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contemporaine, particulièrement en France. Les Italiens de la Renaissance avaient professé pour l’antiquité classique une sorte de vénération : poètes, grands seigneurs, nobles dames, prélats, politiques même (étrange époque ! ) se sentaient aussi à l’aise avec les divinités païennes que les anciens eux-mêmes. Il ne leur en coûtait aucun effort pour se mouvoir au milieu des êtres charmans créés par l’imagination antique. A la sincérité de quelques œuvres, on pourrait croire que les artistes du ''cinquecento'' partageaient la demi-croyance des contemporains d’Horace. L’Italie tout entière rendait alors un culte passionné à la forme ; la fable livrait au peintre et au sculpteur un champ merveilleux d’inspirations plastiques. Il ne faut évidemment pas chercher à retrouver dans les ouvrages de la Renaissance les types consacrés et le caractère profondément symbolique des créations de l’art hellénique. Les hommes de ce temps n’avaient en général sous les yeux que des monumens de l’époque gréco-romaine ; ils puisaient indistinctement à toutes les sources, dans les chants de Virgile et d’Ovide aussi bien que dans les vers d’Homère et de Théocrite. Mais la représentation des scènes mythologiques, à l’âge d’or de la peinture, ne comporte qu’exceptionnellement ces allusions aux événemens du jour, dont on constate tant d’exemples au château de Versailles. Dans la fable, Le Brun ne se plaisait que trop à chercher l’occasion de rapprochemens ingénieux ; sous son pinceau, l’intervention des dieux ne constitue qu’un artifice destiné à présenter, sous un voile transparent et poétique, l’apothéose de Louis XIV. La mythologie est plus que jamais en honneur au XVIIIe siècle, mais elle a perdu toute gravité ; elle prête à des allusions badines, à des jeux d’esprit, au plus fade des marivaudages : jargon ridicule, il suffit d’un peu de bon sens pour en débarrasser la littérature et l’art. Ne pouvait-on pas en proscrire l’usage sans en abandonner l’étude ?
{{tiret2|contempo|raine}}, particulièrement en France. Les Italiens de la Renaissance avaient professé pour l’antiquité classique une sorte de vénération : poètes, grands seigneurs, nobles dames, prélats, politiques même (étrange époque !) se sentaient aussi à l’aise avec les divinités païennes que les anciens eux-mêmes. Il ne leur en coûtait aucun effort pour se mouvoir au milieu des êtres charmans créés par l’imagination antique. À la sincérité de quelques œuvres, on pourrait croire que les artistes du ''cinquecento'' partageaient la demi-croyance des contemporains d’Horace. L’Italie tout entière rendait alors un culte passionné à la forme ; la fable livrait au peintre et au sculpteur un champ merveilleux d’inspirations plastiques. Il ne faut évidemment pas chercher à retrouver dans les ouvrages de la Renaissance les types consacrés et le caractère profondément symbolique des créations de l’art hellénique. Les hommes de ce temps n’avaient en général sous les yeux que des monumens de l’époque gréco-romaine ; ils puisaient indistinctement à toutes les sources, dans les chants de Virgile et d’Ovide aussi bien que dans les vers d’Homère et de Théocrite. Mais la représentation des scènes mythologiques, à l’âge d’or de la peinture, ne comporte qu’exceptionnellement ces allusions aux événemens du jour, dont on constate tant d’exemples au château de Versailles. Dans la fable, Le Brun ne se plaisait que trop à chercher l’occasion de rapprochemens ingénieux ; sous son pinceau, l’intervention des dieux ne constitue qu’un artifice destiné à présenter, sous un voile transparent et poétique, l’apothéose de {{lié|Louis XIV}}. La mythologie est plus que jamais en honneur au {{s|XVIII}}, mais elle a perdu toute gravité ; elle prête à des allusions badines, à des jeux d’esprit, au plus fade des marivaudages : jargon ridicule, il suffit d’un peu de bon sens pour en débarrasser la littérature et l’art. Ne pouvait-on pas en proscrire l’usage sans en abandonner l’étude ?


L’antiquité n’avait pas cessé d’être honorée pour elle-même en Italie, à la fin du XVIe siècle, mais le sentiment qu’elle inspirait avait changé de nature. Il n’y avait plus de place dans la société pour les humanistes de l’âge précédent. Le gouvernement de papes aussi sévères pour leurs sujets que pour eux-mêmes, tels que Paul IV, Pie V, Sixte-Quint, avait rendu le retour de semblables écarts impossible. On continuait à étudier les poètes, les orateurs, les jurisconsultes de la Grèce et de Home, mais leur morale était condamnée sans appel. Les dieux de l’Olympe
L’antiquité n’avait pas cessé d’être honorée pour elle-même en Italie, à la fin du {{s|XVI}}, mais le sentiment qu’elle inspirait avait changé de nature. Il n’y avait plus de place dans la société pour les humanistes de l’âge précédent. Le gouvernement de papes aussi sévères pour leurs sujets que pour eux-mêmes, tels que {{lié|Paul IV}}, {{lié|Pie V}}, Sixte-Quint, avait rendu le retour de semblables écarts impossible. On continuait à étudier les poètes, les orateurs, les jurisconsultes de la Grèce et de Home, mais leur morale était condamnée sans appel. Les dieux de l’Olympe