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éclaire le fond des cœurs. Si de cette étude il se dégageait des conclusions d’une portée plus générale, ce serait tout profit.
éclaire le fond des cœurs. Si de cette étude il se dégageait des conclusions d’une portée plus générale, ce serait tout profit.


Les sources ne manquent pas. Ce sera d’abord un recueil d’une importance tout historique, les volumes qui renferment les travaux de l’enquête législative sur l’insurrection du 18 mars. La partie morale ne s’y sépare guère du récit des événemens. Les pièces justificatives y présentent souvent le plus réel intérêt. Le rapport général résume les principaux résultats de cette enquête dans un travail considérable qui forme un tableau historique et moral présenté avec force et clarté. Quelques citations choisies discrètement y font aussi parler les personnages sans intermédiaire qu’ils puissent récuser. Les clubs fournissent encore plus d’un trait précieux à ce genre d’étude. A défaut d’une sténographie complète que ne donnent pas les comptes-rendus des journaux, nous en trouvons une analyse fidèle et la photographie vivante dans le volume de M. de Molinari sur ''les Clubs rouges''. Ces assemblées populaires reflétèrent avec une singulière énergie les passions et les doctrines qui y trouvèrent une tribune, bien faite pour en augmenter la puissance contagieuse. Ce fut comme une émulation d’idées violentes ; les orateurs, y rivalisèrent à qui satisferait le mieux une assistance de plus en plus enflammée à la voix de ses tribuns. C’est là, et d’abord dans les ''réunions publiques'' tenues sous l’empire, que devaient trouver une sorte de piédestal, avant et pendant le siège, puis sous le règne de la commune, la plupart de ces hommes que leur célébrité bruyante désignait comme chefs de l’insurrection. Est-ce tout ? Aux paroles que le moment inspire, que laisse échapper la passion, ne pourra-t-on joindre des papiers, témoins survivans d’inspirations qu’on ne peut rejeter sur les hasards de l’improvisation ? Oui, heureusement, et ce caractère d’informations directes, de révélations confidentielles, se rencontre au plus haut degré dans les papiers récemment tirés des mairies, où l’autorité militaire les avait fait rassembler et classer, et où les a transcrits pour les publier un archiviste érudit, M. Dauban, déjà connu par des études sur la démagogie de 1793. Ces papiers ont toute la valeur de mémoires soit dans les lettres qu’ils renferment, soit dans les nombreux rapports de police qu’on y voit figurer. La police ! quel trait de nature déjà que ce rôle qu’elle joue dans un tel parti ! Avec quelle violence ne l’avait-il pas traitée lors des derniers événemens ! On avait vu de malheureux agens traqués, poursuivis à travers les rues, jetés à l’eau, ou massacrés sur place, ou encore condamnés à mort par les conseils de guerre de la commune. Comment, au lendemain même du 4 septembre, la préfecture était-elle présentée ? Comme un suppôt du despotisme indigne de subsister dans un gouvernement honnête et libre ; mais quoi ! c’était de la police de la veille qu’il
Les sources ne manquent pas. Ce sera d’abord un recueil d’une importance tout historique, les volumes qui renferment les travaux de l’enquête législative sur l’insurrection du 18 mars. La partie morale ne s’y sépare guère du récit des événemens. Les pièces justificatives y présentent souvent le plus réel intérêt. Le rapport général résume les principaux résultats de cette enquête dans un travail considérable qui forme un tableau historique et moral présenté avec force et clarté. Quelques citations choisies discrètement y font aussi parler les personnages sans intermédiaire qu’ils puissent récuser. Les clubs fournissent encore plus d’un trait précieux à ce genre d’étude. À défaut d’une sténographie complète que ne donnent pas les comptes-rendus des journaux, nous en trouvons une analyse fidèle et la photographie vivante dans le volume de M. de Molinari sur ''les Clubs rouges''. Ces assemblées populaires reflétèrent avec une singulière énergie les passions et les doctrines qui y trouvèrent une tribune, bien faite pour en augmenter la puissance contagieuse. Ce fut comme une émulation d’idées violentes ; les orateurs y rivalisèrent à qui satisferait le mieux une assistance de plus en plus enflammée à la voix de ses tribuns. C’est là, et d’abord dans les ''réunions publiques'' tenues sous l’empire, que devaient trouver une sorte de piédestal, avant et pendant le siége, puis sous le règne de la commune, la plupart de ces hommes que leur célébrité bruyante désignait comme chefs de l’insurrection. Est-ce tout ? Aux paroles que le moment inspire, que laisse échapper la passion, ne pourra-t-on joindre des papiers, témoins survivans d’inspirations qu’on ne peut rejeter sur les hasards de l’improvisation ? Oui, heureusement, et ce caractère d’informations directes, de révélations confidentielles, se rencontre au plus haut degré dans les papiers récemment tirés des mairies, où l’autorité militaire les avait fait rassembler et classer, et où les a transcrits pour les publier un archiviste érudit, M. Dauban, déjà connu par des études sur la démagogie de 1793. Ces papiers ont toute la valeur de mémoires soit dans les lettres qu’ils renferment, soit dans les nombreux rapports de police qu’on y voit figurer. La police ! quel trait de nature déjà que ce rôle qu’elle joue dans un tel parti ! Avec quelle violence ne l’avait-il pas traitée lors des derniers événemens ! On avait vu de malheureux agens traqués, poursuivis à travers les rues, jetés à l’eau, ou massacrés sur place, ou encore condamnés à mort par les conseils de guerre de la commune. Comment, au lendemain même du 4 septembre, la préfecture était-elle présentée ? Comme un suppôt du despotisme indigne de subsister dans un gouvernement honnête et libre ; mais quoi ! c’était de la police de la veille qu’il