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On sait généralement que certaines parties du sol de la Suède s’élèvent lentement. Ce qui est moins connu, c’est que ce même sol s’affaisse sur d’autres points. Le célèbre géologue anglais Murchison a comparé la Scandinavie à une planche posée sur un point d’appui, et qui éprouverait un mouvement de bascule. Une communication fort curieuse, due à M. Bruzélius, d’Ystad, a appelé l’attention sur cet ensemble de faits qui ont été résumés par l’illustre et vénérable professeur de Lund, M. Sven Nilsson, avec l’autorité qui s’attache à l’expérience personnelle. Dès les premières années du dernier siècle, de vieux chasseurs affirmaient à Celsius que des rochers, sur lesquels ils avaient jadis poursuivi les phoques, s’étaient si bien élevés au-dessus de l’eau que ces animaux ne pouvaient plus en gagner la surface. Pour s’assurer du fait, Celsius fit graver un certain nombre de points de repère au niveau de la mer tranquille. Plus tard Linné, pendant un voyage fait dans le sud de la presqu’île, mesura la distance qui, à Talleborg, séparait la côte d’une pierre dressée en souvenir de Charles XII. Vers 1820, l’académie de Stockholm fit examiner les marques de Celsius, et il fut constaté que plus on allait vers le nord, plus ces marques étaient élevées au-dessus de leur ancien niveau. De son côté, M. Nilsson s’était mis, dès 1816, à étudier cette question et avait recueilli plusieurs faits témoignant de l’exhaussement du sol. Un vieillard lui racontait, entre autres, avoir vu dans son enfance poindre un écueil jusque-là inconnu, et qui n’était pas alors plus large que le fond d’un chapeau. Mesuré par M. Nilsson, ce même écueil s’élevait de 2 pieds au-dessus de l’eau et présentait une surface d’environ {{unité|2.000|pieds}} carrés. En revanche, en mesurant la distance du rivage au monument de Charles XII, il la trouva réduite, depuis les temps de Linné, de plus de 30 mètres. Ici donc la mer empiète sur la terre, tandis que c’est elle qui perd dans le nord.
On sait généralement que certaines parties du sol de la Suède
s’élèvent lentement. Ce qui est moins connu, c’est que ce même
sol s’affaisse sur d’autres points. Le célèbre géologue anglais Murchison a comparé la Scandinavie à une planche posée sur un point
d’appui, et qui éprouverait un mouvement de bascule. Une communication fort curieuse, due à M. Bruzélius, d’Ystad, a appelé l’attention sur cet ensemble de faits qui ont été résumés par l’illustre
et vénérable professeur de Lund, M. Sven Nilsson, avec l’autorité
qui s’attache à l’expérience personnelle. Dès les premières années
du dernier siècle, de vieux chasseurs affirmaient à Celsius que des
rochers, sur lesquels ils avaient jadis poursuivi les phoques, s’étaient si bien élevés au-dessus de l’eau que ces animaux ne pouvaient plus en gagner la surface. Pour s’assurer du fait, Celsius fit
graver un certain nombre de points de repère au niveau de la mer
tranquille. Plus tard Linné, pendant un voyage fait dans le sud de
la presqu’île, mesura la distance qui, à Talleborg, séparait la côte
d’une pierre dressée en souvenir de Charles XII. Vers 1820, l’académie de Stockholm fit examiner les marques de Celsius, et il fut constaté que plus on allait vers le nord, plus ces marques étaient élevées au-dessus de leur ancien niveau. De son côté, M. Nilsson s’était
mis, dès 1816, à étudier cette question et avait recueilli plusieurs
faits témoignant de l’exhaussement du sol. Un vieillard lui racontait, entre autres, avoir vu dans son enfance poindre un écueil jusque-là inconnu, et qui n’était pas alors plus large que le fond d’un
chapeau. Mesuré par M. Nilsson, ce même écueil s’élevait de 2 pieds
au-dessus de l’eau et présentait une surface d’environ 2,000 pieds
carrés. En revanche, en mesurant la distance du rivage au monument de Charles XII, il la trouva réduite, depuis les temps de Linné,
de plus de 30 mètres. Ici donc la mer empiète sur la terre, tandis
que c’est elle qui perd dans le nord.


Le fait communiqué au congrès par M. Bruzélius confirme cette conclusion. En creusant le port d’Ystad, situé à l’extrémité méridionale de la Scanie, on a trouvé d’abord un3 couche de sables marins épaisse de 10 pieds et contenant, à côté des coquilles les plus communes, des ustensiles en métal, des arquebuses, des boulets de canon, mais pas une seule pièce pouvant remonter au-delà de cinq siècles. Sous ces sables, dont l’origine est incontestable, on a rencontré d’abord une tourbière, puis un sol ayant fait partie d’une ancienne moraine, et qui avait par conséquent appartenu à la terre ferme. C’est là qu’on a découvert, avec quelques objets en silex, un manche de couteau artistement sculpté et se terminant en tête de dragon. Le travail de ce manche permet d’affirmer avec certitude qu’il date de la période comprise entre le {{s|IX|e|-}} et le {{s|XI}}.
Le fait communiqué au congrès par M. Bruzélius confirme cette
conclusion. En creusant le port d’Ystad, situé à l’extrémité méridionale de la Scanie, on a trouvé d’abord un3 couche de sables
marins épaisse de 10 pieds et contenant, à côté des coquilles les
plus communes, des ustensiles en métal, des arquebuses, des boulets de canon, mais pas une seule pièce pouvant remonter au-delà
de cinq siècles. Sous ces sables, dont l’origine est incontestable, on
a rencontré d’abord une tourbière, puis un sol ayant fait partie
d’une ancienne moraine, et qui avait par conséquent appartenu à la
terre ferme. C’est là qu’on a découvert, avec quelques objets en
silex, un manche de couteau artistement sculpté et se terminant en
tête de dragon. Le travail de ce manche permet d’affirmer avec certitude qu’il date de la période comprise entre le IXe et le XIe siècle.