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Ce dessin est extrêmement beau, il a la valeur d’un tableau d’histoire. Sur le sommet de la haute montagne, — si haute que l’on découvre toute la terre, — Satan est debout : à ses épaules sont attachées les ailes énormes à l’aide desquelles il parcourt les espaces et plane sous le ciel comme pour intercepter tout rapport entre Dieu et les hommes ; son front a gardé trace du coup de foudre qui ouvrit pour lui les profondeurs du gouffre éternel. Cramponné du pied aux rochers, il montre des deux mains étendues l’immensité des royaumes qu’il possède et qu’il offre ; Jésus, tout droit, lève la main vers le ciel et répond : — Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et le serviras, lui seul. — Le Christ est très imposant et très noble ; il est vraiment Dieu. Une ample draperie, dessinée avec un art infini, l’enveloppe tout entier ; le geste de son bras dressé lui cache complètement le visage, le haut du front et la chevelure seule apparaissent ; malgré cela, sa divinité éclate, et l’on sent que Satan va reprendre son vol pour retourner aux abîmes. Ce sont là des tours de force que les artistes sûrs d’eux-mêmes se permettent quelquefois, mais on peut croire qu’il n’est point facile de donner à une figure l’expression qu’elle peut comporter, tout en dissimulant le siège même de l’expression, c’est-à-dire les yeux et la bouche. Dans son livre ''de la Peinture'', Léonard de Vinci a écrit : « L’art a deux choses à faire ; il doit représenter le corps de l’homme, et par les gestes et par les mouvemens de ses parties il doit représenter aussi son esprit. » ''La Tentation'' de M. Bida est la mise en pratique de ces préceptes.
Ce dessin est extrêmement beau, il a la valeur d’un tableau d’histoire. Sur le sommet de la haute montagne, — si haute que l’on découvre toute la terre, — Satan est debout : à ses épaules sont attachées les ailes énormes à l’aide desquelles il parcourt les espaces et plane sous le ciel comme pour intercepter tout rapport entre Dieu et les hommes ; son front a gardé trace du coup de foudre qui ouvrit pour lui les profondeurs du gouffre éternel. Cramponné du pied aux rochers, il montre des deux mains étendues l’immensité des royaumes qu’il possède et qu’il offre ; Jésus, tout droit, lève la main vers le ciel et répond : — Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et le serviras, lui seul. — Le Christ est très imposant et très noble ; il est vraiment Dieu. Une ample draperie, dessinée avec un art infini, l’enveloppe tout entier ; le geste de son bras dressé lui cache complètement le visage, le haut du front et la chevelure seule apparaissent ; malgré cela, sa divinité éclate, et l’on sent que Satan va reprendre son vol pour retourner aux abîmes. Ce sont là des tours de force que les artistes sûrs d’eux-mêmes se permettent quelquefois, mais on peut croire qu’il n’est point facile de donner à une figure l’expression qu’elle peut comporter, tout en dissimulant le siège même de l’expression, c’est-à-dire les yeux et la bouche. Dans son livre ''de la Peinture'', Léonard de Vinci a écrit : « L’art a deux choses à faire ; il doit représenter le corps de l’homme, et par les gestes et par les mouvemens de ses parties il doit représenter aussi son esprit. » ''La Tentation'' de M. Bida est la mise en pratique de ces préceptes.