« La Messaline française » : différence entre les versions

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Pourrais-je te peindre les transports que fit éclater la Polignac, lorsque nous fùmes hors de France, elle me témoigna sa joie par toutes les caresses imaginables ; mais cela dura bien peu. Son humeur devint revêche et accariâtre, elle ne pouvait s'habituer à son exil. Après les jours fastueux qu'elle avait coulés si longtemps, la vie privée était pour elle d'une monotonie insupportable. Elle s'habitua à me regarder comme un mari, et me traita de même ; elle forma enfin une nouvelle liaison avec un Baron Suisse, qui n'a pour lui que sa grande taille, et ses larges épaules : je voulus me plaindre, on ne m'écouta pas; bientôt même on ne se cacha plus de moi. Je me trouvais d'autant plus malheureux. que je l'aimais encore. La jalousie avait donné des forces à mon amour. Je ne pus supporter plus long-temps la vue d'un rival qu'on me préférait, et je me séparai de cette Messaline, en maudissant son ingratitude et la haute folie que j'avais commise en l'accompagnant, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre. J'ai su par le Baron que j'ai recontré, qu'elle l'avait quitté au bout de huit jours, et que depuis elle lui avait donné sept à huit successeurs.
 
 
Voilà, mon ami, les détails que tu me demandais : je suis persuadé que tu les trouveras intéressans; ils te font voir quelle est la conduite de ces femmes titrées dont l'opulence et l'orgueil écrasaient et traitaient avec insolence la modeste vertu bourgeoise, qu'elles regardaient comme fort au dessous d'elles. Mon exemple t'apprend combien il est dangereux de trop se livrer à des amis perfides, et de ne pas mettre un frein à la fougue de sa passion ..
 
Cette moralité te paraitra sans doute bien singulière à la suite de descriptions aussi licencieuses. Je vais incessamment tâcher de rentrer en France. Que risquerai-je ? je ne fus jamais au nombre des proscrits, puisque je n'ai point participé à leurs détestables complots.
 
Adieu, mon ami; j'espère bientôt aller t'embrasser, etc .. etc.
 
 
 
NOTE DE L’ÉDITEUR
 
L'auteur de ces Mémoires est actuellement de retour, et il donne ici des preuves du patriotisme le plus soutenu; mais on ignore
qu'il ait jamais eu aucune liaison avec la
Polignac. C'est de son consentement que j'ai mis au jour son manuscrit, et j'espère que le public m'en saura gré. Peut-on trop faire connaître la prostituée dont il s'agit.
 
FIN