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à trois heures de l’après-midi, se trouvant à 40 milles de Navarin, il avait entendu une forte canonnade qui dura jusqu’à sept heures du soir, qu’il y eut alors une violente explosion à la suite de laquelle le ''Gannet'' fit signal à son convoi de chercher le port le plus voisin et se dirigea sur l’île de Sphactérie. L’anxiété était générale. Enfin le 1{{er}} novembre on sut à quoi s’en tenir. La frégate le ''Talbot'' entra dans le port de la quarantaine, suivie du brick le ''Brisk'', démâté et traîné à la remorque. Peu d’instans après, le consul de France, M. Miège, était mandé chez le gouverneur. Il y trouvait une lettre de l’amiral de Rigny datée du 23 octobre et apprenait tous les détails du combat. « On est ici, répondait-il sur-le-champ au commandant de notre escadre, dans l’admiration de la conduite des Français ; on ne tarit pas sur celle de leur amiral ; on parle surtout avec enthousiasme de ce qu’a fait l’''Armide'' et de la manière noble dont vous en avez usé à l’égard du capitaine Davies. »
à trois heures de l’après-midi, se trouvant à 40 milles de Navarin, il avait entendu une forte canonnade qui dura jusqu’à sept heures du soir, qu’il y eut alors une violente explosion à la suite de laquelle le ''Gannet'' fit signal à son convoi de chercher le port le plus voisin et se dirigea sur l’île de Sphactérie. L’anxiété était générale. Enfin le {{1er}} novembre on sut à quoi s’en tenir. La frégate le ''Talbot'' entra dans le port de la quarantaine, suivie du brick le ''Brisk'', démâté et traîné à la remorque. Peu d’instans après, le consul de France, M. Miège, était mandé chez le gouverneur. Il y trouvait une lettre de l’amiral de Rigny datée du 23 octobre et apprenait tous les détails du combat. « On est ici, répondait-il sur-le-champ au commandant de notre escadre, dans l’admiration de la conduite des Français ; on ne tarit pas sur celle de leur amiral ; on parle surtout avec enthousiasme de ce qu’a fait l’''Armide'' et de la manière noble dont vous en avez usé à l’égard du capitaine Davies. »


Dans toute l’Italie, la sensation ne fut pas moins vive. Lord Burghess annonça l’événement au milieu d’une fête qui se donnait à Florence. « Tout le monde, nous apprend l’amiral Codrington, en fut transporté, à l’exception toutefois de l’ambassadeur d’Autriche, qui se glissa hors de la salle, comme s’il eût été un Égyptien. » L’ambassadeur ne faisait que devancer le jugement de son souverain. L’empereur François se montra en effet indigné. Pour lui, le combat du 20 octobre n’était qu’un assassinat : le prince Esterhazy le comparait au partage de la Pologne. En Angleterre, l’opposition n’hésita pas à tenir à peu près le même langage ; le gouvernement ne se prononçait pas encore. Il laissait Codrington recevoir les félicitations du roi George IV et de son altesse le lord grand-amiral ; il s’abstenait soigneusement jusqu’à plus ample informé de toute approbation officielle. La Russie, on le croira sans peine, à la première nouvelle, avait tout approuve. « Les protocoles, mandait le comte Nesselrode au prince de Lieven, signés par vous le 15 octobre avaient obtenu l’entière adhésion de l’empereur. Nous n’avions d’autre désir que l’exécution franche, prompte, loyale des conventions du 6 juillet, quand des lettres venues d’Italie nous ont annoncé les premiers succès de sir Edward Codrington contré la flotte d’Ibrahim, sortie de Navarin malgré la parole donnée, et bientôt après la bataille si glorieuse, si décisive, que les trois escadres s’étaient trouvées contraintes de livrer dans ce port. Notre vœu eût été que le traité du 6 juillet pût s’exécuter sans effusion de sang. Sous ce rapport, nous déplorons notre victoire ; mais d’un autre côté l’empereur est le premier à reconnaître que, placé dans l’alternative de voir les Grecs exterminés sur la terre ferme, les îles de l’Archipel reconquises et conséquemment l’objet même du traité de Londres anéanti, ne pouvant d’ailleurs
Dans toute l’Italie, la sensation ne fut pas moins vive. Lord Burghess annonça l’événement au milieu d’une fête qui se donnait à Florence. « Tout le monde, nous apprend l’amiral Codrington, en fut transporté, à l’exception toutefois de l’ambassadeur d’Autriche, qui se glissa hors de la salle, comme s’il eût été un Égyptien. » L’ambassadeur ne faisait que devancer le jugement de son souverain. L’empereur François se montra en effet indigné. Pour lui, le combat du 20 octobre n’était qu’un assassinat : le prince Esterhazy le comparait au partage de la Pologne. En Angleterre, l’opposition n’hésita pas à tenir à peu près le même langage ; le gouvernement ne se prononçait pas encore. Il laissait Codrington recevoir les félicitations du roi George {{rom-maj|IV|4}} et de son altesse le lord grand-amiral ; il s’abstenait soigneusement jusqu’à plus ample informé de toute approbation officielle. La Russie, on le croira sans peine, à la première nouvelle, avait tout approuve. « Les protocoles, mandait le comte Nesselrode au prince de Lieven, signés par vous le 15 octobre avaient obtenu l’entière adhésion de l’empereur. Nous n’avions d’autre désir que l’exécution franche, prompte, loyale des conventions du 6 juillet, quand des lettres venues d’Italie nous ont annoncé les premiers succès de sir Edward Codrington contre la flotte d’Ibrahim, sortie de Navarin malgré la parole donnée, et bientôt après la bataille si glorieuse, si décisive, que les trois escadres s’étaient trouvées contraintes de livrer dans ce port. Notre vœu eût été que le traité du 6 juillet pût s’exécuter sans effusion de sang. Sous ce rapport, nous déplorons notre victoire ; mais d’un autre côté l’empereur est le premier à reconnaître que, placé dans l’alternative de voir les Grecs exterminés sur la terre ferme, les îles de l’Archipel reconquises et conséquemment l’objet même du traité de Londres anéanti, ne pouvant d’ailleurs