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personne n’y meurt plus sans qu’on nous fasse assister à toutes les phases de l’agonie. En musique, les effets les plus ordinaires sont : un ''crescendo'' brusque passant des sons les plus ténus aux plus violents ; une répétition des mêmes sons ''arpégés'' à toutes les octaves, et par les divers instruments ; ou encore une suite d’harmonies, de tonalités ou de rythmes différents de ceux qui découleraient naturellement du cours de la pensée musicale, de telle sorte qu’ils nous saisissent par leur imprévu. J’ajouterai que toute la musique d’à présent abuse de l’effet purement physique qui consiste à faire toujours plus de bruit que ce n’est utile.
personne n’y meurt plus sans qu’on nous fasse assister à toutes les phases de l’agonie. En musique, les effets les plus ordinaires sont : un ''crescendo'' brusque passant des sons les plus ténus aux plus violents ; une répétition des mêmes sons ''arpégés'' à toutes les octaves, et par les divers instruments ; ou encore une suite d’harmonies, de tonalités ou de rythmes différents de ceux qui découleraient naturellement du cours de la pensée musicale, de telle sorte qu’ils nous saisissent par leur imprévu. J’ajouterai que toute la musique d’à présent abuse de l’effet purement physique qui consiste à faire toujours plus de bruit que ce n’est utile.


Et il y a encore un autre effet de cette catégorie qui est commun aujourd’hui à tous les arts : il consiste à faire exprimer par un art ce qu’il serait naturel d’exprimer par un autre. Par exemple, on charge la musique de nous décrire des actions ou des paysages (c’est ce que fait la ''musique à programme'' de Wagner et de ses successeurs). Ou bien, comme font les décadents, on prétend forcer la peinture, le drame, ou la poésie à suggérer certaines pensées.
Et il y a encore un autre effet de cette catégorie qui est commun aujourd’hui à tous les arts : il consiste à faire exprimer par un art ce qu’il serait naturel d’exprimer par un autre. Par exemple, on charge la musique de nous décrire des actions ou des paysages (c’est ce que fait la ''musique à programme'' de Wagner et de ses successeurs). Ou bien, comme font les décadents, on prétend forcer la peinture, le drame, ou la poésie à ''suggérer'' certaines pensées.