, deux ans auparavant, Tibère avait partagé la même dignité avec Germanicus ; mais c'était à regret, et, après tout, il n'était que son oncle. Au commencement de l’année, Tibère, sous prétexte de rétablir sa santé, se retira dans la Campanie, soit que déjà il préludât à sa longue et continuelle absence
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===Nouveaux troubles en Afrique===
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Dans cette discussion, Cécina Sévérus demanda qu'il fût interdit à tout magistrat chargé d'une province d'y mener sa femme avec lui. Il déclara d'abord, à plusieurs reprises "qu'il avait une épouse d'une humeur assortie à la sienne, mère de six enfants, et que, ce qu'il exigeait des autres, il se l'était prescrit à lui-même, l'ayant toujours retenue en Italie, quoiqu'il eût fait quarante campagnes dans différentes provinces. Nos ancêtres avaient eu raison de ne pas vouloir qu'on traînât des femmes avec soi chez les alliés ou les nations étrangères. Une telle compagnie embarrassait en paix par son luxe, en guerre par ses frayeurs, et donnait à une armée romaine l'apparence d'une marche de barbares. Leur sexe n'était pas seulement faible et incapable de soutenir la fatigue : il devenait, quand on le laissait faire, cruel, ambitieux, dominateur. Elles se promenaient parmi les soldats ; les centurions étaient à leurs ordres. Une femme
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Ensuite on donna cours à des plaintes renfermées jusqu'alors dans le secret des entretiens privés. Le dernier scélérat, pourvu qu'il tînt une image de l'empereur, était en possession de charger impunément les honnêtes gens d'outrages et d'invectives. L'affranchi même et l'esclave, en menaçant un maître, un patron, du geste ou de la voix, se faisaient redouter. Le sénateur C. Cestius représenta "qu'à la vérité les princes étaient comme des dieux, mais que les dieux n'écoutaient les prières que quand elles étaient justes, que personne ne se réfugiait dans le Capitole ou dans les autres temples pour faire de son asile le théâtre de ses crimes, que les lois étaient renversées, anéanties, depuis qu'Annia Rufilla, condamnée pour fraude à sa requête, venait en plein Forum, à la porte du sénat, l'insulter et le menacer, sans qu'il osât invoquer la justice : cette femme se couvrait d'une image de l'empereur
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===Drusus se fait bien voir ===
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En effet, ni Tibère ni les accusateurs ne se lassaient. Ancharius Priscus avait dénoncé Césius Cordas, proconsul de Crète, comme coupable de concussion, crime auquel il ajoutait celui de lèse-majesté, alors complément nécessaire de toutes les accusations. Tibère, informé qu'Antistius Vétus, un des principaux de la Macédoine, venait d'être absous dans un procès d'adultère, réprimanda les juges, et, sous le même prétexte de lèse-majesté, le ramena devant la justice, comme un factieux, mêlé aux complots de Rhescuporis à l'époque où ce prince, après avoir tué Cotys son neveu, songeait à nous faire la guerre. L'eau et le feu furent interdits à Antistius, et l'on décida qu'il serait confiné dans une île qui ne fût à portée ni de la Thrace ni de la Macédoine. Car, depuis que la Thrace était partagée entre Rhémétalcès et les enfants de Cotys, auxquels on avait donné pour tuteur, à cause de leur bas âge, Trébelliénus Rufus, ces peuples, peu faits à notre présence, étaient mécontents, et ils n'accusaient pas moins Rhémétalcés que Trébelliénus de laisser leurs injures sans vengeance. Les Célètes, les Odruses
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Il y eut peu de cantons où ne fussent semés les germes de cette révolte. Les Andécaves et les Turoniens
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Celle des Éduens fut plus difficile à réprimer, parce que cette nation était plus puissante, et nos forces plus éloignées. Sacrovir, avec des cohortes régulières s’était emparé d'Augustodunum
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À peu près dans le même temps, il demanda au sénat que la mort de Sulpicius Quirinus fût honorée par des funérailles publiques. Quirinus, né à Lanuvium, n'était point de l'ancienne famille patricienne des Sulpicius ; mais sa bravoure à la guerre, et des commissions où il avait montré de l'énergie, lui avaient valu le consulat sous Auguste. Il avait obtenu les ornements du triomphe pour avoir enlevé aux Homonades
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===Crime de lèse-majesté de C. Lutorius Priscus===
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M. Lépidus fut d'un avis contraire. "Pères conscrits, dit-il, si nous n'envisageons que l'horrible pronostic dont C. Lutorius a souillé son imagination et les oreilles qui l'ont entendu, ni le cachot, ni le lacet des criminels, ni les tortures des esclaves ne suffisent pour l'en punir. Mais si la modération du prince, si les exemples de vos ancêtres et les vôtres ont mis des bornes aux remèdes et aux châtiments, quand les désordres et les forfaits n'en ont point, s'il y a loin de l'indiscrétion au crime, des paroles aux attentats ; nous pouvons prononcer un arrêt tel que, sans laisser impunie la faute de Lutorius, nous n'ayons à nous reprocher ni trop d'indulgence ni trop de rigueur. J'ai plus d'une fois entendu le chef de cet empire se plaindre de ceux qui, par une mort volontaire, s'étaient dérobés à sa clémence : Lutorius est encore vivant, et sa vie ne peut être un danger, ni son supplice une leçon. Tout condamnable qu'est son délire, les oeuvres en sont vaines et promptement oubliées. Quelle crainte sérieuse pourrait inspirer un insensé qui se trahit lui-même, et qui, n'osant s'adresser aux hommes, va mendier l'approbation de quelques femmes ? Toutefois qu'il s'éloigne de Rome ; qu'il perde ses biens, et qu'il soit privé du feu et de l'eau
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Seul de tous les sénateurs, le consulaire Rubellius Blandus partagea l'opinion de Lépidus : les autres se rangèrent à celle d'Agrippa. Lutorius fut conduit en prison et mis à mort sur-le-champ. Tibère, dans une lettre pleine de ses ambiguïtés ordinaires, en fit reproche au sénat, exaltant le zèle pieux avec lequel il vengeait les moindres injures du prince, le priant de ne pas punir avec tant de précipitation de simples paroles, louant Lépidus, ne blâmant point Agrippa. Alors il fut résolu que les décrets du sénat ne seraient portés au trésor qu'après dix jours
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=== Discours de Tibère sur le luxe à table===
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Cependant, Junius Blésus ayant été continué dans le gouvernement de l'Afrique, Servius Maluginensis, flamine de Jupiter, demanda la province d'Asie. Selon lui, "on avait tort de croire que les ministres de ce dieu ne pouvaient sortir de l'Italie : le droit n'était pas autre pour lui que pour les flamines de Mars et de Quirinus ; or, si ces derniers obtenaient des provinces, pourquoi ceux de Jupiter en seraient-ils privés ? Aucun décret du peuple, aucun livre sur les rites ne prononçait leur exclusion. Souvent les pontifes
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Immédiatement après, les Magnésiens
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On entendit aussi les députations des autres peuples. Fatigué de ces longues requêtes et des vifs débats qu'elles excitaient, le sénat chargea les consuls d'examiner les titres, et, s'ils y démêlaient quelque fraude, de soumettre de nouveau l'affaire à sa délibération. Outres les villes que j'ai nommées, les consuls firent connaître "qu'on ne pouvait contester à celle de Pergame son asile d'Esculape, mais que les autres cités ne s'appuyaient que sur de vieilles et obscures traditions. Ainsi les Smyrnéens alléguaient un oracle d'Apollon, en vertu duquel ils avaient dédié un temple à Vénus Stratonicienne ; ceux de Ténos
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===Maladie d'Augusta===
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Vers le même temps, une maladie dangereuse d'Augusta mit le prince dans la nécessité de revenir promptement à Rome ; soit qu'une sincère union régnât encore entre la mère et le fils, soit que leur haine ne fût que déguisée. En effet, lors de la dédicace qu'elle avait faite récemment d'une statue d'Auguste, près du théâtre de Marcellus, Augusta n'avait inscrit le nom de Tibère qu'après le sien ; et l'on croyait que le prince, offensé de ce trait comme d'une insulte à sa majesté, en gardait au fond du cœur un vif ressentiment. Au reste, un sénatus-consulte ordonna des prières solennelles et la célébration des grands jeux
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=== Adulation et bassesse===
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Un doute s'éleva sur le temple où l'on placerait une offrande vouée par les chevaliers romains à la Fortune Equestre pour le rétablissement d'Augusta. La déesse avait des sanctuaires en plusieurs endroits de Rome, mais dans aucun elle n'était adorée sous ce titre. On trouva qu'un temple ainsi nommé existait à Antium, et qu'il n'était point en Italie d'institution religieuse, de lieu sacré, d'image des dieux qui ne fût sous la juridiction suprême du peuple romain ; et le don fut porté à Antium. Pendant qu'on s'occupait de religion, le prince fit connaître sa réponse, différée jusqu'alors, sur l'affaire de Servius Maluginensis, flamine de Jupiter. Il lut un décret des pontifes qui autorisait le ministre de ce dieu à s'absenter plus de deux nuits, pour cause de maladie et avec le consentement du grand pontife, pourvu que ce ne fût point dans le temps des sacrifices publics, ni plus de deux fois par an. Ce règlement, établi sous Auguste, prouvait assez que les prêtres de Jupiter ne pouvaient être absents une année entière, ni gouverner les provinces : on citait même l'exemple d'un grand pontife, L. Métellus. qui avait retenu à Rome le flamine Aulus Postumius
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=== Embellissement de Rome===
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Beaucoup de rebelles profitèrent de l'amnistie bientôt, aux ruses du Numide, on opposa le genre de guerre dont il donnait l'exemple. Comme ses troupes, moins fortes que les nôtres, et meilleures pour les surprises que pour le combat, couraient par bandes détachées, attaquant tour à tour ou éludant les attaques et dressant des embuscades, l'armée romaine se mit en marche dans trois directions et sur trois colonnes. Le lieutenant Cornélius Scipio ferma les passages par où l'ennemi venait piller le pays de Leptis
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===Mort d'un grand légiste===
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La mort enleva cette année deux hommes d'un grand nom, Asinius Saloninus et Atéius Capito. Petit-fils de M. Agrippa et d'Asinius Pollio, Saloninus était de plus frère de Drusus, et l'empereur lui destinait une de ses petites-filles. Capito, dont j'ai parlé déjà
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===Des rancuniers===
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Ce fut cette même année, la soixante-quatrième après la bataille de Philippes
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