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Peut-être (ajoutait-on) en passant en revue, avec lui, toutes les résolutions à prendre soit pour le Hanovre, soit pour les Pays-Bas, le portera-t-on à laisser échapper quelques traits de lumière qui feront connaître ses vues et qui donneront l’occasion, au sieur Darget, de parler pour l’engager clans quelques explications. Si dans la multitude des idées que l’imagination échauffée de ce prince lui présentera, il interroge le sieur Darget sur ce qu’on pense de lui, il lui dira qu’il ne manque pas de gens qui tâchent d’inspirer à Sa Majesté des soupçons sur sa conduite, mais que par tout ce qui lui est revenu de bon lieu, il compte sur les engagemens du traité de 1741 que le roi a avec lui ; ainsi que ceux du traité d’Aix-la-Chapelle, en vertu desquels il est stipulé des garanties réciproques… mais que, quand même il n’y aurait pas de traité, le roi croirait devoir compter sur le concours de Sa Majesté prussienne par la constance absolue qu’il a dans son amitié qui s’accorde en cela avec son intérêt personnel <ref> Instruction donnée au sieur Darget retournant à Berlin, 6 juin 1755 (''Correspondance de Prusse'' : ministère des Affaires étrangères). </ref>. »
Peut-être (ajoutait-on) en passant en revue, avec lui, toutes les résolutions à prendre soit pour le Hanovre, soit pour les Pays-Bas, le portera-t-on à laisser échapper quelques traits de lumière qui feront connaître ses vues et qui donneront l’occasion, au sieur Darget, de parler pour l’engager dans quelques explications. Si dans la multitude des idées que l’imagination échauffée de ce prince lui présentera, il interroge le sieur Darget sur ce qu’on pense de lui, il lui dira qu’il ne manque pas de gens qui tâchent d’inspirer à Sa Majesté des soupçons sur sa conduite, mais que par tout ce qui lui est revenu de bon lieu, il compte sur les engagemens du traité de 1741 que le roi a avec lui ; ainsi que ceux du traité d’Aix-la-Chapelle, en vertu desquels il est stipulé des garanties réciproques… mais que, quand même il n’y aurait pas de traité, le roi croirait devoir compter sur le concours de Sa Majesté prussienne par la constance absolue qu’il a dans son amitié qui s’accorde en cela avec son intérêt personnel <ref> Instruction donnée au sieur Darget retournant à Berlin, 6 juin 1755 (''Correspondance de Prusse'' : ministère des Affaires étrangères). </ref>. »


Le sieur Darget n’ayant probablement trouvé aucun moyen ''d’échauffer l’imagination de son maître'', pour en faire sortir des ''échappées de lumière'', il fallut bien en venir à un mode d’interrogation plus précis, et ce fut le traité de 1741 (mentionné dans le document que je viens de citer) qui parut en fournir l’occasion la plus naturelle. Il était bien ancien, bien oublié, ce traité conclu dans les beaux jours d’une amitié mutuelle au lendemain de la conquête de la Silésie, à la suite du premier voyage du maréchal de Belle-Isle en Allemagne ; les dispositions en étaient bien vagues, les engagemens bien peu précis, puisque, sans les rompre, l’un des signataires avait pu se détacher deux fois en pleine guerre, à Breslau et à Dresde, de toute solidarité avec son associé. La garantie réciproque qui y était stipulée, purement défensive, ne protégeait que les Etats des deux puissances situés en Europe ; mais il résultait bien pour elles, des arrangemens pris, au moins quelque obligation morale de se concerter sur toutes les résolutions importantes à prendre. Comme la durée fixée à quinze années allait expirer le 5 juin de l’année suivante, on jugea qu’en proposant de renouveler la convention pour un nouveau bail à courir, l’accueil fait à cette demande, de nature assez inoffensive en soi, donnerait encore l’indice le plus certain qu’on pût obtenir des dispositions qu’on voulait connaître. La Touche fut donc chargé de faire à ce sujet une ouverture officielle.
Le sieur Darget n’ayant probablement trouvé aucun moyen ''d’échauffer l’imagination de son maître'', pour en faire sortir des ''échappées de lumière'', il fallut bien en venir à un mode d’interrogation plus précis, et ce fut le traité de 1741 (mentionné dans le document que je viens de citer) qui parut en fournir l’occasion la plus naturelle. Il était bien ancien, bien oublié, ce traité conclu dans les beaux jours d’une amitié mutuelle au lendemain de la conquête de la Silésie, à la suite du premier voyage du maréchal de Belle-Isle en Allemagne ; les dispositions en étaient bien vagues, les engagemens bien peu précis, puisque, sans les rompre, l’un des signataires avait pu se détacher deux fois en pleine guerre, à Breslau et à Dresde, de toute solidarité avec son associé. La garantie réciproque qui y était stipulée, purement défensive, ne protégeait que les Etats des deux puissances situés en Europe ; mais il résultait bien pour elles, des arrangemens pris, au moins quelque obligation morale de se concerter sur toutes les résolutions importantes à prendre. Comme la durée fixée à quinze années allait expirer le 5 juin de l’année suivante, on jugea qu’en proposant de renouveler la convention pour un nouveau bail à courir, l’accueil fait à cette demande, de nature assez inoffensive en soi, donnerait encore l’indice le plus certain qu’on pût obtenir des dispositions qu’on voulait connaître. La Touche fut donc chargé de faire à ce sujet une ouverture officielle.