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HISTOIRE

Toutes ces attaques, répétées journellement par la presse royaliste, produisaient une impression très-vive sur les esprits. Dans les salons de l’ancienne noblesse, où l’on ne s’était dans aucun temps piqué d’austérité, on ne voulait pas permettre à un gouvernement bourgeois de goûter des plaisirs aristocratiques ; la petite bourgeoisie, qui avait si fort apprécié les habitudes plus que modestes du roi Louis-Philippe à son avènement, était véritablement outrée de ce luxe présumé du gouvernement provisoire ; les ouvriers eux-mêmes, à force de l’entendre dire, commençaient à croire qu’on leur avait fait faire une révolution uniquement pour procurer à quelques prétendus républicains le luxe et les divertissements des familles royales.

Pendant que le gouvernement allait ainsi s’affaiblissant dansl’opinion, il se divisait chaque jour davantage.’A partir du 16 avril, les discussions dans le conseil devinrent d’une violence inouïe. M. Marrast et M. Ledru-Rollin ne pouvaient plus se contenir ; il fallait les efforts constants de M. de Lamartine pour les empêcher de rompre avec éclat. À chaque instant, l’un ou l’autre membre de la minorité, quelquefois la minorité tout entière, menaçait de se retirer. C’est de cette manière qu’elle obtint coup sur coup plusieurs décisions entièrement opposéés à l’opinion qui venait de triompher. Ainsi, le 18 avril, on vit paraître au Moniteur une première proclamation qui affectait de confondre dans un même remercîment au peuple les deux journées si différentes du 17 mars et du 16 avril. Une proclamation rédigée en conseil par M. Louis Blanc confirmait la liberté des clubs déjà menacée, frappait de réprobation celui du citoyen Margox, rue Mcnilmontant, n° 21 ; enfin, la veille même du.jour qu’il vit triompher la République, le citoyen Albert travaillait comme mécanicien dans la fabrique de boutons du citoyen Bapterousse, rue de la Muette, n° 16, où se trouvent encore aujourd’hui sa blouse et son pantalon de travail. Ces explications simples et précises doivent mettre fin à des insinuations que le citoyen Albert avait dédaignées jusqu’ici, mais dont il ne lui convient pas d’encourager, par son silence, la persistance maligne et impudente. »