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''moteur personnel''. La base de la déontologie, c’est donc le principe
''moteur personnel''. La base de la déontologie, c’est donc le principe de l’utilité, c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’une action est bonne ou mauvaise, digne ou indigne, qu’elle mérite l’approbation ou le blâme en proportion de sa tendance à accroître ou à diminuer la somme du bonheur public. Ici trois questions :
de l’utilité, c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’une action est bonne
ou mauvaise, digne ou indigne, qu’elle mérite l’approbation ou le
blâme en proportion de sa tendance à accroître ou à diminuer la
somme du bonheur public. Ici trois questions :


1° Qu’exige le bonheur public ?
1° Qu’exige le bonheur public ?


2° L’opinion publique est-elle d’accord avec l’intérêt ou le bonheur public ?
2° L’opinion publique est-elle d’accord avec l’intérêt ou le bonheur public ?


3° En ce qui concerne l’application pratique, quelle ligne de conduite faut-il suivre dans chacun des cas qui se présentent à notre considération ?
3° En ce qui concerne l’application pratique, quelle ligne de conduite faut-il suivre dans chacun des cas qui se présentent à notre considération ?


Il s’agit donc de savoir si ce que le monde appelle du nom de
Il s’agit donc de savoir si ce que le monde appelle du nom de morale est réellement un instrument véritable de bonheur.
morale est réellement un instrument véritable de bonheur.


La morale, la religion, la politique, le moraliste, l’homme d’état
La morale, la religion, la politique, le moraliste, l’homme d’état et le prêtre ne peuvent avoir qu’un seul et même objet, le bonheur.
et le prêtre ne peuvent avoir qu’un seul et même objet, le bonheur.


Bentham critique la manière dont la morale a été traitée jusqu’à présent : il représente les moralistes s’élevant en monarques
Bentham critique la manière dont la morale a été traitée jusqu’à présent : il représente les moralistes s’élevant en monarques absolus et infaillibles, imposant des lois à l’univers qu’ils s’imaginaient voir à leurs pieds, et demandant, pour leurs commandemens et leurs prohibitions, une prompte et complète obéissance. Le monde s’est fréquemment indigné de l’impudence de ses gouvernans politiques. ''Celui qui de son chef se constitue arbitre souverain de la morale, qui, comme un fou dans sa loge, agile un sceptre imaginaire, celui-là, dans son impudence, dépasse toute mesure''.
absolus et infaillibles, imposant des lois à l’univers qu’ils s’imaginaient voir à leurs pieds, et demandant, pour leurs commandemens et leurs prohibitions, une prompte et complète obéissance.
Le monde s’est fréquemment indigné de l’impudence de ses gouvernans politiques. ''Celui qui de son chef se constitue arbitre souverain de la morale, qui, comme un fou dans sa loge, agile un sceptre imaginaire, celui-là, dans son impudence, dépasse toute mesure''.


Le talisman employé par les moralistes se réduit à un mot qui sert à donner à l’imposture un air d’assurance et d’autorité : ce mot sacramentel, c’est le mot ''devoir''. Il faut que ce mot soit banni du vocabulaire de la morale. Le mot ''déontologie'', ou la science de ce qui est bien et convenable, a été choisi comme plus propre que tout autre à représenter, dans le domaine de la morale, le principe de l’''utilitairianisme'', ou de l’utilité.
Le talisman employé par les moralistes se réduit à un mot qui
sert à donner à l’imposture un air d’assurance et d’autorité : ce
mot sacramentel, c’est le mot ''devoir''. Il faut que ce mot soit banni
du vocabulaire de la morale. Le mot ''déontologie'', ou la science de
ce qui est bien et convenable, a été choisi comme plus propre que
tout autre à représenter, dans le domaine de la morale, le principe
de l’''utilitairianisme'', ou de l’utilité.


Les philosophes de l’antiquité ne sont pas moins vivement tancés que les moralistes en général. Tandis que Xénophon écrivait l’histoire, dit Bentham, et qu’Euclide créait la géométrie, ''Socrate et Platon débitaient des absurdités, sous prétexte d’enseigner la sagesse et la morale''. Bentham est impitoyable contre les philosophes, les académiciens et les platoniciens. Il passe ensuite à la réfutation de
Les philosophes de l’antiquité ne sont pas moins vivement tancés
que les moralistes en général. Tandis que Xénophon écrivait l’histoire, dit Bentham, et qu’Euclide créait la géométrie, ''Socrate et Platon débitaient des absurdités, sous prétexte d’enseigner la sagesse et la morale''. Bentham est impitoyable contre les philosophes, les
académiciens et les platoniciens. Il passe ensuite à la réfutation de