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{{journal|Poètes et romanciers modernes de la Grande-Bretagne - Thomas Hood|[[E.-D. Forgues]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.20 1847}}
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{{journal|[[Revue des Deux Mondes]], tome 20, 1847|[[E.-D. Forgues]]|Poètes et romanciers modernes de la Grande-Bretagne.- Thomas Hood}}
 
Avant d'étudier les ouvrages d'un poète ''humoriste'' par excellence, il conviendrait peut-être de chercher à définir ''l'humour'', cette forme particulière, cette nuance presque insaisissable de ce qui, chez nous, s'appelle esprit. Pourquoi et comment, de sa signification primitive empruntée aux Latins, - eau, substance liquide, - ce mot intraduisible en est-il venu à désigner une qualité, un instinct si l'on veut, une force selon quelques-uns, selon d'autres une maladie de l'intelligence? Il faut chercher l'explication de cette bizarrerie dans les notions de la physiologie humaine telles qu'elles existaient au moment où la philosophie moderne cherchait et façonnait son idiome. Reprenant la tradition médicale à peu près au point où Hippocrate l'avait laissée, les doctes esculapes de la renaissance attribuèrent aux divers sucs élaborés dans l'alambic vital une action directe sur les mouvemens, les dispositions de l'ame. Pour le vulgaire, toute idée doit prendre corps, sous peine de rester incomprise ; et, comme les médecins ne sont pas précisément portés à faire prédominer l'intelligence sur la machine physique, il se fit alors une confusion assez naturelle entre les divers états de l'ame et les humeurs de toute espèce auxquelles on accordait une importance si considérable. De là mille locutions qui n'ont d'autre origine que cet amalgame curieux entre l'organisme physique et l'organisme intellectuel : ''Flegme, colère, sang-froid, atrabilaire, mélancolie'', et tant d'autres mots que Cabanis lui-même n'aurait pu rendre plus expressifs, plus nettement, plus explicitement matérialistes. De là aussi l'introduction du mot ''humeur'' dans le vocabulaire métaphysique : bonne humeur fut synonyme de gaieté, mauvaise humeur de tristesse. Les Italiens appellent ''humorista'' l'homme dominé par l'humeur du moment, le capricieux, l'obstiné. Les Anglais à leur tour, - et il y a long-temps de cela, - créèrent leur mot ''humourist'', que je trouve ainsi défini dans un lexique de 1747 : ''Full of humours, whimsies, or conceits''; - rempli d'humeurs (c'est-à-dire de caprices), de boutades chimériques, d'imaginations folles, d'entêtemens inexplicables. Puis, un beau jour, - peut-être à propos de Butler et d’''Hudibras'', peut-être à propos de Burton, l'analyseur de la mélancolie, ou de John Bunyan et de son ''Pilgrim's Progress'', - cette expression, qui servait à définir le caractère, s'appliqua, par une déduction facilement comprise, au tempérament intellectuel, à l'excentricité littéraire, et ''l'humour'' devint, par une série de curieuses métamorphoses, certain égotisme de la pensée complètement affranchie, certaine effusion des sensibilités maladives, certain cynisme des intelligences solitaires, certain tour d'esprit naturellement bizarre, justement remarqué comme un caractère à part de la littérature anglaise, où surabonde peut-être cette individualité de l'écrivain, si rare ailleurs.