« Lettres sur l’Islande » : différence entre les versions

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{{journal|Lettres sur l’Islande|[[Xavier Marmier]]||[[Revue des Deux Mondes]]}} T. 7, 8, 1836
|[[Revue des Deux Mondes]]}} T. 7, 8, 1836
 
:''A M. Villemain, secrétaire perpétuel de l’Académie.''
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<small> (1) ''Fornmanna soegur''. Copenhague, 1830. Il en a déjà paru 11 vol. in-8°. M. Rafn a aussi publié un recueil important sous le titre de ''Fornaldas soegur'', 3 vol. in-8°. </small><br />
 
<small>(2) C'est dans un de ces malheureux presbytères que Thorlakson traduisit en vers fidèles et élégans ''l'Essai sur l'homme'' de Pope, et ''le Paradis perdu'' de Milton. Dans un autre, nous avons trouvé un jeune prêtre qui avait vendu son mince patrimoine pour voyager, et qui, en s'imposant de longues privations, était parvenu à visiter successivement l'Allemagne, la France, l'Angleterre, l'Italie et la Grèce. Il connaissait toute notre littérature moderne, et nous citait avec bonheur les noms des écrivains dont il avait étudié les oeuvres et des professeurs dont il avait suivi les cours.. Il lisait la ''Revue des Deux Mondes'', et nous témoigna à plusieurs reprises le désir d'y faire insérer des articles sur la littérature islandaise. </small><br />
(1) ''Fornmanna soegur''. Copenhague, 1830. Il en a déjà paru 11 vol. in-8°. M. Rafn a aussi publié un recueil important sous le titre de ''Fornaldas soegur'', 3 vol. in-8°.
<small> (3) Je ne parle pas de l'école de Reykiavik, qui n'est fréquentée que par les enfans de la ville.</small><br />
 
<small> (4) Monnaie ancienne du pays.</small><br />
(2) C'est dans un de ces malheureux presbytères que Thorlakson traduisit en vers fidèles et élégans ''l'Essai sur l'homme'' de Pope, et ''le Paradis perdu'' de Milton. Dans un autre, nous avons trouvé un jeune prêtre qui avait vendu son mince patrimoine pour voyager, et qui, en s'imposant de longues privations, était parvenu à visiter successivement l'Allemagne, la France, l'Angleterre, l'Italie et la Grèce. Il connaissait toute notre littérature moderne, et nous citait avec bonheur les noms des écrivains dont il avait étudié les oeuvres et des professeurs dont il avait suivi les cours.. Il lisait la ''Revue des Deux Mondes'', et nous témoigna à plusieurs reprises le désir d'y faire insérer des articles sur la littérature islandaise.
<small> (5) Je citerai, entre autres, la ''Sturlunga saga'', 4 vol. in-4°; les ''Annales d'Islande'', 3 vol. in-4°; les poésies de Groendal, 0lafssen, etc.</small><br />
 
<small>(6) 0n pourrait citer beaucoup d'autres exemples de cet amour des Islandais pour la lecture. Les sagas rimées de Vidoë sont toujours imprimées en très grand nombre, et la douzième édition du recueil de sermons de Vidalin s'est vendue, il n'y a pas long-temps, trois mille exemplaires. </small><br />
(3) Je ne parle pas de l'école de Reykiavik, qui n'est fréquentée que par les enfans de la ville.
<small>(7) Voir la ''Revue des Deux Mondes'' du 15 septembre. </small><br />
 
<small>(8) 40 species (environ 240 francs) pour chacun. Le gouvernement danois paie pour vingt élèves. </small><br />
(4) Monnaie ancienne du pays.
<small>(9) Il faut remarquer que le soulier islandais n'est autre chose qu'un carré de peau de phoque ou de peau de mouton reployé en deux, et soutenu sur le pied avec des courroies. Une jolie paire de souliers coûte 50 centimes. </small><br />
 
<small>(10) Le meilleur dictionnaire islandais que nous ayons est celui de Biorn, publié par Rink, 2 vol. in-4°. Copenhague, 1814. Il est encore très fautif et très incomplet. J'aurai occasion d'y revenir. </small><br />
(5) Je citerai, entre autres, la ''Sturlunga saga'', 4 vol. in-4°; les ''Annales d'Islande'', 3 vol. in-4°; les poésies de Groendal, 0lafssen, etc.
<small>(11) Il y avait autrefois en Islande un usage assez curieux. Les élèves, en se présentant à l'université de Copenhague, devaient avoir un certificat du recteur de l'école latine de Hoolum ou de Skalholt, attestant leur capacité. Si, par suite de leur premier examen, ils n'étaient pas reçus, on mettait le recteur à l'amende. </small><br />
 
<small> (12) En 1759, Frédéric V ordonna que chaque année deux élèves de Hoolum et de Skalholt viendraient, aux frais de l'état, finir leur éducation dans une université de Danemark. Cette ordonnance n'est plus en vigueur.</small><br />
(6) 0n pourrait citer beaucoup d'autres exemples de cet amour des Islandais pour la lecture. Les sagas rimées de Vidoë sont toujours imprimées en très grand nombre, et la douzième édition du recueil de sermons de Vidalin s'est vendue, il n'y a pas long-temps,
trois mille exemplaires.
 
(7) Voir la ''Revue des Deux Mondes'' du 15 septembre.
 
(8) 40 species (environ 240 francs) pour chacun. Le gouvernement danois paie pour vingt élèves.
 
(9) Il faut remarquer que le soulier islandais n'est autre chose qu'un carré de peau de phoque ou de peau de mouton reployé en deux, et soutenu sur le pied avec des courroies. Une jolie paire de souliers coûte 50 centimes.
 
(10) Le meilleur dictionnaire islandais que nous ayons est celui de Biorn, publié par Rink, 2 vol. in-4°. Copenhague, 1814. Il est encore très fautif et très incomplet. J'aurai occasion d'y revenir.
 
(11) Il y avait autrefois en Islande un usage assez curieux. Les élèves, en se présentant à l'université de Copenhague, devaient avoir un certificat du recteur de l'école latine de Hoolum ou de Skalholt, attestant leur capacité. Si, par suite de leur premier examen, ils n'étaient pas reçus, on mettait le recteur à l'amende.
 
(12) En 1759, Frédéric V ordonna que chaque année deux élèves de Hoolum et de Skalholt viendraient, aux frais de l'état, finir leur éducation dans une université de Danemark. Cette ordonnance n'est plus en vigueur.
 
 
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<small> (1) Ce mot se retrouve dans toutes les langues germaniques : allemand, ''sagen''; danois, ''sige''; suédois, ''saga''; hollandais, ''zeggen''; anglo-saxon, ''soeggan'' et ''seegan''; anglais, ''say''. Les Allemands emploient le mot ''sage'' dans le même sens que les Islandais. Les frères Grimm l'ont illustré par leurs ''Deutsche sagen''.</small><br />
 
<small> (2) Veiledning til det islandske Sprog, p. x.</small><br />
(1) Ce mot se retrouve dans toutes les langues germaniques : allemand, ''sagen''; danois, ''sige''; suédois, ''saga''; hollandais, ''zeggen''; anglo-saxon, ''soeggan'' et ''seegan''; anglais, ''say''. Les Allemands emploient le mot ''sage'' dans le même sens que les Islandais. Les frères Grimm l'ont illustré par leurs ''Deutsche sagen''.
<small>(3) On sait qu'il existe encore plusieurs analogies frappantes entre les anciennes coutumes du Nord et certaines coutumes de Normandie. Dans cette province, conquise par Rollon, c'était aussi l'usage autrefois de payer par un chant ou un récit l'hospitalité qu'on recevait. </small><br />
 
<small> Usaiges est en Normandie</small><br />
(2) Veiledning til det islandske Sprog, p. x.
<small > Que qui hébergié est, qu'il die </small><br />
 
<small> Fable ou chanson lie a son hoste.</small><br />
(3) On sait qu'il existe encore plusieurs analogies frappantes entre les anciennes coutumes du Nord et certaines coutumes de Normandie. Dans cette province, conquise par Rollon, c'était aussi l'usage autrefois de payer par un chant ou un récit l'hospitalité qu'on recevait.
<small> (Li dits du soucretain.)</small><br />
 
<small> (4) Chef de tribu, petit prince. Anglo-saxon, ''eorl''; anglais, ''earl''.</small><br />
Usaiges est en Normandie
<small> (5) La chronique de Danemarck, dit Saxo le grammairien, commence avec l'histoire des fils de Humble, Dan et Angel. C'est de cet Angel que vient le nom du peuple anglais. (Histoire de Danemarck, ch. I.)</small><br />
 
<small> Les Angles faisaient partie de la confédération saxonne; ils habitaient le district d'Angle (aujourd'hui duché de Sleswick). Hengist et Horsa, qui abordèrent en Angleterre vers l'an 449, étaient des Jutes, mais la plus grande partie des hommes de guerre qui les suivaient étaient des Angles. De là vint le nom ''d'Engla-land'', d'où l'on a fait par contraction ''England'' (Angleterre) (''Turner, History of the Anglo-Saxons''.)</small><br />
Que qui hébergié est, qu'il die
<small> (6) Hervarar saga. </small><br />
 
<small> (7) Hervarar saga.</small><br />
Fable ou chanson lie a son hoste.
<small>(8) Gisle Sursen saga. </small><br />
 
<small>(9) Sagan af Eigli innhenda ok Asmundi. </small><br />
(Li dits du soucretain.)
<small> (10) Nial saga.</small><br />
 
<small> (11) Nial sain.</small><br />
(4) Chef de tribu, petit prince. Anglo-saxon, ''eorl''; anglais, ''earl''.
<small> (12) « Il y avait autrefois, selon l'opinion du peuple, dit Saxo le grammairien, trois espèces de ''trolles'', qui, au moyen de la magie, produisaient toutes sortes de choses étranges. Les premiers étaient une sorte de monstres difformes que, dans l'antiquité, on appelait géans, et qui étaient beaucoup plus grands et plus forts que le peuple de nos jours. Les autres étaient bien au-dessous des géans pour la vigueur et la force; mais ils les surpassaient de beaucoup pour l'intelligence. Ils connaissaient les secrets de la nature, et pourraient prophétiser l'avenir. Après de longs combats, ces maîtres-sorçiers finirent par vaincre les géans, et non-seulement ils étendirent leur domination sur tout le pays, mais ils devinrent dieux. Les troisièmes étaient un mélange des deux premières races, mais ils ne pouvaient se comparer ni aux géans pour la puissance physique, ni aux seconds pour la science magique. » (''Histoire de Danemarck'', liv. I.)</small><br />
 
<small>(13) Tegner, évêque de Wexico en Suède, né dans la province de Wermland en 1782, auteur de plusieurs poèmes qui tous ont eu un grand succès. - Voyez la ''Revue des Deux Monde''s, tome 1er, seconde série. </small><br />
(5) La chronique de Danemarck, dit Saxo le grammairien, commence avec l'histoire des fils de Humble, Dan et Angel. C'est de cet Angel que vient le nom du peuple anglais. (Histoire de Danemarck, ch. I.)
<small> (14) ''Hon van srkifadr forn-sœgum. Enn allt milli skriptann voru lagdar ifir speingur af gulli ok settr steinum. Egils saga'', p. 698.</small><br />
 
<small> (15) Tous ces écrivains sont plus connus sous leur nom latinisé: Olaus Vormius, Torfœus, etc. Il en est de même de Magnussen, que l'on nomme presque toujours Arnas Magnœus.</small><br />
Les Angles faisaient partie de la confédération saxonne; ils habitaient le district d'Angle (aujourd'hui duché de Sleswick). Hengist et Horsa, qui abordèrent en Angleterre vers l'an 449, étaient des Jutes, mais la plus grande partie des hommes de guerre qui les suivaient étaient des Angles. De là vint le nom ''d'Engla-land'', d'où l'on a fait par contraction ''England'' (Angleterre) (''Turner, History of the Anglo-Saxons''.)
<small>(16) ''Saga bibliothek med Anmerkninger og indledende afhandlinger, vol. in-8°, Copenhague. </small><br />
 
(6) Hervarar saga.
 
(7) Hervarar saga.
 
(8) Gisle Sursen saga.
 
(9) Sagan af Eigli innhenda ok Asmundi.
 
(10) Nial saga.
 
(11) Nial sain.
 
(12) « Il y avait autrefois, selon l'opinion du peuple, dit Saxo le grammairien, trois espèces de ''trolles'', qui, au moyen de la magie, produisaient toutes sortes de choses étranges. Les premiers étaient une sorte de monstres difformes que, dans l'antiquité, on appelait géans, et qui étaient beaucoup plus grands et plus forts que le peuple de nos jours. Les autres étaient bien au-dessous des géans pour la vigueur et la force; mais ils les surpassaient de beaucoup pour l'intelligence. Ils connaissaient les secrets de la nature, et pourraient prophétiser l'avenir. Après de longs combats, ces maîtres-sorçiers finirent par vaincre les géans, et non-seulement ils étendirent leur domination sur tout le pays, mais ils devinrent dieux. Les troisièmes étaient un mélange des deux premières races, mais ils ne pouvaient se comparer ni aux géans pour la puissance physique, ni aux seconds pour la science magique. » (''Histoire de Danemarck'', liv. I.)
 
(13) Tegner, évêque de Wexico en Suède, né dans la province de Wermland en 1782, auteur de plusieurs poèmes qui tous ont eu un grand succès. - Voyez la ''Revue des Deux Monde''s, tome 1er, seconde série.
 
(14) ''Hon van srkifadr forn-sœgum. Enn allt milli skriptann voru lagdar ifir speingur af gulli ok settr steinum. Egils saga'', p. 698.
 
(15) Tous ces écrivains sont plus connus sous leur nom latinisé: Olaus Vormius, Torfœus, etc. Il en est de même de Magnussen, que l'on nomme presque toujours Arnas Magnœus.
 
(16) ''Saga bibliothek med Anmerkninger og indledende afhandlinger, vol. in-8°, Copenhague.
 
 
===V – Langue et littérature===
 
 
Les écrivains du nord, qui ont cherché à remonter aussi haut que possible dans les traditions primitives de leur pays, divisent en deux grandes familles la race gotho-caucasienne dont ils font provenir tant de peuples. La première se répand dans la Perse, la Chaldée, l'Inde, l'Egypte, et s'avance jusqu'au Thibet. Elle adore le soleil, elle se baigne dans le Gange, elle bâtit les pyramides. C'est la fille aînée de Sem, celle à qui sont échus en partage les rives fécondes du Nil et les jardins poétiques de Sacountala. Nous recourons à elle comme à notre soeur aînée. Son sphynx a des oracles que nous voudrions connaître. Ses védas renferment des trésors de sagesse que nous ne nous lassons pas de fouiller, et quand, à travers les siècles, son langage mystérieux nous arrive, ou par une inscription symbolique, ou par le chant du poète, notre esprit devient attentif, comme si elle allait nous révéler tous les secrets du passé et toutes les lois de l'avenir.
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La première de ces pièces est un chant patriotique composé par M. Thorarensen lorsqu'il étudiait à l'université de Copenhague. La seconde est une élégie de mort.
 
<poem>
 
Ma vieille et noble Islande, ô ma douce patrie,
 
Reine des monts glacés, tes fils te chériront,
 
Tant que la mer ceindra la grève et la prairie,
 
Tant que l'amour vivra dans une ame attendrie,
 
Tant qu'au soleil de mai nos champs reverdiront.
 
 
Du sein de Copenhague où pèse le nuage
 
Nous tournons nos regards vers le toit paternel.
 
Ne pourrons-nous bientôt revoir ton beau rivage?
 
Ici nous ne trouvons qu'un froid et faux langage,
 
Ou le bruit importun, ou le rire cruel.
 
 
L'aspect de ce pays sans montagnes nous lasse.
 
Souvent cet air épais, ce ciel lourd nous fait mal.
 
Même niveau partout, et partout où je passe
 
Je cherche vainement ce large et grand espace
 
Qu'on découvre aux sommets de notre sol natal.
 
 
Mieux vaut s'en retourner, mieux vaut revoir encore
 
La contrée où le vent est plus froid, mais plus pur;
 
Les champs couverts de neige éclairés par l'aurore,
 
Et les flots de cristal que le soleil colore,
 
Et les Ioekull brillans avec leur ciel d'azur.
 
 
Ma vieille et noble Islande, ô ma douce patrie,
 
Que le ciel te protège et te garde la paix!
 
Pour toi chacun de nous s'émeut, espère et prie.
 
Puisse le sort sourire à ta rive chérie,
 
Puisse un bonheur constant t'animer à jamais!
 
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Un jour je te disais : Si tu meurs la première,
 
Reviens me visiter. Mas tu ne croyais pas
 
Que je pusse arracher ton corps à la poussière,
 
Baiser tes yeux éteints, t'enlacer dans mes bras.
 
 
Je ne t'aimerais pas, ma douce fiancée,
 
Si mon amour devait s'arrêter au tombeau;
 
De ton front virginal la fraîcheur est passée,
 
Mais je revois toujours ton visage si beau.
 
 
L'air vital est éteint sur ta bouche riante,
 
Mais un souffle éternel est venu t'animer.
 
Et tu resteras jeune à jamais et charmante,
 
Comme aux jours où le monde apprenait à t'aimer.
 
 
Ne me délaisse point dans ce lieu monotone.
 
Je suis seul ici bas, songe à moi dans les cieux.
 
Lorsque dans nos rochers gémit le vent d’automne,
 
Oh ! reviens : montre-toi quelque soir à mes yeux.
 
 
Si la lune apparaît à travers le nuage,
 
Et si ta main me cherche et m'effleure en passant,
 
Je me réveillerai pour voir ta chaste image,
 
Pour entendre ta voix avec son doux accent.
 
 
Puis pose sur mon sein, pose ta tête blonde,
 
Et dans tes bras de neige, ô mon ange, prends-moi,
 
Enlève les liens qui m'attachent au monde,
 
Je voudrais être libre et partir avec toi.
 
 
Et traversant alors l'aurore boréale,
 
Loin des lieux où toujours je n'ai fait que gémir,
 
Sur ces nuages d'or teints de pourpre et d'opale
 
Nous irions tous les deux chanter, rêver, dormir.
</poem>
 
 
La poésie de M. Thorarensen ne ressemble guère à celle des anciens scaldes. Ce n'est plus l'âpre langage de ces hommes, qui, d'une main tenaient la harpe et de l'autre l'épée. C'est la voix d'une ame rêveuse et aimante qui a souvent caressé maint prestige et pleuré mainte déception. A voir ces vers islandais revêtus d'une teinte méridionale, on dirait que le génie poétique d'une autre contrée est allé s'asseoir auprès de l'homme du nord, et que l'hiver, dans le silence des nuits, celui de qui nous viennent ces stances mélancoliques a plus d'une fois prêté l'oreille aux chants d'amours de Lamartine, aux élégies rêvées près du golfe de Baya.
 
 
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<small> (1) Undersoegelse om det gamle nordiske sprog.</small><br />
<small> (2) Tunga kom med theim hingat er ver kollum norroena ok gekk su tunga um Saxland, Danmoerk, ok Svithiod, Noreg, ok um nokkurn hlute Einglands. - Ces hommes (les Ases) apportèrent avec eux la langue que nous appelons langue du nord, et elle se répandit en Saxe, en Danemark, en Suède, en Norwége, et dans quelques parties de l'Angleterre. Fornmanna soegur, tom.II, pag.412. Le même passage se trouve dans Rymbegla, troisième partie, ch. I.</small><br />
 
<small> (3) Ce mot signifiait à la fois langue du nord et langue norwégienne, mais on l'employait plus souvent dans la première acception.</small><br />
(2) Tunga kom med theim hingat er ver kollum norroena ok gekk su tunga um Saxland, Danmoerk, ok Svithiod, Noreg, ok um nokkurn hlute Einglands. - Ces hommes (les Ases) apportèrent avec eux la langue que nous appelons langue du nord, et elle se répan¬dit en Saxe, en Danemark, en Suède, en Norwége, et dans quelques parties de l'Angle¬terre. Fornmanna soegur, tom.II, pag.412. Le même passage se trouve dans Rymbegla, troisième partie, ch. I.
<small> (4) Je citerai, entre autres, le livre de Rask : ''Undersoegelse om det garnle islandske sprog'', l'un des meilleurs ouvrages philologiques qui aient paru dans les temps modernes.</small><br />
 
<small> (5) On a publié dernièrement en Allemagne un recueil de ballades finnoises avec le titre de ''Finnische Runen''.</small><br />
(3) Ce mot signifiait à la fois langue du nord et langue norwégienne, mais on l'employait plus souvent dans la première acception.
<small>(6) Runa-Thattr. </small><br />
 
<small> (7) Les Groenlandais ont encore de pareils amulettes, et croient qu'en employant de certaines manières quelques caractères de l'alphabet, ils peuvent faire mourir Torgarnsuk, leur esprit le plus puissant. V. Egede. ''Det gamle Groenlands nye Perlustration.</small><br />
(4) Je citerai, entre autres, le livre de Rask : ''Undersoegelse om det garnle islandske sprog'', l'un des meilleurs ouvrages philologiques qui aient paru dans les temps modernes.
<small>(8) Egilssaga, pag. 212. </small><br />
 
<small> (9) L'alphabet irlandais, qui se rapproche de l'alphabet islandais et anglo-saxon, n'a encore que dix-sept caractères. L'alphabet sténographique n'en a que seize. </small><br />
(5) On a publié dernièrement en Allemagne un recueil de ballades finnoises avec le titre de ''Finnische Runen''.
<small> (10) Les Danois prononcent encore, l'''y'' comme l'''u''.</small><br />
 
<small> (11) ''Det danske, norske og svenske sprogs historie of Petersen'', tom. I.</small><br />
(6) Runa-Thattr.
<small> (12) Periculum runologicum, 1 vol, in -8°. Copenhague, 1823,</small><br />
 
<small>(13) Herder, dans ses ''Volkslieder, a traduit plusieurs chants groenlandais, et M. Kier en a publié un recueil dans la langue originale : ''Illerkorsutit. Aarhaus, 1833. </small><br />
(7) Les Groenlandais ont encore de pareils amulettes, et croient qu'en employant de certaines manières quelques caractères de l'alphabet, ils peuvent faire mourir Torgarnsuk, leur esprit le plus puissant. V. Egede. ''Det gamle Groenlands nye Perlustration.
<small> (14) Nous parlerons plus en détail de Snorri, cet écrivain classique de l’Islande, dans un prochain article sur les deux Eddas.</small><br />
 
<small> (15) ''Rymbegla, sive rudimentum computi ecclesiastici'', 1 vol. in-4°. Copenhague, 1780.</small><br />
(8) Egilssaga, pag. 212.
<small> (16) Cette description du phoque a été reproduite dans un ouvrage français : ''Relation du Groenland''. Paris, 1647. L'autour cite le Miroir du Roi comme une autorité.</small><br />
 
<small> (17) ''Crymogoea, sive rerum islandicarum, libri tres. </small><br />
(9) L'alphabet irlandais, qui se rapproche de l'alphabet islandais et anglo-saxon, n'a encore que dix-sept caractères. L'alphabet sténographique n'en a que seize.
<small> Specimen Islandioe historicum'',</small><br />
 
<small>(18) ''Series Dynastorum et regum Danioe'', 1 vol, in-8°, 1702. On lui doit aussi : ''Historia rerum norvegicorum'', 4 vol. in-folio. 1711. ''Gronlandia antiqua'', etc., etc. </small><br />
(10) Les Danois prononcent encore, l'''y'' comme l'''u''.
<small>(19) ''Historia ecclesiastica Islandioe, 4 vol. in-4°. Copenhague, 1772. </small><br />
 
(11) ''Det danske, norske og svenske sprogs historie of Petersen'', tom. I.
 
(12) Periculum runologicum, 1 vol, in -8°. Copenhague, 1823,
 
(13) Herder, dans ses ''Volkslieder, a traduit plusieurs chants groenlandais, et M. Kier en a publié un recueil dans la langue originale : ''Illerkorsutit. Aarhaus, 1833.
 
(14) Nous parlerons plus en détail de Snorri, cet écrivain classique de l’Islande, dans un prochain article sur les deux Eddas.
 
(15) ''Rymbegla, sive rudimentum computi ecclesiastici'', 1 vol. in-4°. Copenhague, 1780.
 
(16) Cette description du phoque a été reproduite dans un ouvrage français : ''Relation du Groenland''. Paris, 1647. L'autour cite le Miroir du Roi comme une autorité.
 
(17) ''Crymogoea, sive rerum islandicarum, libri tres.
 
Specimen Islandioe historicum'',
 
(18) ''Series Dynastorum et regum Danioe'', 1 vol, in-8°, 1702. On lui doit aussi : ''Historia rerum norvegicorum'', 4 vol. in-folio. 1711. ''Gronlandia antiqua'', etc., etc.
 
(19) ''Historia ecclesiastica Islandioe, 4 vol. in-4°. Copenhague, 1772.
 
 
 
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Dès ce moment, l'histoire politique d'Islande a cessé d'être. L'Islande n'est plus qu'une province norwégienne qui accepte les ordonnances qu'on lui impose, qui, en 1387, se réunit au Danemarck, et qui attend chaque année du roi qui la gouverne son tarif de commerce et son règlement d'impôts. Mais il est une autre histoire de l'Islande à faire, c'est celle de tous les fléaux qui l'ont traversée sans relâche, de tous les volcans qui ont déchiré ses entrailles, de toutes les maladies qui ont décimé sa population. Celle-là est triste, et on la lit avec douleur dans ses montagnes inhabitées, au milieu de ses champs de lave. Voici ses éphémérides de quelques siècles. Où en trouverait-on de semblables?
 
:1300. Éruption de volcan.
:1306. Les glaces du Groenland entourent l'île, et tout périt par le froid.
 
:1308. Tremblement de terre.
1306. Les glaces du Groenland entourent l'île, et tout périt par le froid.
:1311. Éruption de volcan.
 
1308:1339. Tremblement de terre.- Éruption de volcan.
:1341. Éruption de volcan.
 
1311:1346. Éruption de volcan.
:1350. Éruption de volcan.
 
1339:1357. Tremblement de terre.- Éruption de volcan.
:1360. Éruption de volcan.
 
1341:1362. Éruption de volcan.
:1390. Éruption de volcan.
 
:1402. La peste noire qui enlève les deux tiers des habitans.
1346. Éruption de volcan.
:1419. Invasion des corsaires anglais qui pillent et ravagent le pays.
 
:1425. Nouvelle invasion non moins cruelle que la première.
1350. Éruption de volcan.
:1490. Épidémie.
 
1357:1582. Éruption de volcan.
:1583. Éruption de volcan.
 
:1616. Invasion des corsaires algériens.
1360. Éruption de volcan.
:1695. Glaces flottantes.
 
:1707. Épidémie qui enlève le quart de la population.
1362. Éruption de volcan.
:1716. Éruption de volcan.
 
1390:1717. Éruption de volcan.
:1720. Éruption de volcan.
 
:1753. Famine.
1402. La peste noire qui enlève les deux tiers des habitans.
:1755. Éruption de volcan.
 
:1766. Éruption de volcan.
1419. Invasion des corsaires anglais qui pillent et ravagent le pays.
:1783. Éruption de volcan. - Épidémie. - Famine.
 
1425. Nouvelle invasion non moins cruelle que la première.
 
1490. Épidémie.
 
1582. Éruption de volcan.
 
1583. Éruption de volcan.
 
1616. Invasion des corsaires algériens.
 
1695. Glaces flottantes.
 
1707. Épidémie qui enlève le quart de la population.
 
1716. Éruption de volcan.
 
1717. Éruption de volcan.
 
1720. Éruption de volcan.
 
1753. Famine.
 
1755. Éruption de volcan.
 
1766. Éruption de volcan.
 
1783. Éruption de volcan. - Épidémie. - Famine.
 
 
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<small>(1) Beda mourut en 735. Son livre: ''De natura rerum et ratione temporum'', fut imprimé à Cologne en 1537. </small><br />
<small>(2) Il n'est guère vraisemblable que cette Thulé, mentionnée par les auteurs anciens, soit l'Islande; mais comme les écrivains du nord ont souvent invoqué ce témoignage, nous ne pouvions le passer sous silence. </small><br />
<small>(3) Je me sers ici d'une expression consacrée par l'usage, tout en protestant contre un de ces abus de langage qui se représentent fréquemment parmi nous. Le mot ''oe'', placé à la fin de Fer, signifie ''île''. Ainsi, en disant les îles Ferœ, nous faisons le plus complet pléonasme qu'il soit possible d'imaginer. Il en est de même de Jersey et Guernesey: la particule ''ey'' est islandaise et signifie aussi île. </small><br />
<small> (4) Landnama bok.</small><br />
<small>(5) Landnama bok. </small><br />
<small> (6) Landnama bok.</small><br />
<small>(7) ''Saga d'Olaf Tryggvason'', tom. I. </small><br />
<small>(8) Ibid. </small><br />
<small>(9) Le texte islandais est plus expressif. « Hun svarar at hun vill eigi spilla meydomi sinum til thess at eiga thann konung er eigi hefir meira enn nokkur fylki til Forrada. » (''Saga d'Olaf Tryggvason'', tom. I.) </small><br />
<small>(10) Landnama bok, </small><br />
<small> (11) Landnama bok.</small><br />
<small>(12) On en a publié à Copenhague une belle édition en 2 vol. in-4°, avec la traduction latine, et il existe sur ce recueil un très bon commentaire de Schlegel. </small><br />
<small> <(13) Le mot ''vidfoerla'' signifie plus que voyageur. Il serait mieux rendu par le mot latin ''peregrinator''./small><br />
 
(1) Beda mourut en 735. Son livre: ''De natura rerum et ratione temporum'', fut imprimé à Cologne en 1537.
 
===VII - Mythologie===
(2) 11 n'est guère vraisemblable que cette Thulé, mentionnée par les auteurs anciens, soit l'Islande; mais comme les écrivains du nord ont souvent invoqué ce témoignage, nous ne pouvions le passer sous silence.
 
T. 9, 1837
(3) Je me sers ici d'une expression consacrée par l'usage, tout en protestant contre un de ces abus de langage qui se représentent fréquemment parmi nous. Le mot ''oe'', placé à la fin de Fer, signifie ''île''. Ainsi, en disant les îles Ferœ, nous faisons le plus complet pléonasme qu'il soit possible d'imaginer. Il en est de même de Jersey et Guernesey: la particule ''ey'' est islandaise et signifie aussi île.
 
(4) Landnama bok.
 
(5) Landnama bok.
 
(6) Landnama bok.
 
(7) ''Saga d'Olaf Tryggvason'', tom. I.
 
(8) Ibid.
 
(9) Le texte islandais est plus expressif. « Hun svarar at hun vill eigi spilla meydomi sinum til thess at eiga thann konung er eigi hefir meira enn nokkur fylki til Forrada. » (''Saga d'Olaf Tryggvason'', tom. I.)
 
(10) Landnama bok,
 
(11) Landnama bok.
 
(12) On en a publié à Copenhague une belle édition en 2 vol. in-4°, avec la traduction latine, et il existe sur ce recueil un très bon commentaire de Schlegel.
 
(13) Le mot ''vidfoerla'' signifie plus que voyageur. Il serait mieux rendu par le mot latin ''peregrinator''.
 
 
===VII - Mythologie===
 
XAVIER MARMIER