« Discours sur la question du libre-échange » : différence entre les versions

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Là-dessus les économistes vous diront : Eh bien, nous convenons que la concurrence parmi les ouvriers, qui certes n'aura pas diminué sous le régime du libre-échange, ne tardera pas à mettre les salaires en accord avec le bas prix des marchandises. Mais d'autre part le bas prix des marchandises augmentera la consommation; la plus grande consommation exigera une plus grande production, laquelle sera suivi d'une plus forte demande de bras, et à cette plus forte demande de bras succédera une hausse de salaires.
 
Toute cette argumentation revient à ceci : Le libre-échange augmente les forces productives. Si l'industrie va croissant, si la richesse, si le pouvoir productif, si, en un mot le capital productif augmente la demande du travail, le prix du travail, et par conséquent le salaire, augmente également. La meilleure condition pour l'ouvrier, c'est l'accroissement du capital. Et il faut en convenir. Si le capital reste stationnaire, l'industrie ne restera pas simplement stationnaire, mais elle déclinera, et, en ce cas, l'ouvrier en sera la première victime. Il périra avant le capitaliste. Et dans le cas où le capital va croissant, dans cet état de choses que nous avons dit le meilleur pour l'ouvrier, quel sera son sort ? Il périra également. L'accroissement du capital productif implique l'accumulation et la concentration des capitaux. La concentration des capitaux amène une plus grande division du travail et une plus grande application des machines. La plus grande division du travail détruit la spécialité du travail, détruit la spécialité du travailleur, et en mettant à la place de cette spécialité un travail que tout le monde peut faire, elle augmente la concurrence entre les ouvriers.
 
Cette concurrence devient d'autant plus forte que la division du travail donne à l'ouvrier le moyen de faire à lui seul l'ouvrage de trois. Les machines produisent le même résultat sur une beaucoup plus grande échelle. L' accroissement du capital productif, en forcant les capitalistes industriels à travailler avec des moyens toujours plus croissants, ruine les petits industriels et les jette dans le prolétariat. Puis, le taux de l'intérêt diminuant à mesure que les capitaux s'accumulent, les petits rentiers, qui ne peuvent plus vivre de leurs rentes, seront forcés de se lancer dans l'industrie pour aller augmenter ensuite le nombre des prolétaires.
 
Enfin, plus le capital productif augmente, plus il est forcé de produire pour un marché dont il ne connaît pas les besoins, plus la production précède la consommation, plus l'offre cherche à forcer la demande, et, en conséquence, les crises augmentent d'intensité et de rapidité. Mais toute crise, à son tour, accélère la centralisation des capitaux et grossit le prolétariat.