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Nous n’avons point l’idée d’écrire ici l’histoire de la réformation ; la confession d’Augsbourg, le concile de Trente, restent pour nous hors de page, et nous ne prétendons avoir affaire qu’à cet épisode de la vie de Luther dont la Wartbourg fut le théâtre. Deux faits d’une importance énorme se rattachent à la personne du grand réformateur : la traduction de la Bible, la guerre à outrance déclarée au célibat des prêtres. On sait de quel secours devait être pour l’avenir de la littérature allemande cette traduction, remplaçant le vieux patois par une élocution vigoureuse, serrée, organique. Quant à la question du célibat, des points si délicats veulent être ménagés. Avant d’être ce fougueux chevalier George, implacable pourfendeur de dogmes, qu’il fut à la Wartbourg, Luther s’était appelé le frère Martin, et comme tel, dans sa cellule monacale d’Erfurt, avait dû subir les épouvantes, les macérations, les tortures d’âme et de corps, en un mot toutes les servitudes de cet affreux papisme contre lequel on va le voir mener un si beau train. Nombre de gens prennent encore aujourd’hui ce grand vacarme pour la vengeance d’une nature excédée par l’implacable tyrannie des vœux ; il y eut aussi quelque chose de plus : revendication de la dignité féminine, consécration nouvelle du mariage, de la famille, réinstallation du prêtre dans le droit social, retour vers la femme évangélique travestie, défigurée par les canons d’une esthétique insensée, d’une hiérarchie contre nature. Qu’il eût ou non conscience de ce qu’il faisait, Luther obéissait au vieil esprit germanique, et, brisant les chaînes du célibat, honorait, restaurait le culte de la femme.
Nous n’avons point l’idée d’écrire ici l’histoire de la réformation ; la confession d’Augsbourg, le concile de Trente, restent pour nous hors de page, et nous ne prétendons avoir affaire qu’à cet épisode de la vie de Luther dont la Wartbourg fut le théâtre. Deux faits d’une importance énorme se rattachent à la personne du grand réformateur : la traduction de la Bible, la guerre à outrance déclarée au célibat des prêtres. On sait de quel secours devait être pour l’avenir de la littérature allemande cette traduction, remplaçant le vieux patois par une élocution vigoureuse, serrée, organique. Quant à la question du célibat, des points si délicats veulent être ménagés. Avant d’être ce fougueux chevalier George, implacable pourfendeur de dogmes, qu’il fut à la Wartbourg, Luther s’était appelé le frère Martin, et comme tel, dans sa cellule monacale d’Erfurt, avait dû subir les épouvantes, les macérations, les tortures d’âme et de corps, en un mot toutes les servitudes de cet affreux papisme contre lequel on va le voir mener un si beau train. Nombre de gens prennent encore aujourd’hui ce grand vacarme pour la vengeance d’une nature excédée par l’implacable tyrannie des vœux ; il y eut aussi quelque chose de plus : revendication de la dignité féminine, consécration nouvelle du mariage, de la famille, réinstallation du prêtre dans le droit social, retour vers la femme évangélique travestie, défigurée par les canons d’une esthétique insensée, d’une hiérarchie contre nature. Qu’il eût ou non conscience de ce qu’il faisait, Luther obéissait au vieil esprit germanique, et, brisant les chaînes du célibat, honorait, restaurait le culte de la femme.