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charmant visage inondé des pleurs de l’amour & de la tristesse ? Ne sens-tu pas tes yeux, tes joues, ta bouche, ton sein, pressés, comprimés, accablés de mes ardens baisers ? Ne te sens-tu pas embraser tout entiere du feu de mes levres brûlantes ?… Ciel ! qu’entends-je ? Quelqu’un vient… Ah ! serrons, cachons mon trésor… un importun !… Maudit soit le cruel qui vient troubler des transports si doux !… Puisse-t-il ne jamais aimer… ou vivre loin de ce qu’il aime !
de la politique & les divers systemes de gouvernement. J’ai dans la tête que les pays du monde où le mérite est le plus honoré est celui qui te convient le mieux & que tu n’as besoin que d’être connu pour être employé. Quant à la religion, pourquoi la tienne te nuiroit-elle plus qu’à un autre ? La raison n’est-elle pas le préservatif de l’intolérance & du fanatisme ? Est-on plus bigot en France qu’en Allemagne ? & qui t’empêcheroit de pouvoir faire à Paris le même chemin que M. de Saint-Saphorin a fait à Vienne ? Si tu consideres le but, les plus prompts essais ne doivent-ils pas accélérer les succes ? Si tu compares les moyens, n’est-il pas plus honnête encore de s’avancer par ses talens que par ses amis ? Si tu songes… Ah ! cette mer… un plus long trajet… J’aimerois mieux l’Angleterre, si Paris étoit au delà.


LETTRE XXIII. DE L’AMANT DE JULIE À MDE D’ORBE.
À propos de cette grande ville, oserois-je relever une affectation que je remarque dans tes lettres ? Toi qui me parlais des Valaisanes avec tant de plaisir, pourquoi ne me dis-tu rien des Parisiennes ? Ces femmes galantes & célebres valent-elles moins la peine d’être dépeintes que quelques montagnardes simples & grossieres ? Crains-tu peut-être de me donner de l’inquiétude par le tableau des plus séduisantes personnes de l’univers ? Désabuse-toi, mon ami, ce que tu peux faire de pis pour mon repos est de ne me point parler d’elles ; & quoi que tu m’en puisses dire, ton silence à leur égard m’est beaucoup plus suspect que tes éloges.


C’est à vous, charmante cousine, qu’il faut rendre compte de l’Opéra ; car bien que vous ne m’en parliez point dans vos lettres & que Julie vous ait gardé le secret, je vois d’où lui vient cette curiosité. J’y fus une fois pour contenter la mienne ; j’y suis retourné pour vous deux autres fois. Tenez-m’en quitte, je vous prie, après cette lettre. J’y puis retourner encore, y bâiller, y souffrir, y périr pour votre service ; mais y rester éveillé & attentif, cela ne m’est pas possible.
Je serois bien aise aussi d’avoir un petit mot sur l’Opéra

Avant de vous dire ce que je pense de ce fameux théâtre, que je vous rende compte de ce qu’on en dit ici ; le jugement des connoisseurs pourra redresser le mien si je m’abuse.

L’Opéra de Paris passe à Paris pour le spectacle le plus pompeux, le plus voluptueux, le plus admirable qu’inventa jamais l’art humain. C’est, dit-on, le plus superbe monument