« Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t1, 1887.djvu/270 » : différence entre les versions
Pywikibot touch edit |
|||
| État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
| - | + | Page validée | |
| Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
| Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
<poem> |
<poem> |
||
J’élevais en espoir ma première couvée ; |
J’élevais en espoir ma première couvée ; |
||
Un cruel m’en chassa ; je fuis ! Cette maison |
Un cruel m’en chassa ; je fuis ! Cette maison |
||
N’abrita mes amours qu’à l’arrière-saison, |
N’abrita mes amours qu’à l’arrière-saison, |
||
Et de mes chers petits l’aile encore incertaine |
Et de mes chers petits l’aile encore incertaine |
||
Ne les porterait pas jusqu’à cette fontaine. |
Ne les porterait pas jusqu’à cette fontaine. |
||
— Viens ; l’enfance est peureuse ; et toi, ma fille, aussi, |
— Viens ; l’enfance est peureuse ; et toi, ma fille, aussi, |
||
L’an dernier tu tremblais de t’éloigner |
L’an dernier tu tremblais de t’éloigner d’ici ; |
||
Ton père te soutint, et tu suivis ton père : |
Ton père te soutint, et tu suivis ton père : |
||
Soutiens-les ; ils suivront. |
Soutiens-les ; ils suivront. |
||
— Regarde-les, ma mère ; |
— Regarde-les, ma mère ; |
||
Un rare et fin duvet couvre à peine leur corps. |
Un rare et fin duvet couvre à peine leur corps. |
||
— Mais que deviendras-tu, pauvre enfant ? Sur ces bords |
— Mais que deviendras-tu, pauvre enfant ? Sur ces bords |
||
L’hiver est si terrible ! Ah ! je me le rappelle ! |
L’hiver est si terrible ! Ah ! je me le rappelle ! |
||
Une automne, le plomb avait brisé mon aile, |
Une automne, le plomb avait brisé mon aile, |
||
Je restai. Que de maux ! la neige couvrait tout. |
Je restai. Que de maux ! la neige couvrait tout. |
||
Pas un seul moucheron ! pas un abri ! Partout |
Pas un seul moucheron ! pas un abri ! Partout |
||
Je voyais des oiseaux s’abattre sur la terre, |
Je voyais des oiseaux s’abattre sur la terre, |
||
Et tomber morts de froid ! |
Et tomber morts de froid ! |
||
— Morts de froid, ô ma mère ? |
— Morts de froid, ô ma mère ? |
||
— Fendre l’air en criant, et tomber morts de faim ! |
— Fendre l’air en criant, et tomber morts de faim ! |
||
— Morts de faim ? |
— Morts de faim ? |
||
— Et moi, moi, je ne vécus enfin, |
— Et moi, moi, je ne vécus enfin, |
||
Qu’en m’attachant aux murs, et de givre imprégnée, |
Qu’en m’attachant aux murs, et de givre imprégnée, |
||
Cherchant dans les débris de toile d’araignée |
Cherchant dans les débris de toile d’araignée |
||
Des cadavres |
Des cadavres d’insecte… Appelle tes petits !… |
||
— À peine autour du toit sont-ils encor sortis. |
— À peine autour du toit sont-ils encor sortis. |
||
</poem> |
</poem> |
||