« Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon » : différence entre les versions

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===II.Coup d' oeil général jeté sur la bonne ville de Tarascon. Les chasseurs de casquettes.===
 
Au temps dont je vous parle, Tartarin de Tarascon
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===III. Nan ! Nan ! Nan ! Suite du coup d' oeil général jeté sur
la bonne ville de Tarascon.===
 
À la passion de la chasse, la forte race tarasconnaise
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a la sienne, et dans la ville cela se sait. On sait,
par exemple, que celle du pharmacien Bézuquet,
c' est :
 
toi:Toi, blanche étoile que j' adore ;
celle de l' armurier Costecalde :
 
veux-tu venir au pays des cabanes ?
celle de l' armurier Costecalde :
 
veux:Veux-tu venir au pays des cabanes ?
 
celle du receveur de l' enregistrement :
 
si:Si j' étais-t-invisible, personne n' me verrait.
(chansonnette comique.)
et ainsi de suite pour tout Tarascon. Deux ou trois
fois par semaine
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et ainsi de suite pour tout Tarascon. Deux ou trois
fois par semaine on se réunit les uns chez les autres et on se les
chante. Ce qu' il y a de singulier, c' est que ce sont
toujours les mêmes, et que, depuis si longtemps
qu' ils se les chantent ces braves tarasconnaisTarasconnais n' ont
jamais envie d' en changer. On se les lègue dans les
familles, de père en fils, et personne n' y touche ;
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les chantent. Mais non ! Chacun garde la sienne et
tout le monde est content.
 
Pour les romances comme pour les casquettes, le
premier de la ville était encore Tartarin. Sa
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Tartarin de Tarascon n' avait pas la sienne. Il les
avait toutes.
 
Toutes !
 
Seulement c' était le diable pour les lui faire
chanter. Revenu de bonne heure des succès de salon,
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Nîmes entre deux bougies de Tarascon. Ces parades
musicales lui semblaient au-dessous de lui...
 
quelquefoisQuelquefois cependant, quand il y avait de la musique
à la pharmacie Bézuquet, il entrait comme par
hasard, et après s' être bien fait prier, consentait
à dire le grand duo de Robert le diable , avec
Madame Bézuquet la mère... qui n' a pas entendu
cela n' a jamais rien entendu... pour moi, quand je
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des bocaux de la devanture, essayant de donner à sa
bonne face l' expression satanique et farouche de
Robert le diable. àÀ peine avait-il pris position,
tout de suite le salon frémissait ; on sentait qu' il
allait se passer quelque chose de grand... alors,
après un silence, Madame Bézuquet la mère
commençait en s' accompagnant :
Robert, toi que j' aime
et qui reçus ma foi,
tu vois mon effroi (bis),
grâce pour toi-même
et grâce pour moi.
à voix basse, elle ajoutait : " à vous, Tartarin, " et
Tartarin de
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:Robert, toi que j' aime
Tarascon, le bras tendu, le poing fermé, la narine
et:Et qui reçus ma foi,
tu:Tu vois mon effroi (bis),
grâce:Grâce pour toi-même
et:Et grâce pour moi.
 
àÀ voix basse, elle ajoutait : "« à vous, Tartarin, "» et
Tartarin de Tarascon, le bras tendu, le poing fermé, la narine
frémissante, disait par trois fois d' une voix
formidable, qui roulait comme un coup de tonnerre
dans les entrailles du piano : "« non ! ... non ! ...
non ! ... "» , ce qu' en bon méridional il prononçait :
"« nan ! ... nan ! ... nan ! ... "» sur quoi Madame
Bézuquet la mère reprenait encore une fois :
 
grâce pour toi-même
et grâce:Grâce pour moi.toi-même
:Et grâce pour toi-mêmemoi.
-" nan ! ... nan ! ... nan ! ... " hurlait Tartarin de
 
-" nanNan ! ... nan ! ... nan ! ... "» hurlait Tartarin de
plus belle, et la chose en restait là... ce n' était
pas long, comme vous voyez : mais c' était si bien
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faisait recommencer ses : " nan ! ... nan ! ... " quatre
et cinq fois de suite.
 
Là-dessus Tartarin s' épongeait le front, souriait
aux dames, clignait de l' oeil aux hommes et, se
retirant sur son triomphe, s' en allait dire au
cercle d' un petit air négligent : "« jeJe viens de chez
les Bézuquet chanter le duo de Robert le
diable ?»
 
Et le plus fort, c' est qu' il le croyait ! ...
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IV.
==IV. Ils ! ! !==
 
C' est à ces différents talents que Tartarin de
Tarascon devait sa haute situation dans la ville.