« Insoumission à l’école obligatoire/9 » : différence entre les versions
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réclamer le droit de respirer. Quand nous l’aurons conquis, nous serons
fiers de défendre cette noble victoire de l’homme démocrate.
Soyons jalouses de nos plaisirs, Marie. Rends-toi compte du nombre
de gens qui passent des journées entières sans en recevoir une fois le
sourire des choses.
Vie mortelle.
Tous les moyens sont bons pour investir les forces radieuses des
enfants dans la soumission à de mesquins travaux. Les énergies sont
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Nous sommes tous animés comme des fous par des gens de métier. Mais
les enfants, à l’heure actuelle, en sont incontestablement les plus
nombreuses victimes. On a si peu de temps. Non seulement on nous
l’arrache pour faire tourner la folle machine, mais ce qu’il en reste est
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examiné le problème de la réforme des rythmes scolaires. Deux questions
seulement ont été jugées essentielles : « Peut-on procéder à un étalement
des vacances scolaires ? Quelles seront les incidences sur la production
industrielle, sur le tourisme et le transport ? » Tu vois que la problématique
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Les chewing-gums sont encore souvent interdits en classe. Mais on
continue à « mâcher ». Parce que mâcher, c’est quand même faire
quelque chose. Il est impossible de décrire ce tragique agacement de ne
rien pouvoir faire. Qui saurait se représenter ce qu’est d’être assis des
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Marie, je t’assure que j’ai connu des enfants tétanisés d’ennui. Et je
ne sais pas si on se remet jamais d’une chose pareille.
Comme si cela les justifiait d’enquiquiner le petit monde, les profs en
choeur me jurent qu’ils se morfondent tout autant que leurs élèves. Ce
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de mon père est plus propre que le C.E.T.» Ou encore cette phrase d’une
densité de plomb et qui a donné son titre au livre : « Si j’avais de l’argent,
beaucoup d’argent, je quitterais
C. Pougny, Maspero, 1971.</ref> »▼
Ce prodigieux ennui scolaire s’étale, immense et muet.
Il faut être Le Monde de l’éducation pour avoir l’idée absurde que le
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« L’entretien avec les parents nous apprend que Jacques avait eu des
difficultés scolaires du même ordre au jardin d’enfants.
▲C. Pougny, Maspero, 1971.
« Le premier essai de scolarité eut lieu à cinq ans, “pour essayer de le
rendre moins sauvage”, dit la mère. Dès le lendemain du premier contact
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symptôme, elle trouve inconsciemment dans ce refus scolaire une preuve
de l’attachement de son enfant pour elle. On oppose classiquement les
phobies spectaculaires de l’enfant jeune, survenant lors du premier
départ pour la maternelle, à la phobie souvent plus insidieuse de l’enfant
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savent vraiment plus quoi inventer pour embêter les adultes. En 1979,
dans presque un collège « à problèmes » sur deux (46,3 %), des tentatives
de suicide d’enfant ont été
quarante et un collèges urbains en « situation difficile »).</ref>. Mais cela touche moins▼
les médias que les agressions contre les profs signalées dans 43,9 % de
ces collèges. On ne compte plus les violences entre élèves (racket
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Les mômes vampirisés doivent dire merci. On s’insurge contre celui
qui fout une baffe au professeur horripilant, réaction pourtant moins
▲quarante et un collèges urbains en « situation difficile »).
désastreuse que celle qui consiste à se laisser désagréger par l’impression
de vide ressentie dans les travaux scolaires.
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