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FRANÇAIS ET ROMAINS EN AFRIQUE

UNE PAGE D’HISTOIRE

UN TSAR RÉPUBLICAIN

SPERANSKI ET LA CONSTITUTION RUSSE

DE 1809

L’histoire offre parfois d’étranges retours. Il y a cent ans, l’Empereur de Russie s’amusait à introduire la liberté dans ses États ; à présent, la même idée terrorise son arrière-petitneveu. Nos grands pères ont pu voir Alexandre I", « républi cain couronné », exercer toute sa vie une autorité absolue, et nous voyons nous-mêmes Nicolas II, attaché à ses attributs d’autocrate, qui finira peut être dans le rôle d’un simple sou verain.

En 1906 règne un tsar timide, modeste, qui aime l’obscurité, le calme, la famille : dominé par son entourage, écrasé par l’éducation religieuse et réactionnaire qu’il a reçue de sa mère, l’austère impératrice Marie Feodorovna, et de Pobiedonotsef, son illustre mentor, Nicolas II a peur du libéralisme. En 1806 régnait un Tsar plein d’audace, ambitieux, se donnant en specta cle au inonde, rêvant de gloire et de tapage ; formé à l’école « libre » de la grande Catherine, élève du Suisse La Harpe, exilé de sa patrie comme révolutionnaire et réfugié à la cour de Russie

— la cour de Russie servait alors d’asile aux esprits en avance sur leur temps t — Alexandre Ier jouait avec les idées philoso phiques du xvnr9 siècle français et s’enthousiasmait de liberté. Ainsi les institutions de la Russie, aujourd’hui violentées par la foule, étaient menacées alors par l’Empereur seul. Il y a cent ans, le peuple russe trouvait sa liberté dans l’autocratie et ne pensait qu’à obéir. Le Tsar put jongler avec des projets de réformes, les manier à sa guise sans abandonner une parcelle de ses préroga tives ni diminuer jamais son autorité. Les institutions de la Rus sie, c’était sa chose : à présent, c’est la chose du peuple. Par conviction, sans doute, mais bien plus encore par orgueil

— on dirait, de nos jours, par cabotinage — Alexandre Ier, qui ne songeait pas encore à devenir « l’Ange de l’Europe », voulut jouer