« Traité de la vie élégante » : différence entre les versions

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ne suppléera plus le pouvoir. Ainsi, pour chercher
à rendre un système par une image, il ne
 
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reste pas trois figures de Napoléon en habits
impériaux, et nous le voyons partout vêtu de son
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Du moment que deux livres de parchemin ne tiennent plus lieu de tout, où le fils naturel d'un baigneur millionnaire et un homme de talent ont les mêmes droits que le fils d'un comte, nous ne pouvons plus être distinctibles que par notre valeur intrinsèque. Alors, dans notre société, les différences ont disparu : il n'y a plus que des nuances. Aussi le savoir-vivre, l'élégance des manières, le je ne sais quoi, fruit d'une éducation complète, forment la seule barrière qui sépare l'oisif de l'homme occupé. S'il existe un privilège, il dérive de la supériorité morale.
 
De là le haut prix attaché, par le plus grand nombre, à l'instruction, à la pureté du langage, à la grâce du maintien, à la manière plus ou moins aisée dont une toilette est portée, à la recherche des appartements, enfin à la perfection de tout ce qui procède de la personne.
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N'imprimons-nous pas nos moeurs, notre pensée, sur tout ce qui nous entoure et nous appartient ? « Parle, marche, mange ou habille-toi, et je te dirai qui tu es », a remplacé l'ancien proverbe, expression de cour, adage de privilégié. Aujourd'hui, un maréchal de Richelieu est impossible. Un pair de France, un prince même, risque de tomber au-dessous d'un électeur à cent écus, s'il se déconsidère : car il n'est permis à personne d'être impertinent ou débauché. Plus les choses ont subi l'influence de la pensée, plus les détails de la vie se sont ennoblis, épurés, agrandis.
 
Telle est la pente insensible par laquelle le christianisme de notre révolution a renversé le polythéisme de la féodalité, par quelle filiation un sentiment vrai a respiré jusque dans les signes matériels et changeants de notre puissance. Et voilà comment nous sommes revenus au point d'où nous sommes partis : — à l'adoration du veau d'or. Seulement, l'idole parle, marche, pense, en un mot, elle est un géant. Aussi le pauvre Jacques Bonhomme est-il bâté pour longtemps. Une révolution populaire est impossible aujourd'hui. Si quelques rois tombent encore, ce sera, comme en France, par le froid mépris de la classe intelligente.
 
Pour distinguer notre vie par de l'élégance, il ne suffit donc plus aujourd'hui d'être noble ou
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de gagner un quaterne à l'une des loteries humaines, il faut encore avoir été doué de cette indéfinissable faculté (l'esprit de nos sens peut-être !) qui nous porte toujours à choisir les choses vraiment belles ou bonnes, les choses dont l'ensemble concorde avec notre physionomie, avec notre destinée. C'est un tact exquis, dont le constant exercice peut seul faire découvrir soudain les rapports, prévoir les conséquences, deviner la place ou la portée des objets, des mots, des idées et des personnes ; car, pour nous résumer, le principe de la vie élégante est une haute pensée d'ordre et d'harmonie, destinée à donner de la poésie aux choses. De là cet aphorisme :
 
IX
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Appuyé sur de telles bases, vu de cette hauteur, ce système d'existence n'est donc plus une plaisanterie éphémère, un mot vide dédaigné par les penseurs comme un journal lu. La vie élégante repose, au contraire, sur les déductions les plus sévères de la constitution sociale. N'est-elle pas l'habitude et les moeurs des gens supérieurs qui savent jouir de la fortune et obte
=== no match ===
nir du peuple le pardon de leur élévation, en faveurfav
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eur des bienfaits répandus par leurs lumières ? N'est-elle pas l'expression des progrès faits par un pays, puisqu'elle en représente tous les genres de luxe ? Enfin, si elle est l'indice d'une nature perfectionnée, tout homme ne doit-il pas désirer d'en étudier, d'en surprendre les secrets ?
 
Alors, il n'est donc plus indifférent de mépriser ou d'adopter les fugitives prescriptions de la MODE, car mens agitat molem : l'esprit d'un homme se devine à la manière dont il tient sa canne. Les distinctions s'avilissent ou meurent en devenant communes ; mais il existe une puissance chargée d'en stipuler de nouvelles, c'est l'opinion : or, la mode n'a jamais été que l'opinion en matière de costume. Le costume étant le plus énergique de tous les symboles, la Révolution fut aussi une question de mode, un débat entre la soie et le drap. Mais, aujourd'hui, la MODE n'est plus restreinte au luxe de la personne. Le matériel de la vie, ayant été l'objet du progrès général, a reçu d'immenses développements. Il n'est pas un seul de nos besoins qui n'ait produit une encyclopédie, et notre vie animale se rattache à l'universalité des connaissances humaines. Aussi, en dictant les lois de l'élégance, la mode embrasse-t-elle tous les arts.
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En accueillant, en signalant le progrès, elle se met à la tête de tout : elle fait les révolutions de la musique, des lettres, du dessin et de l'architecture. Or, un traité de la vie élégante, étant la réunion des principes incommutables qui doivent diriger la manifestation de notre pensée par la vie extérieure, est en quelque sorte la métaphysique des choses.
 
 
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Le bien n'a qu'un mode, le mal en a mille.
 
Ainsi la vie élégante a ses péchés capitaux et ses trois vertus cardinales. Oui, l'élégance est une et indivisible, comme la Trinité, comme la liberté, comme la vertu. De là résultent les plus importants de tousto
=== no match ===
us nos aphorismes généraux :
 
XI