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la société orientale, telle que la représente l’histoire aussi bien. que la légende, jouissait déjà de la plus savante organisation.
la société orientale, telle que la représente l’histoire aussi bien que la légende, jouissait déjà de la plus savante organisation.


Cependant l’île était vouée au bouddhisme. Plus de deux siècles s’étaient écoulés depuis que Gotama ou Bouddha avait visité Ceylan ; les arbres sacrés qu’il avait plantés étaient morts sur leurs racines desséchées ; toute trace du dieu avait disparu, et les serpens étaient adorés sans partage, lorsqu’en 307 avant notre ère, l’apôtre Mahindo vint renouveler la tradition de la vieille foi. Il débarqua à Ceylan, seul, inconnu, misérable, comme il convient à un apôtre, et se posta sur une montagne, attendant et espérant, dans la ferveur d’une muette contemplation, la venue de ses futurs prosélytes. Ce fut la chasse qui opéra le premier miracle. Un jour que le roi se livrait à ce noble plaisir, un daim passa qui entraîna à sa poursuite toute la bande des chasseurs, et l’attira, haletante et oublieuse des heures, au sommet de la montagne où priait Mahindo. Tout à coup le daim disparut dans les airs, et les regards du roi rencontrèrent ceux de l’apôtre. C’était l’heure marquée pour le triomphe du bouddhisme. Sous l’émotion du miracle, le roi se convertit, et avec lui les quarante mille seigneurs et serviteurs qui le suivaient. On rentra dans la capitale, Mahindo en tête ; la reine et ses femmes, puis la population tout entière, reconnurent la divinité de Bouddha. De ce moment datent l’établissement du bouddhisme comme religion nationale et la fondation des nombreux monastères qui, pendant des siècles, ont perpétué à Ceylan la tradition primitive. Vers le même temps fut introduite dans l’île une bouture du figuier sacré sous lequel Gotama avait reçu les insignes de sa mission divine. Cette bouture fut plantée à Anarajapoura ; l’arbre qui en est sorti il y a près de deux mille ans existe encore, et reçoit chaque année les hommages des pèlerins. C’est probablement le doyen du règne végétal.
Cependant l’île était vouée au bouddhisme. Plus de deux siècles s’étaient écoulés depuis que Gotama ou Bouddha avait visité Ceylan ; les arbres sacrés qu’il avait plantés étaient morts sur leurs racines desséchées ; toute trace du dieu avait disparu, et les serpens étaient adorés sans partage, lorsqu’en 307 avant notre ère, l’apôtre Mahindo vint renouveler la tradition de la vieille foi. Il débarqua à Ceylan, seul, inconnu, misérable, comme il convient à un apôtre, et se posta sur une montagne, attendant et espérant, dans la ferveur d’une muette contemplation, la venue de ses futurs prosélytes. Ce fut la chasse qui opéra le premier miracle. Un jour que le roi se livrait à ce noble plaisir, un daim passa qui entraîna à sa poursuite toute la bande des chasseurs, et l’attira, haletante et oublieuse des heures, au sommet de la montagne où priait Mahindo. Tout à coup le daim disparut dans les airs, et les regards du roi rencontrèrent ceux de l’apôtre. C’était l’heure marquée pour le triomphe du bouddhisme. Sous l’émotion du miracle, le roi se convertit, et avec lui les quarante mille seigneurs et serviteurs qui le suivaient. On rentra dans la capitale, Mahindo en tête ; la reine et ses femmes, puis la population tout entière, reconnurent la divinité de Bouddha. De ce moment datent l’établissement du bouddhisme comme religion nationale et la fondation des nombreux monastères qui, pendant des siècles, ont perpétué à Ceylan la tradition primitive. Vers le même temps fut introduite dans l’île une bouture du figuier sacré sous lequel Gotama avait reçu les insignes de sa mission divine. Cette bouture fut plantée à Anarajapoura ; l’arbre qui en est sorti il y a près de deux mille ans existe encore, et reçoit chaque année les hommages des pèlerins. C’est probablement le doyen du règne végétal.