« Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 56.djvu/434 » : différence entre les versions

 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{nr|428|REVUE DES DEUX MONDES.}}
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<poem>
<poem class="verse">

Autrefois, étendue au bord joyeux des mondes,
Autrefois, étendue au bord joyeux des mondes,
Déployée et chantant ainsi que les forêts,
Déployée et chantant ainsi que les forêts,
J’écoutais la Nature insondable et féconde
J’écoutais la Nature insondable et féconde
Me livrer des secrets.
::::::Me livrer des secrets.


Je me sentais le cœur qu’un dieu puissant préfère,
Je me sentais le cœur qu’un dieu puissant préfère,
L’anneau toujours intact et toujours traversé
L’anneau toujours intact et toujours traversé
Qui joint le cri terrestre aux musiques des sphères,
Qui joint le cri terrestre aux musiques des sphères,
L’avenir au passé.
::::::L’avenir au passé.


A présent je ne vois, ne sens que ta venue,
À présent je ne vois, ne sens que ta venue,
Je suis le matelot pur l’orage assailli
Je suis le matelot pur l’orage assailli
Qui ne regarde plus que le point de la nue
Qui ne regarde plus que le point de la nue
Où la foudre a jailli !
::::::Où la foudre a jailli !


— Je te donne un amour qu’aucun amour n’imite,
— Je te donne un amour qu’aucun amour n’imite,
Des jardins pleins du vent et des oiseaux des bois,
Des jardins pleins du vent et des oiseaux des bois,
Et tout l’azur qui luit dans mon cœur sans limites,
Et tout l’azur qui luit dans mon cœur sans limites,
Mais resserré sur toi.
::::::Mais resserré sur toi.


Je compte l’âge immense et pesant de la terre
Je compte l’âge immense et pesant de la terre
Par l’escalier des nuits qui monte à tes aïeux,
Par l’escalier des nuits qui monte à tes aïeux,
Et par le temps sans fin où ton corps solitaire
Et par le temps sans fin où ton corps solitaire
Dormira sous les cieux.
::::::Dormira sous les cieux.


C’est toi l’ordre, la loi, la clarté, le symbole,
C’est toi l’ordre, la loi, la clarté, le symbole,
Le signe exact et bref par qui tout est certain,
Le signe exact et bref par qui tout est certain,
Qui dans mon triste esprit tinte comme une obole,
Qui dans mon triste esprit tinte comme une obole,
Au retour du matin.
::::::Au retour du matin.


— J’ai longtemps repoussé l’approche de l’ivresse,
— J’ai longtemps repoussé l’approche de l’ivresse,
L’encens, la myrrhe et-l’or que portaient les trois rois
L’encens, la myrrhe et l’or que portaient les trois rois
Je disais : « Ce bonheur, s’il se peut, ô sagesse,
Je disais : « Ce bonheur, s’il se peut, ô sagesse,
Qu’il passe loin de moi !
::::::Qu’il passe loin de moi !


« Qu’il passe loin de moi cet odorant calice ;
« Qu’il passe loin de moi cet odorant calice ;
Même en mourant de soif je peux le refuser,
Même en mourant de soif je peux le refuser,
Si la consomption, les orgueils, le cilice
Si la consomption, les orgueils, le cilice
Protègent du baiser. »
::::::Protègent du baiser. »</poem>

</poem>