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{{Numérotation|ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.|190||}}
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annoncer que je me
annoncer que je me suis tuée. Dis-lui que le dernier
suis tuée. Dis-lui que le dernier mot que j’ai prononcé était _Antoine_,
mot que j’ai prononcé était ''Antoine'', et fais-lui, je t’en
et fais-lui, je t’en conjure, un récit attendrissant. Pars, Mardian, et
conjure, un récit attendrissant. Pars, Mardian, et reviens
reviens m’apprendre comment il prend ma mort…. Au monument…
m’apprendre comment il prend ma mort… Au monument…


SCÈNE. XII
{{T2|SCÈNE XII|mt=2em|fs=125%}}


{{c|Alexandrie.—Un autre appartement du palais.|m=1em|fs=90%}}


{{c|ANTOINE, ÉROS.|m=1em}}
{{Personnage|Alexandrie}}. — Un autre appartement du palais.


{{sc|antoine.—}}Éros, tu me vois encore !
ANTOINE, ÉROS.


{{sc|éros.—}}Oui, mon noble maître.


{{sc|antoine.—}}Tu as vu quelquefois un nuage qui ressemble
{{Personnage|ANTOINE}}. Éros, tu me vois encore !
à un dragon, une vapeur qui nous représente un
ours ou un lion, une citadelle avec des tours, un rocher
pendant, un mont à double cime, ou un promontoire
bleuâtre couronné de forêts qui se balancent sur nos
têtes ; tu as vu ces images qui sont les spectacles que
nous offre le sombre crépuscule ?


{{Personnage|ÉROS}}. — Oui, mon noble maître.
{{sc|éros.—}}Oui, seigneur.


{{sc|antoine.—}}Ce qui nous paraît un coursier est effacé
{{Personnage|ANTOINE}}. — Tu as vu quelquefois un nuage qui ressemble à un dragon, une
en moins d’une pensée par la séparation des nuages, et
vapeur qui nous représente un ours ou un lion, une citadelle avec des
se confond avec eux comme l’eau dans l’eau.
tours, un rocher pendant, un mont à double cime, ou un promontoire
bleuâtre couronné de forêts qui se balancent sur nos têtes ; tu as vu ces
images qui sont les spectacles que nous offre le sombre crépuscule ?


{{Personnage|ÉROS}}. Oui, seigneur.
{{sc|éros.—}}Oui, seigneur.


{{sc|antoine.—}}Eh bien ! bon serviteur, cher Éros, ton
{{Personnage|ANTOINE}}. — Ce qui nous paraît un coursier est effacé en moins d’une
général n’est plus qu’une de ces formes imaginaires. Je
pensée par la séparation des nuages, et se confond avec eux comme l’eau
suis encore Antoine, mais je ne puis plus garder ce corps
dans l’eau.
visible, mon serviteur.—C’est pour l’Égypte que j’ai
entrepris cette guerre, et la reine, dont je croyais posséder
le cœur, car elle possédait le mien, mon cœur qui,
pendant qu’il était à moi, s’était attaché un million de
cœurs, perdus maintenant ; elle, qui a arrangé les cartes
avec César, et, par un jeu perfide, a livré ma gloire au
triomphe de mon ennemi.—Non, ne pleure pas, cher
Éros ; pour finir mes destins, je me reste à moi-même.
{{t|''(Entre Mardian.)''|90}} Oh ! ta vile maîtresse ! elle m’a volé mon
épée !


{{sc|mardian.—}}Non, Antoine, ma maîtresse vous aimait,
{{Personnage|ÉROS}}. — Oui, seigneur.
et elle a associé sans réserve sa fortune à la vôtre.

{{Personnage|ANTOINE}}. — Eh bien ! bon serviteur, cher Éros, ton général n’est plus
qu’une de ces formes imaginaires. Je suis encore Antoine, mais je ne
puis plus garder ce corps visible, mon serviteur. — C’est pour l’Égypte
que j’ai entrepris cette guerre, et la reine, dont je croyais posséder
le cœur, car elle possédait le mien, mon cœur qui, pendant qu’il était
à moi, s’était attaché un million de cœurs, perdus maintenant ; elle,
qui a arrangé les cartes avec César, et, par un jeu perfide, a livré ma
gloire au triomphe de mon ennemi. — Non, ne pleure pas, cher Éros ; pour
finir mes destins, je me reste à moi-même. (_Entre Mardian._) Oh ! ta
vile maîtresse ! elle m’a volé mon épée !

{{Personnage|MARDIAN}}. — Non, Antoine, ma maîtresse vous aimait, et elle a associé sans
réserve sa fortune à la vôtre.